Un ex-guérillero vient défier Novartis à Berne
Fernando Gabeira, député écologiste brésilien, rencontre mardi à Berne des députés suisses. Cet ex-guérillero qui avait kidnappé l´ambassadeur de Suisse au Brésil s´attaque à Novartis, accusée de s´arroger des brevets sur des plantes amazoniennes.
Député Vert – le seul de sa formation élu au Congrès brésilien – Fernando Gabeira est un personnage dont la stature est peu banale, même dans le panorama latino-américain.
Guérillero arrêté à la suite de l’enlèvement auquel il avait participé en 1969 de l’ambassadeur des Etats-Unis à Rio, il avait été «échangé» parmi une soixantaine d’autres militants contre la libération de Giovanni Bucher, l’ambassadeur de Suisse kidnappé à son tour en décembre 1970 sous prétexte de complicité avec la dictature militaire alors au pouvoir.
Après des escales au Chili et à Cuba, Gabeira connaîtra l’exil en Suède et en Algérie, pour rentrer finalement au Brésil dans le sillage de l’amnistie de 1979.
Depuis, il n’a cessé de se battre, par la plume et la parole. Il est devenu en quelque sorte une figure de proue solitaire de causes diverses allant de la défense de l’Amazonie et de ses tribus aborigènes à la lutte contre l’emprise des multinationales au mépris des droits des plus démunis.
Fernando Gabeira est actuellement en croisade contre Novartis, accusée de s’arroger des brevets sur des plantes amazoniennes considérées comme richesse nationale.
S’il a troqué la violence des coups de main contre celle des coups de gueule afin de secouer les consciences, Fernando Gabeira illustre l’itinéraire parfois tortueux de nombre d’intellectuels latino-américains.
Entre idées libertaires et anarchisme aimablement tropical, ces intellectuels sont passés d’un anti-américanisme viscéral à une volonté de prise en compte de réalités moins romantiques, au nom d’idées souvent généreuses et pas toujours faciles à défendre dans un contexte de difficultés économiques récurrentes.
Jean-Claude Buhrer
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