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Un nouveau code mondial pour lutter contre le dopage

Dick Pound se retire alors que l'Agence mondiale antidopage a adopté un nouveau code. Keystone

A Madrid, la troisième conférence mondiale sur le dopage dans le sport a adopté la révision du texte destiné à lutter contre ce phénomène. Nouveauté principale: la flexibilité des sanctions.

Un expert suisse estime que la mise à jour des directives était nécessaire. Pour lui, l’expérience a montré que les règles en vigueur étaient trop rigides et que la prévention devait être renforcée.

Le nouveau code n’entrera en vigueur que le 1er janvier 2009 pour laisser le temps aux fédérations de le rendre applicable. Remplaçant le texte régissant la lutte antidopage depuis début 2004, il a été approuvé à l’unanimité moins une voix, celle de la Fédération internationale de football (FIFA).

Cette dernière était contre l’interdiction faite à tout sportif suspendu de participer aux entraînements avec son équipe. Mais son opposition n’a pas empêché les dirigeants de l’Agence mondiale antidopage (AMA) d’adopter la révision de son code mondial samedi au troisième et dernier jour de la conférence de Madrid.

«Personne ne pense que le code que nous avons adopté aujourd’hui est la note finale (apportée à la lutte antidopage), mais c’est une forte avancée», a déclaré Dick Pound, président de l’AMA depuis huit ans qui a aujourd’hui passé la main à l’Australien John Fahey.

Sanctions plus flexibles

Avant la conférence, le Comité international olympique (CIO), qui est l’un des soutiens financiers et politiques les plus importants de l’AMA, avait toutefois déploré que, contrairement à ce qui était prévu, l’agence laisse tomber l’idée de pratiquer des contrôles hors compétition. Le CIO avait également critiqué l’absence de mécanismes visant à contrôler la conformité au nouveau code.

Au chapitre des modifications, la plus importante est la flexibilité des sanctions: actuellement, une première infraction est punie d’une suspension normative de deux ans. A l’avenir, la suspension pourra être modulée de 0 à 4 ans, en fonction de circonstances atténuantes ou aggravantes et de la volonté ou non de tricher attribuée au sportif coupable de dopage.

Cette mesure permettra de punir l’utilisation de substances prohibées dont l’effet peut se prolonger sur plus de deux ans, certains stéroïdes par exemple.

Quant au principe de responsabilité objective, selon lequel tout sportif est responsable des substances retrouvées dans son corps, il perdure. Enfin les athlètes dopés qui aideront à en épingler d’autres ou qui pourront prouver qu’ils ont pris une substance illicite sans avoir eu l’intention d’améliorer leurs performances seront sanctionnés plus légèrement.

Trop rigide avant

Chef du service de prévention du dopage à l’Office fédéral du sport (OFSPO), Matthias Kamber fait partie de ceux qui estiment que l’ancien système de sanctions était trop rigide.

«Si, par exemple, un sportif prenait, par inadvertance, un médicament dont la composition pouvait poser problème, les sanctions étaient trop dures, explique-t-il. Par contre, dans les cas où la tricherie était avérée, les sanctions étaient trop faibles.»

En Suisse, le dopage n’est pas un problème plus saillant que dans les autres pays d’Europe de l’ouest. Dans 50% des cas où des substances illicites sont détectées, des traces de cannabis sont repérées. Récemment, l’ancienne championne du monde de tennis Martina Hingis a pour sa part été testée positive à la cocaïne à Wimbledon.

Vers un passeport sanguin

Pour traiter les cas de dopage, l’AMA a donc opté pour un volte-face en matière de répression, privilégiant d’autres approches. Celles-ci impliquent désormais d’améliorer et de développer la coopération avec la police et les autorités chargées des enquêtes afin d’identifier les fournisseurs.

«Nous avons besoin d’un système plus polyvalent pour combattre le dopage, souligne Matthias Kamber. Cela signifie qu’il ne faut pas seulement des contrôles, mais qu’il faut aussi agir dans les domaines de l’information, de l’éducation et de la recherche.»

«Nous devons aussi agir au sein d’un réseau international, car le sport est un phénomène global. Les athlètes se déplacent et nous avons besoin de pouvoir les localiser pour les tester», poursuit-il.

Au niveau de la recherche, le développement d’une carte de protéines pour les sportifs permettrait de détecter les changements que le dopage induit dans leur métabolisme. De son côté, l’Union cycliste internationale a déjà proposé la création d’un passeport sanguin international pour les cyclistes.

Autant de mesures qui ont un prix. A court d’argent, l’Agence mondiale antidopage étudie sérieusement la possibilité de faire appel à des sponsors.

Une idée qui ne convainc pas Matthias Kamber, puisque, comme il le souligne, les athlètes qui se dopent le font pour augmenter leurs gains, lesquels proviennent principalement du sponsoring. Il pense néanmoins que certaines coopérations sont possibles.

«Si l’on compare les sommes en jeu dans le sport et l’argent qui va à la lutte antidopage, le fossé est énorme, fait-il valoir. Les sponsors devraient s’impliquer davantage dans la recherche antidopage par exemple; mais donner à un sponsor un droit d’intervenir dans les activités de l’agence serait préjudiciable car elle perdrait alors son indépendance.»

swissinfo, Scott Capper
(Traduction et adaptation de l’anglais: Carole Wälti)

Outre l’adoption du nouveau code mondial, l’Agence mondiale antidopage s’est choisi un nouveau président en la personne de l’ancien ministre australien des Finances John Fahey.

Il succède à Dick Pound, malgré les tentatives européennes de bloquer la route à John Fahey et de reporter le scrutin.

Par ailleurs, le bureau principal de l’Agence mondiale antidopage (AMA) restera à Montréal au moins jusqu’en 2021, ont annoncé les autorités canadiennes.

Elles ont ainsi coupé court aux rumeurs récentes d’un déménagement à Lausanne. La capitale vaudoise s’était vu préférer Montréal de justesse lors d’un vote en 2001. Elle abrite néanmoins le siège de l’AMA, qui est à la base une fondation de droit suisse.

«Les Jeux Olympiques de Pékin seront un test pour l’avenir du sport», a souligné Adolf Ogi. Présent à la 3e Conférence mondiale contre le dopage de Madrid, l’ancien ministre suisse des Sports, qui est actuellement conseiller spécial de l’ONU pour le sport au service du développement et de la paix, a déclaré qu’il fallait impérativement «résoudre les problèmes de corruption, de sport et de dopage dans le sport.»

«Le dopage menace le cœur de notre société», a souligné Adolf Ogi. Il a plaidé pour que les ministères de la santé, de la formation, de la science et de la justice travaillent de concert sur le problème du dopage. Pour lui, il en va de l’amélioration de la lutte contre les réseaux criminels, de l’éducation à la performance propre et de la santé de la jeunesse.

Adolf Ogi a également plaidé pour que les contrôles antidopages soient indépendants, transparents et vérifiables.

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