Une vingtaine de morts à craindre dans l’enfer du Gothard
Le bilan s'est encore alourdi dans la nuit à 14 morts, mais l'on peut s'attendre à vingt victimes dans la catastrophe du Gothard.
C’est le plus grave accident dans un tunnel routier jamais enregistré en Suisse. Une vingtaine de personnes ont probablement péri mercredi dans le Gothard après la collision entre deux poids lourds. L’immense incendie n’est pas éteint. Le tunnel restera fermé plusieurs semaines.
A 9h44, un camion commence à zigzaguer à environ un kilomètre de la sortie sud du tunnel long de 17 km. En face, un autre camion chargé de pneus se dirigeant vers le Tessin tente sans succès d l’éviter, racontera plus tard aux médias son chauffeur rescapé. C’est la collision.
Le feu prend en quelques secondes. Le chauffeur, indemne, réussit à quitter la cabine et à alerter d’autres automobilistes qui peuvent sortir du tunnel avant que l’incendie ne se développe davantage. Selon certains témoignages, les automobilistes ne paniquent pas et commencent à rebrousser chemin vers le nord.
Fumée dense, noire et nocive
Mais une explosion a lieu. Le feu se nourrit des pneus et s’étend sur plus de 300 mètres. La fumée est dense, noire et nocive. La voûte s’écroule sur une centaine de mètres après l’explosion et recouvre entre 15 et 20 voitures, selon les estimations. Plusieurs victimes pourraient donc se trouver sous les décombres, a indiqué la police tessinoise.
Le bilan officiel était de 14 morts en soirée mais les secour uranais estimaient que 20 personnes au total pourraient avoir perdu la vie. Benno Bühlmann, chef de la cellule d’intervention en ca d’accident chimique du canton d’Uri, a indiqué en soirée à Göschenen que la poursuite de l’incendie empêchait les secours de se rendre dans la zone de l’accident, qui a mobilisé des centaines de personnes.
Après la collision, la fumée s’est dirigée au nord en raison de forts coups de vent, a expliqué M. Bühlman. Mais les galeries d’évacuation ont bien rempli leur rôle. Sans elles, le nombre de victimes aurait été bien plus important. Les secours uranais ont pu mettre 13 personnes à l’abri. Le chaos et la confusion ont régné sur les lieux de l’accident. Des véhicules ont fondu sous l’effet de la chaleur.
Airolo enfermée
Avant de laisser les secours intervenir, il a fallu s’assurer que le tunnel n’allait pas s’effondrer. Il faudra cependant encore des heures voire des jours pour que l’incendie soit maîtrisé, a expliqué Reto Habermacher, le commandant de la police cantonale d’Uri.
Côté tessinois, 28 personnes ont pu sortir du tunnel en voiture, 24 à pied. La population d’Airolo a été invitée par la police à rester chez elle et à fermer portes et fenêtres en raison de la fumée. Plusieurs personnes qui se trouvaient dans le tunnel ont été légèrement intoxiquées et ont dû être hospitalisées. Un pompier se trouvait parmi elles.
A l’intérieur du tunnel, une dizaine de pompiers resteront pied d’oeuvre toute la nuit. Ils sont protégés par un ventilateur pulsant un mélange d’air et d’eau pour rejeter les émanations vers le nord et abaisser la température, a indiqué le commandant des pompiers de Bellinzone, Bruno Winkler.
Moritz Leuenberger très touché
Convoquant la presse à Berne, le président de la Confédération Moritz Leuenberger s’est dit très touché et a assuré que le gouvernement allait tirer les conséquences de cet accident. Mai alors que le bilan des victimes était encore incertain, le ministre des transports a estimé que cette collision n’est pas comparable au drame du Mont-Blanc.
Les personnes n’ont pas été prises au piège par le feu, a-t-il dit. Beaucoup d’entre elles ont pu s’échapper par les issues de secours et la fumée a pu être aspirée par les ventilateurs.
Fermé durant des semaines
Le drame va entraîner la fermeture du tunnel «pendant plusieurs semaines», a déclaré au téléjournal Michel Egger, directeur adjoint de l’Office fédéral des routes (OFROU). Le trafic transalpin s’en ressentira, notamment au tunnel de San Bernardino. Toute l’après-midi, les véhicules roulant sur l’A13 avancaient au pas côté sud.
Cette accident relance la polémique sur le doublement du tunnel, réclamé depuis des années par le lobby routier. D’autant plus qu’en cas de fermeture prolongée de la galerie, les déviations se révèleront difficiles à pratiquer.
swissinfo avec les agences
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