«Vatican, une affaire d’Etat»
Dans son livre - enquête, l'ancien juge anti-mafia Ferdinando Imposimato rouvre le dossier des deux Gardes Suisses décédés le 4 mai 1998.
Selon lui, le commandant Alois Estermann – abattu par le caporal Cedric Tornay – aurait été un agent de la Stasi.
En fait, le magistrat italien – aujourd’hui à la retraite – n’est pas le premier à affirmer que l’ancien patron des Gardes Suisses était un agent des services secrets est-allemands.
En effet, avant lui, l’ex chef des services secrets de la Stasi Markus Wolf avait même précisé qu’il avait «recruté» le Suisse en 1979. Et qu’il était même fier de son coup.
Aujourd’hui, dans son livre, Ferdinando Imposimato ajoute qu’Alois Estermann avait été recruté alors qu’il était encore jeune étudiant.
Entré dans la Garde Suisse en 1980, ce dernier aurait été un «pion précieux» pour la Stasi dès «la phase préparatoire de l’attentat du 13 mai 1981» contre le pape.
Des micros dans les appartements du pape
Selon Ferdinando Imposimato, l’ancien commandant de la Garde pontificale aurait dissimulé des systèmes d’écoute au Vatican. Des micros avaient même été cachés dans les appartements privés de Jean Paul II.
D’ailleurs, rappelle l’auteur de «Vatican, une affaire d’Etat», Alois Estermann y avait accès en l’absence du pape.
Enfin, le juge publie une lettre datant de janvier 2002 venant de la caserne de la Garde pontificale et signée «Cédric, le petit prince», du prénom du caporal Tornay.
L’auteur de cette lettre anonyme affirme que le commandant Estermann savait «tout sur les sombres mystères» du Vatican. Et que le caporal Tornay ne s’est pas suicidé après son acte, mais qu’il a été abattu.
Le «black out» des autorités vaticanes
Certes, le magistrat Ferdinando Imposimato a une excellente réputation. Les nombreuses enquêtes qu’il a menées contre la Mafia sont d’ailleurs là pour le prouver.
Mais, dans le dossier Tornay-Estermann, les preuves manquent toujours cruellement. Et le silence absolu observé par le Vatican n’arrange pas les choses.
Les conclusions officielles de l’enquête s’en tiennent toujours au «suicide du Caporal Tornay après le double meurtre du commandant Estermann et de son épouse».
Un livre qui maintient le débat ouvert
Depuis 1998, le «black out» perdure. Les habitués des appartements pontificaux n’ont pas fait le moindre commentaire, pas même sur les cinq livres publiés sur cette affaire.
Selon un journaliste – qui a participé avec le juge Imposimato à un débat télévisé -, «de nombreux passage du livre sont dénués de tout fondement, tandis que d’autres contiennent des traces de vérité».
D’après ce même journaliste spécialisé dans les affaires vaticanes, le doute subsiste sur les liens tracés par le juge-écrivain entre les différentes bribes d’informations vérifiées et vérifiables.
Cela dit, précise-t-il, son livre a au moins «le mérite de maintenir le débat ouvert».
swissinfo/Georges Michel au Vatican
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