Xinjiang: l’ambassadeur suisse à Genève à une expo controversée
(Keystone-ATS) L’ambassadeur suisse à l’ONU à Genève Jürg Lauber est le seul représentant d’un pays occidental à avoir assisté au début d’une exposition controversée sur le Xinjiang, a appris Keystone-ATS. La Suisse, qui a critiqué Pékin à l’ONU, fait valoir son rôle d’Etat-hôte.
Depuis plusieurs semaines, la Chine multiplie les offensives diplomatiques à Genève pour tenter de désamorcer les attaques contre elle pour les violations des droits humains dans cette région. Déclarations communes avec ses alliés devant le Conseil des droits de l’homme ou conférence de presse de plus de deux heures d’une délégation du Xinjiang, plusieurs approches ont été menées.
Pas de quoi intimider près d’une dizaine de pays occidentaux qui ont déposé un projet de décision pour un débat sur cette situation devant l’instance onusienne en 2023. Celui-ci sera discuté dans une semaine.
La dernière tentative en date de la mission chinoise est une exposition nommée « le Xinjiang est une terre merveilleuse ». Lancée lundi à Genève, elle est prévue jusqu’à vendredi. La mission chinoise et le gouvernement régional affirment vouloir montrer par des photos « le vrai Xinjiang où tous les groupes ethniques sont en sécurité ».
Un discours qui tranche avec le récent rapport du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme qui parle de possibles crimes contre l’humanité contre les Ouïghours et d’autres minorités musulmanes. Selon la mission chinoise, plus de 70 personnes de plus de 30 pays ont participé à l’ouverture.
Ambassadeurs africains et russe
Or, selon des sources convergentes, M. Lauber était le seul ambassadeur occidental, aux côtés de ses homologues africains ou russe. Pour Berne, cette présence n’est pas contradictoire avec les critiques lancées à l’ONU contre la Chine sur la situation au Xinjiang. « En tant qu’Etat-hôte, la Suisse se doit de répondre positivement, dans les limites du possible, à toutes les invitations que les Etats envoient au chef de mission », a affirmé mercredi à Keystone-ATS une porte-parole du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) à Genève.
« La position suisse est claire. Elle a été communiquée à maintes reprises, aux autorités chinoises et publiquement », ajoute-t-elle. Malgré ses critiques et sa volonté d’un suivi après le rapport récent de l’ONU, Berne veut maintenir le dialogue avec Pékin. Il est important de conserver « des relations paisibles » entre diplomates suisses et d’autres pays, précise encore la porte-parole.
Plus d’un million au moins d’Ouïghours et de membres d’autres minorités musulmanes seraient retenus dans des camps d’internement. Selon l’ONU, les accusations de torture, de soins contraints, de violences sexuelles dans les centres de détention ou encore de contrôle forcé des naissances « semblent crédibles ». Et le Haut-Commissariat estime que ces violations sont largement répandues. Les autorités chinoises affirment de leur côté lutter contre le terrorisme dans cette région.