Zelensky veut « une réponse ferme » après le massacre de Kramatorsk
(Keystone-ATS) Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a demandé « une réponse mondiale ferme » après le bombardement vendredi d’une gare à Kramatorsk, dans l’est de l’Ukraine, qui a fait 52 morts. Les civils s’y étaient massés pour fuir la région par crainte d’une offensive russe.
‘ »C’est un autre crime de guerre de la Russie pour lequel chacun parmi ceux impliqués sera tenu responsable », a dit M. Zelensky dans un message vidéo, évoquant la frappe de missile. Cinq enfants figurent parmi les tués, selon un dernier bilan des autorités locales.
« Les puissances mondiales ont déjà condamné l’attaque de la Russie contre Kramatorsk. Nous attendons une réponse ferme mondiale à ce crime de guerre », a-t-il poursuivi. Le président américain Joe Biden a dénoncé une « horrible atrocité » commise par Moscou, alors que la diplomatie française parle d’un « crime contre l’humanité ».
Dénégations russes balayées
Moscou a démenti être responsable de la frappe, affirmant ne pas disposer du type de missile qui aurait été utilisé, avant de dénoncer une « provocation » ukrainienne. Un haut responsable américain du ministère de la défense a balayé les arguments des autorités russes. « Je note qu’initialement ils ont fait état d’une frappe réussie et qu’ils se sont rétractés uniquement après des informations sur des victimes civiles », a souligné ce responsable.
Le ministère russe de la défense avait en effet annoncé plus tôt vendredi que l’armée russe avait détruit avec des missiles de haute précision « des armements et d’autres équipements militaires dans les gares de Pokrovsk, Sloviansk et Barvinkove », des localités toutes situées non loin de Kramatorsk, la « capitale » de la partie du Donbass encore sous contrôle ukrainien.
Le missile s’est abattu vers 10h30, à l’heure où les candidats à l’évacuation se regroupent depuis des jours par centaines dans la gare de la ville pour fuir le Donbass, désormais objectif prioritaire de l’armée russe. Des journalistes de l’AFP ont vu au moins trente corps dans des sacs mortuaires ou sous des bâches. Les trottoirs étaient maculés de sang. Des valises abandonnées, des peluches et de la nourriture jonchaient les quais.
« Pour nos enfants »
Sur le parvis, les restes d’un missile étaient toujours visibles: on pouvait y lire en russe « Pour nos enfants ». Une expression récurrente des séparatistes prorusses en référence à leurs enfants tués depuis la première guerre du Donbass, commencée en 2014.
Arrivée vendredi en Ukraine pour une visite de soutien, accompagnée du chef de la diplomatie de l’UE Josep Borrell, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, a pour sa part dénoncé une « attaque méprisable ». Les deux se sont rendu à Boutcha, près de Kiev, ville-symbole des atrocités dont est accusée la Russie.
Des dizaines de cadavres portant des vêtements de civils, certains les mains liées dans le dos, ont été découverts dans cette localité distante de 30 km de la capitale ukrainienne, au début avril après le départ des forces russes.
« Je suis profondément convaincue que l’Ukraine va gagner cette guerre, que la démocratie va gagner cette guerre », a ensuite déclaré Mme von der Leyen à Kiev, lors d’une conférence de presse commune avec M. Zelensky.
Le chancelier autrichien, Karl Nehammer, doit se rendre également à Boutcha, samedi, ainsi qu’à Kiev.
Après avoir retiré ses troupes de la région de Kiev et du nord de l’Ukraine, la Russie a fait de la conquête totale du Donbass, dont une partie est contrôlée depuis 2014 par des séparatistes prorusses, sa priorité. Et en prévision d’une offensive massive, les autorités locales dans l’est de l’Ukraine s’efforcent de faire évacuer les civils.