Imitador é mestre da caricatura política
O humorista e imitador suíço Yann Lambiel é um especialista da caricatura, sobretudo de políticos, no teatro e no rádio.
Com vistas às eleições legislativas federais de 23 de outubro próximo, em entrevista à swissinfo.ch, ele diz que gosta de caricaturar os políticos, mas deixou de gostar de política.
L’ancien conseiller fédéral socialiste (PS/ gauche) Moritz Leuenberger, le député démocrate du centre (UDC/ droite conservatrice) Oskar Freysinger ou encore le syndic vert de Lausanne Daniel Brélaz, ils sont nombreux à passer à la moulinette satirique de l’humoriste romand Yann Lambiel. Imitateur qui se gausse avec brio des petits travers des politiciens, mais aussi de personnages qui appartiennent au monde de la chanson ou du sport.
En complément à ses spectacles (actuellement «Aux suivants !»), Yann Lambiel intervient depuis onze ans – via ses caricatures de personnalités suisses – dans l’émission satirique de la Radio suisse romande (RSR) «La Soupe». Une émission qui réunit plusieurs humoristes et accueille chaque dimanche un invité, généralement issu du monde politique.
swissinfo.ch: Spécialiste pour caricaturer les politiciens, que représente la politique pour vous?
Yann Lambiel: La politique, je ne m’y intéressais pas du tout avant de connaître Thierry Meury (humoriste suisse qui participe régulièrement à l’écriture des textes de l’imitateur et aussi à «La Soupe») au P’tit Music-Hohl, il y a une quinzaine d’années. Il m’a montré le côté satirique de la politique, je m’y suis alors un peu plus intéressé. Mais je préfère analyser la façon dont les personnes s’expriment. Et puis, dans ma position, je ne peux pas exprimer d’avis politique, car il faut que je tape sur tout le monde sinon je ne suis pas crédible.
Par contre, si je suis très critique envers les politiciens, je suis également admiratif. Car c’est dur d’amener des solutions. Ca prend tellement de temps pour faire passer une idée. Il existe des gens très bien, qui prennent des risques, comme Dick Marty (sénateur tessinois libéral-radical). C’est quelqu’un qui a un sacré courage. Mais je m’aperçois aussi qu’il y en a vraiment des tarés, je ne citerai pas de noms, mais on en a accueilli quelques uns à «La Soupe». Et il faut avouer qu’ils sont tous un peu du même bord politique. Ces personnes ont des idées bizarres. Ils font même peur dans l’œil.
swissinfo.ch: Etes-vous issu d’une famille politisée?
Y.L.: A Saxon (canton du Valais), il y avait trois fanfares de trois partis. Moi j’étais dans celle du Parti libéral-radical. Mon arrière grand-père, mon grand-père, mon père étaient déjà tous dans cette fanfare, mais plus pour la musique que pour le parti. D’ailleurs, je me suis rendu compte par la suite qu’il était mieux de puiser des éléments ça et là et de ne surtout pas appartenir à un parti.
swissinfo.ch: Avec «La Soupe» vous êtes depuis onze ans plongé dans le monde politique, comment percevez-vous l’évolution de cet univers?
Y.L.: Maintenant, les politiciens sont atteignables partout et ils sont amenés à se prononcer à n’importe quel moment sur n’importe quel sujet. Cela a changé la façon de s’exprimer et de se positionner. Car une fuite engendre désormais beaucoup plus de conséquences.
Aujourd’hui, le Conseil fédéral est également moins respecté, les appeler les sept sages paraît ridicule. Alors qu’au moment où nous avons démarré «La Soupe», on nous a interpellé pour savoir si nous avions demandé la permission aux conseillers fédéraux de se moquer d’eux.
swissinfo.ch: Qu’est-ce que vous attendez de ces prochaines élections fédérales?
Y.L.: Pas grand-chose. Plus on accueille des politiciens à «La Soupe», plus je me dis que la politique est régie par l’argent, le pouvoir et les lobbys. Pour les élections nationales, des partis ont 15 millions de budget et d’autres deux, il y a un truc qui ne joue pas. Le fait qu’on ne connaisse pas tous les lobbyistes, qu’on ne sache pas qui finance les partis, pour moi cela s’apparente à une énorme mafia en laquelle je ne peux pas avoir confiance. Tout le monde ne dit pas que des conneries, mais personne n’est vraiment tout blanc.
Je suis désabusé de la politique, car j’ai l’impression que c’est cyclique. J’essaie de voter pour les initiatives, les projets de lois, mais pour les élections c’est plus difficile, car il faut soutenir des gens. Et j’ai de la peine à prendre les politiciens au sérieux, j’aurais toujours tendance à aller chercher la faille. Mon boulot c’est de décrédibiliser les politiciens et de me moquer d’eux. Je vis avec tous ces clowns, alors c’est difficile de les prendre au sérieux.
swissinfo.ch: L’ancien conseiller fédéral Pascal Couchepin était votre personnage fétiche. Depuis qu’il s’est retiré de la scène politique en 2009, quels sont vos personnages favoris?
Y.L.: Je vais évidemment me tourner vers des personnalités extraverties qui parlent fort. Ce qui m’intéresse chez les personnages, c’est leur potentiel de caricature. A Genève par exemple, j’adore imiter Robert Kramer (conseiller d’Etat vert), il me fait vraiment rire, même si c’est un bon politicien.
J’aime aussi voir les politiciens en débat. Je trouve un parallèle entre mon métier et le leur. Tout est scénarisé, répété, avec des phrases types. (cf ci-contre: le sketch des bananes bleues)
swissinfo.ch: Comment réagissent les politiciens que vous caricaturez?
Y.L.: Au tout début, il y avait plus d’échos. A l’époque les conseillers fédéraux discutaient même entre eux de leurs imitations. Pascal Couchepin nous avait invité à Berne, avec Laurent Flutsch (archéologue et humoriste suisse qui participe régulièrement à l’écriture des textes de l’imitateur et aussi à «La Soupe»), Thierry Meury et Ivan Frésard (ancien animateur de «La Soupe»). C’était au début de son mandat, il ne comprenait pas pourquoi ces «petits cons» du dimanche se moquaient de lui. On est entré dans son impressionnant bureau et il nous a dit «si je comprends bien, le but de votre émission c’est de me faire passer pour un couillon». On n’a pu qu’agréer.
Aujourd’hui, j’ai pas beaucoup d’échos, mais généralement les politiciens sont plutôt flattés d’être imités. Un politicien, il aime qu’on parle de lui. A part peut-être Micheline Calmy-Rey (ministre socialiste des Affaires étrangères) qui ne comprend pas qu’on se moque de son travail et qui n’a pas d’autodérision. Ce qui est bizarre, car quand on n’a pas de recul sur soi, on ne donne pas autant de matière aux humoristes.
Naissance. Yann Lambiel est né en 1973 à Saxon, dans le canton du Valais. Passionné par la musique, il forme à 16 ans un groupe de bal. Parallèlement, il entreprend une formation d’installateur sanitaire.
Débuts. Il écrit son premier spectacle d’imitation avec la pianiste Sandrine Viglino (qui participe également à «La Soupe») en 1996. Une année après, il abandonne son métier d’installateur sanitaire et part vivre à Genève. Entre 1997 et 1999, il parcourt toute la Romandie avec son spectacle. En 1997, il gagne le concours du festival off de Morges-sous-Rire.
«La Soupe». En 2000, il entre dans l’équipe de «La Soupe», qui s’appelait auparavant «La Soupe est pleine», émission satirique de la Radio suisse romande. Il caricature notamment Pascal Couchepin, Ruth Dreifuss, Adolf Ogi. Il présente «Satires obligatoires », son premier spectacle satirique une année après. Il est co-écrit par ses collègues humoristes de «La Soupe», Laurent Flutsch et Thierry Meury, qui participeront également à l’écriture de ses prochains spectacles.
Spectacles. Après «Délit Suisse» en 2004, il crée «Patinage satirique» en 2007. En avril 2009, il reçoit le Prix suisse de la scène à Thoune. De 2009 à 2010, il participera également avec Thierry Meury à l’émission «Les Bouffons de la Confédération» diffusée sur les chaînes locales La Télé et Léman Bleu. Sur le modèle des Guignols de l’Info, l’émission présente les marionnettes des politiciens suisses.
Actuellement Yann Lambiel continue d’intervenir chaque dimanche dans «La Soupe» où il caricature toujours les politiciens suisses. Parallèlement, il joue son spectacle «Aux suivants !», créé au printemps 2010. Un show qui à déjà attiré des milliers de personnes dans toute la Suisse romande.
Adaptação: Claudinê Gonçalves
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