Aujourd’hui en Suisse
Chères lectrices, chers lecteurs,
Retour sur la nouvelle composition du gouvernement et la nomination d’Albert Rösti, président de la faîtière auto-suisse, à la tête du ministère de l’Environnement et de l’Énergie, qui suscite de vives réactions de la part des milieux écologistes.
L’essor des accords de compensation de carbone, l’entrée en vigueur de la réforme AVS, et l’histoire d’un vol insolite de livres vieux de 500 ans complètent ce résumé de l’actu du jour.
Bonne lecture,
Le département fédéral de l’Environnement et de l’Énergie passe des mains de la gauche à celles de la droite. Zoom sur les implications de ce changement.
Le nouveau conseiller fédéral Albert Rösti (UDC, droite conservatrice) a pris jeudi la tête du DETEC où il remplace Simonetta Sommaruga du Parti socialiste (PS, gauche). Mais le Bernois, ingénieur agronome de formation, est aussi à la tête d’auto-suisse et ancien président de Swissoil, deux faîtières qui défendent les énergies fossiles.
En tant que ministre de l’Environnement, Albert Rösti représentera la Suisse lors de la COP28 sur le climat de 2023. Sur les réseaux sociaux, les écologistes tirent la sonnette d’alarme. «Le baron du pétrole reprend le DETEC. Un cauchemar pour la protection du climat et de l’environnement», a réagi sur Twitter le parti écologiste de gauche, les Vert-e-s. Le mouvement Grève du climat en Suisse parle même de «honte». L’UDC rétorque que cette nomination met fin à «l’aveuglement en matière de politique énergétique, marqué par une idéologie gauche-verte totalement irresponsable».
Faut-il s’inquiéter pour le climat? Le magazine en ligne Heidi.news se penche sur la question. «Au DETEC, il ne pourra pas faire ce qu’il veut, mais il possède une belle marge de manœuvre pour diriger son département: il devient maître du temps, de l’agenda et du tempo de l’administration», écrivent deux journalistes. Même si Albert Rösti se dit favorable à une sortie des énergies fossiles, les recherches d’Heidi.news montrent que ses votes au Parlement et ses interactions avec la communauté scientifique racontent une autre histoire.
- «Avec Albert Rösti au DETEC, la Suisse vit un choc pétrolier»Lien externe (Heidi.news, abonnement)
- «Les votes anti-écologiques d’Albert Rösti en 2022»Lien externe (Heidi.news, abonnement)
- «Comment Albert Rösti et l’UDC sapent la parole des scientifiques»Lien externe (Heidi.news, abonnement)
- «Les milieux écologistes fustigent la nomination d’Albert Rösti au DETEC»Lien externe (Blick)
- «Albert Rösti: ‘Je partage absolument le but de sortir des énergies fossiles’»Lien externe (RTS)
La Suisse est pionnière des accords de compensation de carbone. Mais ceux-ci sont complexes et controversés.
Ils permettent à un pays (en général plutôt riche) de compenser ses émissions de CO2 en finançant des projets permettant la réduction des émissions dans un autre pays (en général pauvre). Les modalités de ces accords, bien qu’affinées lors de la COP26 sur le climat de 2021, ne font pas l’objet d’un consensus international.
Des spécialistes s’inquiètent que ces accords financent des projets qui auraient été réalisés même sans le soutien de pays riches. La Suisse a signé avec le Pérou en 2020 un pacte qui prévoyait le financement de fourneaux de cuisine dans des zones rurales afin de réduire la quantité de bois utilisée par ces populations.
Mais la technologie partagée dans le cadre de ce projet n’est pas assez innovante, selon David Knecht, de l’ONG Action de Carême. «Nous devrions nous assurer que ces projets offrent de réelles avancées technologiques aux pays hôtes, afin qu’ils bénéficient vraiment de ces transferts de technologie», estime-t-il.
Le manque de régulation de ces accords augmente le risque d’«écoblanchiment». Un danger particulièrement grand sur les marchés du carbone dits volontaires, auxquels recourt le secteur privé, avertit un expert.
- «La Suisse pionnière de la controversée compensation carbone» (Paula Dupraz-Dobias, swissinfo.ch)
Le Conseil fédéral, en séance ce vendredi, a fixé l’entrée en vigueur de la réforme de l’AVS au premier janvier 2025.
Les femmes nées en 1961 seront les premières à devoir travailler plus longtemps. Le peuple suisse avait accepté en septembre 2022 une réforme du premier pilier du système de retraite, qui prévoit une hausse de l’âge de la retraite à 65 ans pour les femmes. Cette hausse se fera en quatre étapes. Les premières femmes à devoir travailler une année complète supplémentaire seront celles nées en 1964.
Comprise dans le paquet de réformes, la hausse de la TVA de 7,7% à 8,1% se fera au premier janvier 2024. Le taux spécial pour l’hôtellerie augmentera de 3,7% à 3,8%, et le taux réduit pour les produits de première nécessité de 2,5% à 2,6%. La mesure devrait rapporter environ 1,4 milliard de francs par an à l’AVS.
Les relations Suisse-Union européenne étaient aussi au menu des discussions du Conseil fédéral. Selon un rapport sur les différentes options qui s’offrent à la Suisse depuis l’abandon par Berne des négociations sur l’accord-cadre, la voie bilatérale actuelle offre le meilleur «équilibre» entre indépendance helvétique et prospérité économique.
Le rapport fait suite au souhait du Parlement que le Conseil fédéral procède à une évaluation de la politique européenne. Le gouvernement l’a adopté sous réserve des résultats de la consultation des commissions de politique extérieure des deux Chambres.
Le canton de Fribourg va retrouver deux précieux livres anciens, volés il y a presque 50 ans. Histoire insolite.
L’un des deux ouvrages, vieux de 500 ans, pourrait valoir 500’000 francs. Mais selon Silvia Zehnder-Jörg, de la Bibliothèque cantonale de Fribourg, c’est surtout la valeur culturelle et historique de ces livres qui est importante.
Ils avaient été volés aux capucins de l’ordre franciscain à Fribourg dans les années 1970. Le voleur avait abusé de la confiance des moines en se faisant passer pour un expert du Vatican chargé d’inspecter la collection à Fribourg. Plusieurs livres ont alors été dérobés, mais leur absence n’a pas été remarquée avant le début des années 2000.
Les recherches commencent et c’est finalement aux États-Unis que la trace des deux livres est retrouvée. Mais il faut prouver que ce sont bien les bons livres. L’ambassade suisse de Washington entre alors en jeu et avec la collaboration des autorités américaines identifie clairement les exemplaires.
Le cas est exceptionnel. «Normalement, les pays riches sont impliqués dans un vol d’œuvres d’art en tant qu’auteurs. Mais dans ce cas, la Suisse a été la victime», déclare l’ambassadeur de Suisse aux États-Unis Jacques Pitteloud.
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