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Conflits de couples: nos neurones apprécient la médiation

La médiation par un tiers a un impact significatif et positif sur la façon dont les couples se disputent, et ce tant au niveau comportemental que neuronal. selon cette étude (photo symbolique). KEYSTONE/LUIS BERG sda-ats

(Keystone-ATS) La médiation par un tiers a généralement des effets positifs sur l’issue des disputes de couple. Elle est aussi associée à une activité accrue dans des régions clés du cerveau appartenant au circuit de la récompense, comme le montre une étude genevoise.

C’est la première fois qu’une étude contrôlée et randomisée parvient à démontrer les avantages d’une médiation dans le cas de conflits de couples et à en identifier une signature biologique, a indiqué mercredi l’Université de Genève (UNIGE) dans un communiqué.

L’équipe d’Olga Klimecki, au Centre interfacultaire en sciences affectives, a enrôlé 36 couples hétérosexuels, monogames et ensemble depuis au moins un an. Avant de venir dans les locaux de l’UNIGE, les participants ont dû cocher, parmi une liste de 15 sujets standards (beaux-parents, sexualité, finances, tâches ménagères, temps passé ensemble, etc), lesquels alimentent le plus souvent des conflits.

“Nous les avons ensuite invités à lancer une discussion sur un de ces thèmes. Certains en ont choisi un coché par les deux partenaires. D’autres ont préféré partir sur un sujet considéré comme conflictuel par l’un mais pas par l’autre. Ça marche tout aussi bien, voire mieux”, précise Halima Rafi, doctorante et première auteure de l’article, citée dans le communiqué.

Conflit programmé

“En général, les dix premières minutes sont un peu embarrassantes mais ensuite les choses s’enchaînent avec un naturel impressionnant et débouchent immanquablement sur un conflit”, ajoute la chercheuse.

La séance, qui dure une heure, est suivie par un médiateur professionnel. Dans la moitié des cas, il intervient dans la dispute. Dans l’autre, il reste parfaitement passif.

Avant et après le conflit, les participants ont dû remplir un questionnaire comportemental visant à mesurer leur état affectif, Ils ont également passé dans un appareil d’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) qui mesurait l’activité de leur cerveau lorsqu’ils étaient confrontés aux images de leur partenaire romantique ou à celles d’une personne inconnue.

Désactivation générale

Les données provenant des questionnaires indiquent que les couples ayant bénéficié de la médiation active sont plus aptes à résoudre les conflits, plus satisfaits du contenu et du déroulement de la discussion et ont moins de désaccords résiduels.

“Quant aux résultats de neuroimagerie, ceux effectués avant le conflit reproduisent des études précédentes sur l’amour romantique, montrant un schéma d’activation dans des régions du cerveau comme le striatum et le cortex orbitofrontal”, poursuit Halima Rafi.

“Après le conflit, nous avons observé assez logiquement une désactivation générale chez les deux groupes dans les régions associées à l’amour romantique, y compris le striatum”, note la spécialiste.

Mais en comparant les couples ayant bénéficié d’une médiation active avec ceux qui en ont été privés, les chercheuses ont découvert que les premiers ont tendance à avoir, après le conflit, une plus grande activation dans le noyau accumbens. Il s’agit d’une région clé dans le circuit de la récompense du cerveau.

Signature biologique

Par ailleurs, les participants qui se sentent le plus satisfaits après la résolution du conflit sont aussi celles et ceux chez qui l’activation du noyau accumbens est la plus importante lorsqu’ils contemplent leur partenaire romantique par rapport à une personne inconnue, selon ces travaux publiés dans la revue Cortex.

“Nos résultats suggèrent, pour la première fois, que la médiation par un tiers a un impact significatif et positif sur la façon dont les couples se disputent, et ce tant au niveau comportemental que neuronal”, souligne Olga Klimecki.

“Cette signature biologique de l’amour romantique est très intéressante car elle ne peut pas être manipulée comme pourrait l’être une réponse à un questionnaire. Nous aimerions maintenant poursuivre les recherches et voir, par exemple, si l’on peut mesurer des effets similaires dans des conflits d’une autre nature et ne concernant pas forcément l’amour”, conclut Mme Klimecki.

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