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Le retour à la vie sera long en Asie du Sud

Keystone

La reconstruction des zones dévastées par le raz de marée du mois dernier devrait prendre des années, selon le responsable de l’aide d’urgence suisse.

Toni Frisch se trouve en tournée d’inspection en Indonésie, dans la province d’Aceh, dans le nord. Il a fait part de ses constations à swissinfo.

Quelque 80 experts suisses en aide humanitaire sont à pied d’œuvre dans les régions dévastées par le séisme sous-marin du 26 décembre au large de Sumatra.

Le tsunami a effacé des villes et des villages entiers sur les côtes de plusieurs pays, dont la Thaïlande, le Sri Lanka et l’Indonésie, causant la mort de plus de 156’000 personnes.

La plus grande partie du crédit de 27 millions de francs alloué par le gouvernement helvétique aux victimes du désastre a déjà été attribuée à plusieurs projets.

Toni Frisch, chef du Corps suisse d’aide humanitaire (CSA), est responsable de la planification et de la réalisation des projets helvétiques dans la région.

swissinfo: La Suisse a déjà proposé des projets comme la reconstruction d’un village en Thaïlande et d’écoles au Sri Lanka. Cela a été très vite?

Toni Frisch: Nous avons un bureau de coordination en Thaïlande comme au Sri Lanka. Dans ce dernier pays, surtout dans le nord, nous sommes présents depuis les années 80 et avons déjà réalisé des programmes de reconstruction d’hôpitaux, de dispensaires et d’écoles. Il est donc évident que nous allons maintenant développer des projets analogues dans le sud.

Il fallait commencer le travail le plus vite possible et nous avons donc dû prendre une décision rapidement.

swissinfo: Et en Indonésie? Prévoyez-vous là aussi des reconstructions ou la priorité reste-t-elle à l’aide humanitaire?

T. F.: C’est peut-être un peu tôt pour le dire mais il est absolument certain qu’il faut reconstruire des ponts, des routes et des systèmes de communication. Les logements sont une autre priorité.

Mais avant tout, nous devons continuer à fournir de l’aide sous forme de médicaments, de tentes, de matériel pour construire des abris et, surtout, d’eau. Ces opérations se poursuivront dans les jours, les semaines et les mois à venir.

swissinfo: Cet effort constitue un gigantesque défi logistique. Pensez-vous que les différents pays présents sur le terrain travaillent ensemble où est-ce impossible?

T. F.: C’est impossible dans le sens où aucun pays ne peut avoir été préparé à affronter une catastrophe de cette ampleur.

D’autre part, je suis impressionné par la manière dont les choses se passent au Sri Lanka et ici, en Indonésie. Les Nations Unies, la Croix-Rouge, les organisations non gouvernementales (ONG) coopèrent très bien.

Mais il est clair qu’une catastrophe de cette dimension provoque du chaos. Je ne critique personne, mais c’est un énorme défi.

swissinfo: Les énormes sommes d’argent récolté sont un autre défi. N’est-il pas plus facile de récolter des fonds que de garantir leur bon usage?

T. F.: C’est vrai et nous travaillons en étroite collaboration avec les ONG suisses pour ce faire.

Mais les besoins sont multiples, à court terme comme à moyen et long terme. Et ces fonds vont aussi couvrir les programmes de reconstruction, qui prendront au moins, deux, trois, voire cinq ans ou plus.

swissinfo: Comparé aux autres désastres auxquels vous avez eu affaire, quelle est votre impression aujourd’hui en Asie du Sud?

T. F.: Nous avons mené des opérations dans toutes sortes de crises, où il a fallu déployer des équipes en quelques heures. Nous avons donc l’habitude de réagir vite.

Mais c’est la première fois que dix pays sont touchés en même temps, et envoyer des équipes le même jour dans cinq pays différents est très nouveau, pas seulement pour nous mais pour tout le monde. Cela n’était jamais arrivé dans l’histoire de l’aide humanitaire.

swissinfo: Quel est le moment qui vous a le plus marqué lors de votre visite?

T. F.: Au Sri Lanka, je cherchais un sac en plastique pour y mettre quelque chose que je voulais ramener. Un homme est venu vers moi et m’a donné le sac qu’il avait en main. Il m’a dit qu’il avait tout perdu, sa mère, son père et sa sœur et qu’il était seul au monde.

Nous ne nous étions jamais rencontrés auparavant et je ne le reverrai sans doute jamais, mais, pendant dix minutes, nous avons parlé comme deux amis. Ce genre de moment est très particulier.

Interview swissinfo: Ramsey Zarifeh
(Traduction de l’anglais: Isabelle Eichenberger)

Parmi ses projets de reconstruction, la Suisse prévoit de reconstruire un village de pêcheurs en Thaïlande.
Au Sri Lanka, l’agence suisse de coopération, la DDC, prévoit de construire des écoles et de réparer les systèmes de distribution d’eau potable.
En Indonésie, les organisations humanitaires luttent encore pour acheminer l’aide d’urgence à des milliers de sans-abris.

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