2008, encore un tout grand festival !
Stars qui n'ont plus rien à prouver mais qui le prouvent quand même, révélations qui vous éclatent en pleine figure, beaucoup de soleil et quelques gouttes de pluie: une fois de plus, Paléo a comblé une semaine durant ses 225'000 spectateurs.
Il ne doit pas être facile d’être Daniel Rossellat le dernier jour du festival vers le milieu de l’après-midi. Comment dire encore une fois à la presse que tout s’est bien passé, que la musique était bonne, le public ravi et les caisses pleines ?
Pour cette 33e édition, le boss de Paléo parle simplement de «festival de tous les sens». Sens en éveil et sens comblés comme il se doit.
Tout a commencé dans l’énergie et la bonne humeur, avec les déferlantes scandinaves de The Hives et I’m from Barcelona et l’hystérie néo-punk de BB Brunes. Sur toutes les scènes ensuite, ce ne furent que concerts fédérateurs, découvertes musicales et instants de grâce.
Justice a transformé la Plaine de l’Asse en dance floor géant et Manu Chao a déporté pendant plus de deux heures 30’000 personnes au firmament. Pour ne rien dire de Massive Attack, de Ben Harper ni de R.E.M., tous des pointures, tous des fidèles de Paléo.
Très attendu, Mika, la star qui ne se prend pas (encore) trop au sérieux et son carnaval pour petits et grands ont réconcilié les générations. Sur la Grande Scène également, les Lausannois K et Favez ont fait la stimulante expérience de voir 20’000 paires de bras se lever, ce qui a été pour le premier nommé rien moins que «le plus beau jour de sa vie».
La classe
Parmi les instants de grâce, on retiendra notamment les mots tellement justes de Grand Corps Malade (qui s’entourent de plus en plus de musique, et de belle musique), la classe du magnifique Alain Bashung (chapeau !), la déroutante sensibilité de Mayra Andrade au Village du Monde et les deux concerts explosifs de la chanteuse Nneka.
Sans oublier les révélations à suivre de très près ces prochaines années, comme Seun Kuti (fils du grand Fela), Patrick Watson, The Kissaway Trail ou encore Solange la Frange, un groupe suisse qui a conquis non seulement son public, mais également les professionnels du spectacle qui viennent «faire leur marché» au Paléo.
Nouveautés bienvenues
Deux nouvelles scènes pour cette 33e édition. Ou plus exactement deux scènes relookées: le chapiteau FMR du camping qui passe dans l’enceinte payante et se rebaptise Le Détour et la zone des arts du cirque et de la rue qui devient La Ruche, un vrai village, dont la déco semble sortie d’un film de Tim Burton.
Près de 8000 personnes s’y sont rendues chaque jour, tandis que le Détour n’a pas désempli et a permis de voir à quel point la scène musicale locale et riche, diverse, inventive et dynamique.
Sans oublier la R-310, l’échafaudage géant des futurs ingénieurs de la HES-SO Genève, qui permettait de s’élever à 10 mètres au-dessus du terrain pour en voir l’ensemble d’un seul coup d’œil. Chaque jour, quelque 30’000 personnes ont gravi ses rampes en pente douce, ce qui veut dire que pratiquement chaque spectateur y est allé.
Quant au Village du Monde, il confirme son statut d’incontournable festival dans le festival. Cette année, il était dédié au Brésil, avec ce que cela suppose de chaleur et d’exubérance musicale.
On a également pu y faire ses expériences à un stand servant des insectes grillés… et plus sérieusement, soutenir la reforestation de l’Amazonie en achetant simplement un t-shirt. Et l’année prochaine, le village arborera les couleurs de l’Inde.
Marc-André Miserez, Nyon, swissinfo.ch
Paléo, c’est une ville de 45’000 habitants qui pousse sur le terrain de l’Asse, en bordure de l’autoroute, au nord de Nyon, entre Lausanne et Genève. En réalité. On devrait dire «les» terrains, car les 84 hectares du site (parking compris) se répartissent sur les territoires de cinq communes et appartiennent à 12 propriétaires différents.
Le festival accueille chaque soir 35’000 spectateurs payants, auxquels il faut ajouter quelque 9’000 porteurs de badges (staff, bénévoles, sponsors et artistes) et quelques centaines, voire quelque milliers d’enfants de moins de 12 ans, qui ne paient pas d’entrée. Ils peuvent suivre durant les six jours quelque 120 spectacles, sur six scènes différentes.
L’édition 2008 a tourné sur un budget de 19,7 millions de francs, alimenté à 50% par la vente des billets, à 34% par les recettes des stands et à 16% par les sponsors. Le festival ne touche aucune subvention.
Paléo, c’est encore 7’500 campeurs, 3’956 collaborateurs bénévoles et 52 collaborateurs salariés à l’année, 193 stands, et une moyenne d’âge de 28 ans pour les festivaliers, dont la moitié ont moins de 25 ans et près de la moitié également vient désormais en transports publics.
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