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Des milliers d’ouvrages et de vidéos sur la danse

Jean-Pierre Pastori, sans qui les Archives suisses de la danse n’auraient pas existé. swissinfo.ch

Fidèle à sa réputation de pôle de l'art du mouvement, Lausanne accueille les Archives suisses de la danse.

Ce centre de documentation est né de la passion d’un homme voilà dix ans. Mais sa survie n’est pas sans poser de problèmes.

Une passion certaine, pas mal de ténacité et un travail de documentation averti ont mené à la création des Archives suisses de la danse (ASD).

Celui qui en a donné l’impulsion, c’est Jean-Pierre Pastori, historien de la danse, journaliste et homme de télévision lausannois.

«Il y avait un réel besoin! s’exclame-t-il. Pourquoi n’y a-t-il pas plus d’intérêt pour la danse? C’est que les gens n’y connaissent strictement rien. Les grands noms ne leur disent rien, ils ne peuvent les situer dans le temps.»

Contrairement à la culture musicale qui est traditionnelle en Suisse, notre culture de la danse se fonde sur des connaissances éparses, acquises au fil des spectacles qu’on peut voir.

Dix ans déjà

A l’origine des ASD, il y a les archives personnelles de Jean-Pierre Pastori. Pour alimenter son travail d’historien et de critique, a dû parcourir le monde à la recherche de documentation.

Ses investigations l’ont mené jusqu’à New York, à la Dance Collection du Lincoln Center, à l’Opéra de Paris, en Allemagne ou même en Suède.

Riche d’une multitude de documents, il a alors considéré créer un centre de documentation. C’était en 1993.

«Avec l’ancien maire de Lausanne, Paul-René Martin, nous avons donc commencé petit avec très peu», se souvient-il.

C’est-à-dire, «sans argent et sans locaux. Mais je visais ceux que le Musée des arts décoratifs devait quitter.»

L’obstination a payé. Ils ont obtenu cet espace pour accueuillir les Archives suisses de la danse. La Municipalité le met gratuitement à leur disposition.

Livres, magasines et vidéos

L’ASD regorge d’une foultitude de livres, de programmes datant pour certains du début du siècle, de photos ou d’affiches consacrés à la danse. A quoi s’ajoute une collection considérable de témoignages sonores et vidéos.

La star lausannoise d’adoption, Maurice Béjart, y occupe bien évidemment une place de choix. L’ADS accueille d’ailleurs la plus importante collection consacrée au danseur et chorégraphe.

Elle contient notamment toutes les coupures de presse le concernant. La Fondation Béjart leur a également remis les photos des spectacles, les programmes et divers documents qui s’ajoutent à ceux que Jean-Pierre Pastori possédait déjà.

La collection Alain Bernard

Une partie des ouvrages qui constituent les Archives provient de dons. Le lègue du chorégraphe bernois Alain Bernard, le plus fabuleux, recense près de 4’000 ouvrages et vidéos.

Et il faut encore compter avec nombre d’objets liés à la danse. Ca va de sacs en papier imprimés par la Migros, la plus grosse chaîne de supermarchés suisses, aux sachets de sucre à l’effigie d’un festival de danse.

Ou encore des costumes ou une bouteille de parfum arborant un portrait de danseuse.

Alain Bernard avait établi un pacte successoral avec les Archives. A la condition que l’institution établisse un catalogue de ses ouvrages.

La transmission d’une partie du lègue a toutefois été précipitée l’an dernier par le départ en Pologne du chorégraphe, où il n’a pu tout déménager.

A la mort du danseur bernois, les ASD hériteront encore de sa collection d’art, composée de sculptures, dessins et gravures.

La chasse aux subventions

Il n’empêche que les ASD vivotent. Les subventions, communales et cantonales, sont extrêmement faibles, bien que constantes. Son budget, très modeste est de l’ordre de 40’000 francs suisses.

Ce qui implique une bonne part de bénévolat de la plupart des gens qui y travaillent.

Reste encore à convaincre la Confédération qui jusqu’à présent ne les a aidés que ponctuellement. Alors qu’il s’agit d’un centre de documentation suisse, qui rassemble aussi des livres en allemands.

Jean-Pierre Pastori espère que la nouvelle loi sur la culture ainsi que les bons contacts qu’il entretient avec l’Office fédéral de la culture vont permettre un soutien régulier à l’avenir.

Catalogue en deux langues

Comme il se doit, le catalogue des ASD est disponible sur Internet. Il vient d’ailleurs d’être traduit en allemand.

La prochaine étape sera de mettre l’entier du catalogue de la collection Alain Bernard également sur Internet.

Jean-Pierre Pastori aimerait aussi pouvoir consacrer un peu plus de temps à la revue «Mémoria», dont chaque numéro est consacré à un danseur ou chorégraphe suisse.

swissinfo, Anne Rubin

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