Il faut se méfier des blondes… et des autres!
«Ces femmes qui tuent sauvagement», c’est le titre d’un ouvrage sanglant publié par les éditions genevoises «Scènes de crimes».
Un petit éditeur installé à Vésenaz, qui a opté pour la violence, l’hémoglobine et le label ‘histoires vraies’!
La réalité dépasse largement la fiction… Jamais, dans le roman policier le plus meurtrier, je n’avais trouvé crimes aussi sanglants à défaut d’être parfaits.
J’aurais bien fait de me méfier. L’éditeur s’affichait en gros caractères: «Scènes de crimes» et le titre de l’ouvrage que j’avais en main me le répétait: «Ces femmes qui tuent sauvagement». L’avertissement était clair. J’étais prévenu! Définitivement.
Un lecteur averti, dit-on, en vaut au moins deux, si ce n’est un tas d’autres. Mais, à la lecture de cet ouvrage, je me suis senti finalement très seul. Les femmes que je découvrais, dans ce volume, m’ont plongé dans un univers inimaginable pour l’homme amoureux d’elles que je suis resté, malgré les années enfuies, évaporées dans la grande besace du temps perdu.
Toutes, ont commis des crimes sauvages et violents. À se demander si ces histoires sont réellement vraies, tant elles sont insoutenables, ou si elles sortent tout droit du cerveau de plumitifs complètement déglingués du côté de la toiture. Pourtant, le maître de l’ouvrage, Mike James, nous assure qu’il s’agit de cas de crimes bien réels.
«On aime les livres»
Derrière les éditions «Scènes de crimes», on trouve le couple Dany et Steven Goldstein, installés à Vésenaz, près de Genève. Ils reçoivent dans un cadre quasi champêtre. Ils sont souriants, amicaux, et solaires. De braves gens, se dit-on en les rencontrant… À se demander d’où leur est venue l’idée diabolique de cette collection si particulière.
«Nous sommes éditeurs depuis 1989. Dany est de formation paramédicale. Moi, je viens de la pub et du commerce international. Auparavant, j’avais aussi travaillé à Europe 1», répond Steven Goldstein. «L’édition? C’est parce qu’on aime les livres».
Et de préciser leur démarche: «’Scènes de crimes’ est un ancien projet qui nous tenait à cœur: les humains ont un côté obscur et fascinant. En parler crûment, comme cela se fait dans les pays anglo-saxons, nous paraissait plus juste, plus vrai. Nous ne publions pas simplement des faits divers, mais des histoires complètes. Ceci pour essayer de comprendre comment, parfois, des personnes peuvent arriver à se comporter comme ne le feraient pas des bêtes dites sauvages.»
Goules, démones, veuves noires et Cie
Dans «Ces femmes qui tuent sauvagement», les auteurs nous racontent par le menu les histoires de dix-huit femmes criminelles. Sans conteste, ces affaires doivent représenter ce qu’il y a de plus gratiné au rayon des horreurs ordinaires. Il y a du sang et de l’épouvante à toutes les pages. Cela dégouline et macule l’esprit.
Le volume commence par l’histoire d’une belle femme d’origine égyptienne. Elle est affublée du doux prénom de ‘Omaima’ et du patronyme historique et mélodieux de ‘Nelson’.
Elle va tuer son mari américain, brutal, violeur, et alcoolique, pour lequel il est difficile d’éprouver de la compassion. Poussée à bout, elle l’assomme avec une lampe de chevet, avant de le dépecer. Finalement, avec les morceaux de son époux, elle fait un barbecue et s’en régale. Elle avouera à l’inspecteur Popovitch que «c’était comme au restaurant »…
Arsenic, flingues, couteaux, et vieilles rancunes
La suite est à l’avenant. Que des femmes tueuses, impitoyables et sanguinaires. Aussi implacables et féroces les unes que les autres. Pas une qui ne paraisse moins cruelle ou moins folle, moins déchaînée que ses consœurs.
Sans qu’on puisse expliquer leurs comportements assassins, elles enlèvent et tuent des hommes, des femmes, selon les cas. Elles le font apparemment sans raison autre qu’une pulsion meurtrière due à la rancœur ou la vengeance.
Elles manient le poison ou les armes à feu, les engins contondants ou coupants, comme personne. Implacables furies, elles torturent, elles flinguent, elles poignardent, elles assomment, elles étouffent, elles empoisonnent et découpent, à crime que veux-tu! De vraies foldingues féroces et sanglantes.
En lisant ces relations (probablement tirées de procès-verbaux d’enquêtes policières et journalistiques), un sentiment d’irréalité, puis d’incompréhension, nous envahit inexorablement.
On éprouve de l’épouvante, de l’angoisse, à toutes les pages. On ne parvient même plus à se demander pourquoi, elle en sont arrivées à de pareilles extrémités. Et pourtant, «les lecteurs visés sont les personnes qui cherchent à comprendre les mécanismes qui conduisent à ces déviations, à ces perversions», affirme l’éditeur.
Vraiment?
swissinfo, Rolf Kesselring
«Ces femmes qui tuent sauvagement» dirigé par Mike James, traduction de Marguerite Guittard (268 pages).
Éditions Scènes de Crimes, 6, rue de Compois – 1222 Vésenaz (Suisse)
Trois titres publiés: Ces femmes qui tuent sauvagement – Les crimes cannibales – Les Légistes enquêtent
À venir: Les Couples sanglants – Fans jusqu’à tuer
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