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La cause de la 5e Suisse avance

Micheline Calmy-Rey face au Congrès. Philipp Zinniker (ASO)

Ciel (presque) sans nuages pour l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE). A son Congrès de St Gall, elle a pu entendre une ministre des Affaires étrangères résolue à faire progresser la cause de la 5e Suisse.

Changement de décor samedi pour les Suisses de l’étranger. Après le Conseil en la salle du parlement cantonal, au cœur de l’ancien couvent de St Gall, dominé par la masse imposante et pourtant légère de la rutilante cathédrale baroque, c’est une halle de foire de l’OLMA qui accueille les quelques centaines de délégués du Congrès.

Point d’orgue de la journée: l’allocution de la ministre des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey, venue dire aux Suisses de l’étranger à quel point ils comptent pour elle et pour la patrie

Et de saluer cette 5e Suisse «qui témoigne de notre culture et de nos valeurs au-delà de nos frontières», cette 5e Suisse «constitutive de bien des tissus économiques», par l’intermédiaire des chambres de commerce et des entreprises, cette 5e Suisse «dont l’expertise représente une plus-value locale, mise au bénéfice de la Suisse lors du retour au pays de ses détenteurs».

C’est à cette 5e Suisse que le gouvernement veut désormais consacrer une loi spécifique. Le gouvernement qui soutient également l’idée de faire élire le Conseil des Suisses de l’étranger par les citoyens, ce qui lui donnerait aux yeux de Micheline Calmy-Rey une meilleure légitimité.

Alors, climat au beau fixe ? L’OSE en tout cas a connu des jours plus moroses – au début des fermetures de consulats par exemple. Et son président ne peut que se réjouir de cette évolution. «Nous ne sommes pas seulement sur la défensive, pour défendre des acquis, mais nous sommes vraiment en train de proposer des choses et il nous semble qu’un nouveau dialogue s’est noué avec le ministère», note Jacques-Simon Eggly.

Les sujets qui fâchent

Reste que certaines vieilles querelles ne sont pas mortes. Et à l’heure des questions, on reparle des fermetures de consulats – les deux prochaines annoncées sont Düsseldorf et Gênes.

Ici, la ministre ne peut que répéter ce qu’elle a déjà dit dans son discours: chacune de ces fermetures est une décision difficile, mais malgré cela, le réseau s’étend néanmoins, avec des nouvelles représentation dans les pays émergants. Partout ailleurs, on s’efforce de nommer des consuls honoraires, les guichets en ligne se développent et le ministère teste ou imagine des solutions innovantes, comme les consulats mobiles en Afrique du Sud durant la Coupe du Monde de football, ou la collaboration avec d’autres Etats pour la collecte des données biométriques.

Autre sujet qui fâche: le financement par la Confédération de la Revue Suisse et de swissinfo.ch (pour moitié, le solde étant à la charge du diffuseur national SRG SSR). «Elle a évité d’en parler. Bon, ben voilà…», relève, philosophe Jacques-Simon Eggly, préférant insister sur «une certaine évolution» qu’il a notée chez Micheline Calmy-Rey à l’égard de l’OSE.

La Revue Suisse et swissinfo

Sous le titre «quels canaux d’information pour une représentation efficace», un des ateliers du Congrès réunit justement Sabine Silberstein, Suissesse de Singapour et membre du Conseil, Richard Bauer, qui fut notamment correspondant du quotidien zurichois NZZ aux Etats-Unis et Peter Schibli, directeur de swissinfo.

Ce dernier dresse un tableau des médias en Suisse, qui n’échappent pas aux évolutions constatées ailleurs: le public se détourne du payant pour le gratuit et le papier recule face à l’écran. Traditionnels ou électroniques, les médias tendent à privilégier les nouvelles d’agence, le people, le fait divers et le sport au détriment de l’analyse, du reportage et des sujets habituellement jugés «sérieux».

Conséquences: érosion de la qualité, baisse de la confiance du public dans les médias, et au final, danger pour la démocratie.

Dans ce contexte, la Revue Suisse et swissinfo.ch, les deux médias spécifiquement destinés aux Suisses de l’étranger, font tout pour maintenir une qualité journalistique «à l’ancienne». Et leur rôles sont complémentaires. Alors que la première paraît tous les trois mois, la seconde peut livrer de l’actualité quasiment en temps réel.

«Je ne suis pas forcément très optimiste quant à l’avenir de la Revue Suisse en tant que magazine sur papier, avoue Richard Bauer qui en préside le conseil du public. Mais ce qu’elle contient doit être maintenu. Et peut-être à l’avenir, faudra-t-il payer pour la qualité, comme cela a été le cas par le passé».

Aux réactions de la salle, on voit que le public reste très attaché à sa revue, qui fait d’ailleurs l’objet d’une lutte incessante de l’OSE pour la ramener à six parutions annuelles. Mais déjà, ceux qui ont l’habitude de consommer de l’information sur internet connaissent l’édition en ligne, plus rapide, plus économique (plus écologique aussi).

Calmer le jeu

C’est le cas de Sabine Silberstein. A Singapour, les médias ne sont pas un modèle d’indépendance, et ceux qui veulent une autre information vont la chercher sur internet.

«Après la votation sur les minarets, j’ai remercié le ciel d’avoir swissinfo.ch pour calmer le jeu», se rappelle l’expatriée. La ville-état compte 15% de musulmans et ils sont des centaines de millions en Indonésie et en Malaisie voisines.

Le sujet y a donc été particulièrement chaud. «A une époque, je donnais l’adresse de swissinfo.ch cinq fois par jour à des personnes qui me demandaient des explications sur ce vote des Suisses», se souvient Sabine Silberstein.

Marc-André Miserez, swissinfo.ch à St Gall

Selon les chiffres donnés au Congrès par la ministre des Affaires étrangères Micheline Calmy-Rey.

684’974 Suisses étaient immatriculés auprès des représentations diplomatiques à l’étranger en 2009, contre 580’396 en l’an 2000

130’017 d’entre eux étaient inscrits dans les registres électoraux suisses en 2009, contre 124’399 en 2008.

16 millions. C’est le nombre de voyages à l’étranger accomplis chaque année par les Suisses.

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