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Le suisse-allemand au service des «Ch’tis»

pathé films

«Willkommen bei den Sch'tis», le «Megahit aus Frankreich» vient de sortir sur les écrans alémaniques. Comment traduire ce qui fait le sel de l'original? Avec des mots de dialecte alémanique. Certaines trouvailles fonctionnent, d'autres moins...

Le succès surprise et phénoménal de «Bienvenue chez les Ch’tis», le film de Dany Boon, devait-il rester confiné aux pays francophones? Un tel gâteau – plus de 20 millions d’entrées fin juin – à l’heure où les cinémas se battent pour conserver leur public, ne pouvait laisser le reste du monde indifférent.

Le distributeur du film en Suisse Pathé Films a donc décidé de lancer un traducteur sur les traces du ch’timi. «C’est une des traductions les plus difficiles que l’on ait faites, explique Sylvia Gantenbein, responsable de l’administration. Heureusement, les parentés avec les dialectes suisses nous ont aidés à trouver des solutions.»

Car c’est en piochant dans les dialectes suisses que le traducteur a tenté de rendre les particularités du Nord-Pas-de-Calais. Mais le résultat (en sous-titres, car il n’y a que rarement des versions synchronisées en Suisse alémanique) ne convainc qu’à moitié.

«Seine» – «Schweine»

Certaines trouvailles de traduction font mouche, d’autres nettement moins. Bien vu pour les «chiens» au lieu des «siens»: c’est «Schweine» (cochons) qui traduit «chiens» et qui est aussi très proches du pronom possessif «seine». Fidélité de traduction, non, mais fidélité à l’esprit du texte.

Bien vu pour aussi pour «Biloute», où le traducteur utilise «Zipfeli» qui évoque aussi, en suisse-allemand, le petit nom du sexe masculin. Pour «babache», il y a «gwaggli», mot plutôt affectueux que l’on lance à quelqu’un qui a fait une petite bêtise. Pour «braire», le traducteur a utilisé «grännä», pleurer, en bernois. Quant au «vin’dious», il devient «gopfriedstutz».

Problème: ces mots ou expressions sont parfois vieillots (l’injure citée ci-dessus) ou connus dans certaines régions et pas ailleurs. Du reste, les différents dialectes alémaniques peuvent-ils être assimilés au ch’timi?

Si oui (mais la question reste posée), il aurait alors fallu emboîter des phrases entières de suisse-allemand dans les dialogues, par exemple quand le personnage de Line Renaud intervient, et pas seulement des mots ou des expressions.

Tout ce qui est perdu…

Mais l’impossibilité à rendre vraiment la particularité, le charme et les gags de langage est surtout causée par la perte des petits changements du ch’timi par rapport au français. La traduction allemande garde par exemple les genres corrects là où le piccard inverse le masculin et le féminin.

Elle dit aussi «kleiner Kaffee» pour «tcho café» (transcription non garantie…). Certaines phrases difficilement compréhensibles dans la V.O. sont rendues en allemand standard.

Le résultat hier, n’a pas eu l’heur de plaire à une des premières spectatrices, bilingue qui plus est. «Le suisse-allemand, ça ne marche pas», lâche-t-elle, déçue, affirmant avoir un peu comparé le texte dit et le texte parlé.

«Et ce mépris du sud pour le nord, que je connais car mon mari, qui vient du sud, m’en a parlé, n’évoque strictement rien ici.» La cinéphile est sans pitié: «Je dirai à mes amis de ne pas aller voir.» Les critiques parues dans les journaux, en revanche, étaient plutôt positives.

swissinfo, Ariane Gigon, Zurich

Le film de l’humoriste Dani Boon est sorti fin février 2008 en France, en Belgique, en Suisse et au Luxembourg.

Jusqu’à fin juin, il a comptabilisé plus de 20 millions d’entrées en France, dépassant «La Grande Vadrouille» et talonnant désormais «Titanic», les deux plus grand succès cinématographiques de tous les temps dans le pays. En Suisse, 350’000 personnes l’ont vu (au 22 mai 2008).

En anglais, le titre donné pour le marché du film au Festival de Cannes 2008 était «Welcome to the Sticks».

Le budget était de 11 millions d’euros. Il aurait déjà généré plus de 100 millions d’euros de recettes.

Le film est sorti en Grande-Bretagne début avril, mais il n’a pas fait de vagues.

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