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Locarno rend hommage à l’histoire du cinéma

Alain Delon et Annie Girardot dans «Rocco et ses frères», de Luchino Visconti (1960). cinetext

Il n’y aura peut-être pas de tapis rouge, mais il ne manquera pas d’un soupçon de glamour au Festival du film de Locarno. De nombreuses stars sont attendues: Alain Delon, Charlotte Rampling, Ornella Muti ou Harry Belafonte. Le cinéma suisse est aussi à l'honneur.

Petites et grandes étoiles, films d’auteur et documentaires expérimentaux s’imbriquent dans une trame «exigeante et généreuse» qu’Olivier Père a su tisser à l’occasion du 65e Festival international du film de Locarno.

Pour sa troisième édition en tant que directeur artistique, Olivier Père a une nouvelle fois mis l’accent sur un cinéma de qualité et un soupçon de glamour, des ingrédients qui ont su contenter à la fois les cinéphiles et le grand public ces dernières années. «Le festival est un laboratoire d’idées, un lieu de découverte, mais aussi un hommage au cinéma, à son histoire et à ceux qui y ont contribué», explique-t-il à swissinfo.ch.

Cela est démontré par la présence de l’acteur et réalisateur français Alain Delon qui recevra à Locarno le Life Achievement Award pour l’ensemble de sa longue carrière artistique. Ou l’hommage à Otto Preminger, maître hollywoodien d’origine européenne, à qui est dédié la traditionnelle rétrospective, véritable carte de visite de la manifestation.

Pluie d’étoiles

Comme l’année dernière, le cinéma américain est à l’honneur sur la Piazza grande, avec des personnalités du calibre de Steven Soderbergh (Magic Mike) et de Jonathan Dayton qui, avec Valerie Faris, présente Ruby Sparks en première internationale. C’est l’Anglais Nick Love qui ouvrira le bal avec The Sweeney, un long-métrage basé sur une série télévisée policière en vogue en Grande-Bretagne dans les années 1960.

Cette année, la présence des Etats-Unis marque aussi la section du concours international, avec les œuvres de jeunes réalisateurs indépendants. Mais parmi les 19 films en compétition, dont 13 premières mondiales, figurent également des célébrités du cinéma international comme le Portugais João Pedro Rodrigues, pour la première fois en lice à Locarno avec A última vez que vi Macau, et le Français Jean-Claude Brisseau avec La fille de nulle part.

Après les hommages attribués par le passé à des artistes tels que Ken Loach, Jean-Luc Godard et Alain Tanner, le Léopard d’honneur va cette année au réalisateur français Leos Carax dont le dernier film, Holy Motors, a obtenu un grand succès auprès du public et de la critique au Festival de Cannes. Sera également présente à Locarno Charlotte Rampling, qui interpréta Lucia dans Portier de nuit en 1974 et à qui est dédié l’Excellence Award.

Cinéma suisse

Cette année encore, le cinéma suisse est présent en force au Festival de Locarno avec 37 films dans plusieurs catégories. Mais contrairement aux précédentes éditions, ce sont cette fois les réalisateurs alémaniques qui tiendront le haut du pavé.

On retrouve en lice pour le Léopard d’or deux documentaires, un genre dans lequel la Suisse excelle et dans lequel «elle s’est taillé une place de plus en plus importante dans la création artistique», comme l’a souligné Olivier Père. The End of Time, de Peter Mettler, est un film poétique sur la notion de temps, alors que Image Problem, premier film de Simon Bauman et d’Andreas Pfiffner, est un documentaire humoristique grâce à ses rebondissements surprenants.

Markus Imhoof aura l’honneur de clore le festival sur la Piazza grande avec son dernier documentaire intitulé More than Money. Présenté en première mondiale, il porte en lui un message écologique très fort et, selon les termes du directeur artistique, il est destiné à conquérir un public international. Deux autres productions suisses seront présentes sur la Piazza grande: Nachtlärm de Christophe Schaub et Das Missen-Massaker, un hommage de Michael Steiner à Dario Argento.

La Suisse italienne sera représentée par Niccolò Castelli avec Tutti giù – qui voit notamment la participation de la skieuse Lara Gut – et Alice Riva qui présente Il Vulcano dans la section des Léopards de demain.

Regard sur le passé

Parmi les nouveautés de cette 65e édition, on trouve la section consacrée à l’évolution du septième art et baptisée Histoire(s) du cinéma, en référence au chef-d’œuvre de Jean-Luc Godard. Une cinquantaine de films restaurés, suisses et internationaux, seront projetés durant les dix jours du festival.

A signaler, en particulier, le Léopard attribué pour l’ensemble de leur carrière au réalisateur et producteur chinois Johnnie To, auteur notamment de Life without Principle et Election, au musicien et acteur Harry Belafone, ainsi qu’au réalisateur polonais Krzysztof Zanussi.

Le festival rend en outre hommage au cinéma italien avec Ornella Muti, Renato Pozzetto et le réalisateur Dino Riso.

L’Italie absente

A part pour cet hommage historique, l’Italie n’est représentée que dans le cadre du concours international avec le film d’Edoardo Gabbriellini, Padroni di casa, qui voit notamment la participation d’Elio Germano, Valerio Mastrandrea, Gianni Morandi, et Valeria Bruni Tedeschi.

Un choix imposé? «Locarno n’est pas une priorité pour le cinéma italien, admet Olivier Père. C’est une histoire d’amour tourmentée entre deux voisins de palier et compliquée encore par la présence du Festival de Venise. Nous avons moins de peine à avoir des films américains ou japonais qu’italiens…»

Cette année donc, les passionnés du cinéma italien devront se contenter de regarder vers le passé et, qui sait peut-être, de croiser le regard troublant d’Ornella Muti ou le sourire moqueur de Renato Pozzetto dans les rues de Locarno.

En collaboration avec la Cinémathèque suisse et la Cinémathèque française, le Festival de Locarno consacre cette année un vaste rétrospective au maître hollywoodien d’origine européenne Otto Preminger (1905 – 1986).

Une quarantaine de films en 35 mm seront présentés du 1er au 11 août.

Comme pour les rétrospectives consacrées à Ernst Lubitsch (2010) et à Vincente Minnelli (2011), les projections seront accompagnées de présentations de cinéastes, d’acteurs et de critiques cinématographiques présents à Locarno.

On trouve parmi les invités de la manifestation le chanteur et acteur américain Harry Belafonte (Carmen Jones, 1954), le compositeur Paul Glass (Bunny Lake a disparu, 1965) et l’actrice française Mylène Demongeot (Bonjour tristesse, 1958), qui parlera de son travail avec Otto Preminger.

En collaboration avec la Direction du développement et de la coopération (DDC), la section Open Doors vise à faire connaître les réalisateurs et producteurs des pays du Sud et de l’Est ainsi que le cinéma indépendant.

Cette initiative met chaque année l’accent sur une autre région: ce sera cette fois le tour de l’Afrique noire francophone.

Plusieurs personnalités du monde du cinéma africain ont confirmé leur présence à Locarno. Parmi elles, les réalisateurs burkinabés Idrissa Ouédraogo et Gaston Kaboré.

(Traduction de l’italien: Olivier Pauchard)

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