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Orélie Fuchs, rêver à tout prix

Parmi les personnages d’Orélie Fuchs… un âne. Cathy Karatchian - 2003

Forte de sa jeunesse, l'auteur neuchâteloise crée à Genève «L'acteur dit...»

C’est sa première pièce qu’elle met en scène pour le festival de la Bâtie. Portrait.

Vingt cinq ans. A cet âge-là, on ne sait pas si on est mûr. Mais au fond, qu’est-ce que la maturité? Question que l’on ne peut s’empêcher de poser à Orélie Fuchs, jeune auteur dramatique à la voix chevrotante, prise, comme ses joues rougies, par l’émotion de devoir défendre «L’acteur dit…». Une pièce qu’elle a écrite et qu’elle monte pour le festival de La Bâtie, à Genève.

Ce n’est pas peu que d’être invitée à présenter son premier spectacle dans le cadre du plus important festival pluridisciplinaire romand. Cela peut vous couronner de lauriers comme d’épines. Vous ouvrir toutes les portes ou vous les fermer.

Orélie Fuchs le sait. Mais une inconscience de jeunesse semble la protéger de toute angoisse et de toute crainte. «Je ne sais pas si je suis mûre, lâche-t-elle dans un sourire. J’espère d’ailleurs ne l’être jamais, car alors j’arrêterai d’exercer le métier d’artiste».

Orélie Fuchs est sculptrice. Neuchâteloise, elle a débarqué à Genève il y a cinq ans pour y faire ses études à l’Ecole supérieure des Beaux-Arts. C’est là qu’elle s’est exercée (involontairement) à l’écriture «en inscrivant, comme elle dit, des textes dans l’espace».

Pour son diplôme de fin d’études, elle avait ainsi écrit dans l’épaisseur des murs de l’Ecole un texte de son cru que l’on pouvait lire à partir de la fin en grimpant les escaliers, du premier au quatrième étage. Le tout restait donc à reconstruire dans la tête du lecteur.

Originale démarche qui annonçait déjà son écriture éclatée, pratiquée dans «L’acteur dit…», pièce qui procède par flashs. Flashs de paroles prélevées non pas dans le tissu de la vie, mais dans le maelström des sensations.

«Le concret m’assomme»

C’est ce qu’avoue Orélie Fuchs, qui préfère rêver. Rêver en créant le vertige, en creusant la distance entre le physique d’une personne et ce qu’elle dit.

«Dans la pièce, poursuit l’auteur, je ne raconte pas une histoire; je n’aime pas ça. Peut être qu’un jour je le ferai. Mais pour l’instant, ce qui m’intéresse, c’est essayer de montrer ce qui se passe au-delà de la réalité. Tout ce qui advient dans l’existence sans qu’on puisse le formuler».

«L’acteur dit…» est donc une partition pour quatre personnages confrontés à leur imaginaire. Soit trois adultes, un enfant et… un âne. Oui, un âne nécessaire selon Fuchs, parce que capable de nous donner la juste mesure des choses.

«Face aux comédiens, il reste dépourvu d’artificialité. Les phénomènes de la vie nous échappent. Les animaux et la nature nous remettent en place», conclut l’auteur sur un ton allègre.

swissinfo, Ghania Adamo

«L’acteur dit…», Festival de la Bâtie, Genève. Au T/50. Du 3 au 12 septembre. Tel: 022 738 19 19.

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