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Sardou en question

SP

Le chanteur français sera de passage à Morges et à Neuchâtel pour y donner six représentations de «L'homme en question», de Félicien Marceau. Sardou ou l'appel des planches.

Michel Sardou est à mille lieues de l’image communément admise de «l’artiste». Avec sa coupe sage, ses costards sérieux et son air dur, il pourrait tout aussi bien être ministre des finances ou cadre supérieur dans une boîte de consulting. Et le succès inébranlable qui est le sien, depuis maintenant 32 ans, n’a pu qu’alimenter au fil des décennies son profil de gestionnaire. Et pourtant.

«A la maison j’ai vécu tant de choses
Qui ont peint mon enfance moitié gris moitié rose
J’imitais mes parents mes idoles
Jouant avec l’accent des héros de Pagnol»

écrivait Michel Sardou dans «J’ai chanté», en 1973. Chez les Sardou, à Marseille, le métier de saltimbanque se pratique depuis le milieu du 19ème siècle. Papa se prénomme Fernand, maman Jackie (Rollin). Michel, trimballé de théâtre en théâtre au gré des tournées parentales, est indéniablement «tombé dedans quand il était petit».

En filigrane, l’acteur

Michel Sardou a tâté de la chanson dès 1965, sans succès d’ailleurs jusqu’en 1970. Mais auparavant, il avait déjà fait un peu de figuration au cinéma, d’abord aux côtés de son père, dans «Le chômeur de Clochemerle» (1953) et «4 jours à Paris» (1955), puis dans «Paris brûle-t-il?» de René Clément (1965).

La chanson le détournera ensuite du cinéma. Mais il y reviendra ultérieurement, sans pour autant marquer profondément les annales du 7e Art: «L’été de nos quinze ans» de Marcel Jullian (1982), «Cross» de Philippe Setbon (1986), «Promotion canapé» de Didier Kaminka (1990), «L’Irlandaise», téléfilm de José Giovanni (1993).

Le virage théâtral

Milieu des années 90. Michel Sardou est un homme qui a réussi une incroyable carrière de chanteur, et qui pourrait fort bien désormais se contenter de mesurer l’épaisseur des liasses que lui rapportent ses royalties et autres droits d’auteur. Mais voilà. En 1996, il s’offre un vrai pari en abordant un premier rôle au théâtre. C’est «Bagatelle», de Noël Coward, mise en scène de Pierre Mondy.

En 1999 suivra «Comédie Privée» de Neil Simon, aux côtés de Marie-Anne Chazel. Et en 2001, surprise: escorté de son producteur Jean-Claude Camus, Michel Sardou achète une célèbre salle privée parisienne, le Théâtre de la Porte Saint-Martin (où fut créé, en 1897, «Cyrano de Bergerac») et en devient le directeur.

Marceau-Tardieu-Rouveyrollis-Sardou

Avant Paris, Sardou sera donc à Morges, Théâtre de Beausobre (90-10-11 avril) et à Neuchâtel, Théâtre du Passage (13-14-15 avril). Pour y jouer «L’homme en question» de Félicien Marceau, dans une mise en scène de Jean-Luc Tardieu et des lumières de Jacques Rouveyrollis. Equipe de choc. Et autour de lui, une troupe de 20 personnes, dont Brigitte Fossey.

Pour évoquer la pièce, on citera Jean-Luc Tardieu: «Que vient faire cette conscience au creux de cette nuit d’insomnie? L’empêcher de tricher avec les cartes d’une réussite, passe encore, mais vouloir aussi l’obliger à remettre en ordre les cartes de sa vie! L’enfer, c’est les autres! Non. L’enfer, ce sont nos MOI et leurs contradictions profondes.»

«Entrer dans un décor immense
Entendre les battements de son cœur
Et là changer l’indifférence
En rires et le silence en pleurs
Vivre et mourir en alternance
Porter un masque en permanence»

chante Michel Sardou dans «L’acteur» (1986). Les masques, en effet, il connaît.

swissinfo/Bernard Léchot

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