Stefan Kaegi reçoit l’Anneau Reinhart 2015

Stefan Kaegi lors de la remise du Grand Prix à Winterthour. Keystone

Membre du collectif de théâtre Protocole Rimini, basé à Berlin, ce metteur en scène virtuose donne un rôle actif au public en effaçant les frontières entre réalité et fiction. Il a reçu son Grand Prix suisse du théâtre jeudi soir à Winterthour (Zurich), des mains du ministre suisse de la Culture Alain Berset.

«Sa méthode? Il sème le trouble», a lancé Alain Berset. Assister à une pièce créée par Stefan Kaegi, «c’est ressentir l’inépuisable force du théâtre, a salué le ministre de la Culture. Si l’on se prend au jeu, on change invariablement de perception.»

Né en 1972, Stefan Kaegi supprime la séparation entre la scène et les spectateurs, (et parfois carrément la scène), inventant un nouveau théâtre, à la fois ludique et documentaire, et utilise largement les nouvelles technologies pour favoriser l’interactivité. 

Protocole RiminiLien externe a été créé en 2002 par le Suisse et avec deux Allemands, Helgard Haug et Daniel Wetzel, et a effectué de nombreuses tournées internationales. «Nous cherchons tout à la fois à définir le spectateur comme membre d’une communauté et comme individu singulier», déclare Stefan Kaegi dans ‘La Tribune de Genève’.

Spectateurs-protagonistes

Le collectif a été notamment programmé au Schauspielhaus de Zurich, au Festival d’Avignon ou au Théâtre de Vidy Lausanne. Par exemple, en 2009, 200 «spectateurs» sont convoqués pour assister à l’assemblée générale des actionnaires du groupe automobile Daimler, à Berlin. L’action consiste à observer les attitudes, mais d’un autre œil, ce qui constitue en réalité déjà une sorte de mise en scène.

Autres lauréats des Prix suisse de théâtre

Ont également été récompensés la comédienne genevoise Brigitte Rosset, la performeuse genevoise Maya Bösch, l’acteur zurichois Robert Hunger-Bühler, l’auteur bernois Pedro Lenz, la scénographe tessinoise Margherita Palli, la troupe Karl’s kühne Gassenshow ainsi que l’atelier Dramenprozessor.

En 2012, les spectateurs se sont transformés en protagonistes se prononçant sur des questions de vie ou de mort en dirigeant des drones avec un joystick. Dans «Situation Rooms», ils ont ainsi joué chacun le rôle d’un expert durant sept minutes dans une guerre qui, aujourd’hui, ne se joue plus d’homme à homme mais qui se dirige de manière téléguidée.

L’évolution des moyens du théâtre est au cœur du travail du Protocole Rimini, «afin rendre possibles des visions inhabituelles sur notre réalité», affirme Anja Dirks, membre du jury et directrice du Festival Belluard Bollwerk International de Fribourg.

Un prix réservé aux Suisses

Le Grand Prix suisse du théâtre étant réservé uniquement aux Suisses, il va à Stefan Kaegi et non pas à ses deux complices. «Recevoir ce prix tout seul va fondamentalement à l’encontre de notre démarche collective, (mais) ce prix vient valider nos prises de risques. C’est, surtout, une vraie reconnaissance pour des formes théâtrales nouvelles», a-t-il encore dit au quotidien genevois.

Protocole Rimini a reçu de nombreuses récompenses dont le Prix spécial du théâtre allemand en 2007 et le Lion d’argent de la Biennale du théâtre à Venise en 2011.

Le Grand Prix suisse du théâtre

Le Grand Prix suisse de théâtre / Anneau Hans Reinhart poursuit la tradition du principal prix de théâtre du pays décerné par la Société suisse du théâtre (SST) de 1957 à 2013.

Cette distinction de 100’000 francs est remise depuis l’an dernier par l’OFC, mais le lauréat reçoit comme auparavant un anneau fabriqué spécialement pour lui.

Cette année, l’événement s’est déroulé en marge de la 2e Rencontre du Théâtre suisse, qui se tient à Winterthour jusqu’au 7 juin. En 2016, c’est Genève qui accueillera la Rencontre du Théâtre suisse et les Prix suisses de théâtre.