Déclaration de guerre au gaspillage d’énergie
Les acquéreurs de voitures «propres» pourraient bénéficier de rabais de 3000 à 4000 francs grâce à un système de bonus-malus.
C’est l’une des 26 mesures proposées par le ministre de l’Environnement Moritz Leuenberger pour réduire l’utilisation d’énergie fossile de 1,5% par an et doubler la part des énergies renouvelables d’ici 2020.
Interdire les ampoules à incandescence, promouvoir les voitures les plus écologiques, assainir les vieux bâtiments: Moritz Leuenberger a présenté lundi 26 mesures destinées à augmenter l’efficacité énergétique et valoriser les énergies renouvelables.
Des mesures à la fois techniques et d’encadrement du marché. Contenues dans deux plans d’action, elles ont été mises en consultation jusqu’à mi-octobre.
Le Département fédéral de l’énergie (DETEC) appliquera les mesures relevant de sa compétence dès que possible. Pour les autres, une décision du gouvernement devrait tomber cette année encore. Mais les cantons resteront des acteurs incontournables, car dans de nombreux domaines concernés, ce sont eux qui décident.
Le ministre de l’Energie Moritz Leuenberger s’est voulu rassurant. Il pourrait certes y avoir encore des modifications mais l’arsenal proposé est pragmatique et réaliste, selon lui.
Objectif: réduire d’ici 2020 l’utilisation d’énergie fossile de 1,5% par an, stabiliser la consommation d’électricité au niveau de 2006 et augmenter la part des énergies renouvelables dans la consommation totale de 16,2 à 24%.
Réactions sans surprise
«Plus on investit dans l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables, moins la demande en énergie nucléaire ou issue de centrales à gaz sera forte», a souligné le conseiller fédéral. En clair, si les mesures proposées sont appliquées, «on n’aura pas besoin d’une centrale nucléaire supplémentaire».
A gauche, le PS et les Verts parlent de «pas décisif», franchi grâce au programme du ministre socialiste. Le monde politique doit comprendre qu’il n’y a «plus de marge de manœuvre», selon le député vert argovien Geri Müller.
Seul bémol, le recours aux biocarburants n’est soutenu que si celui-ci est produit dans des conditions sociales et écologiques acceptables.
A droite, le Parti radical (PRD), démocrate-chrétien (PDC) et l’Union démocratique du Centre (UDC) ne croient pas que la Suisse puisse échapper à la construction d’une nouvelle centrale nucléaire.
«L’économie s’opposera par tous les moyens aux mesures proposées», a notamment déclaré le conseiller national UDC Ulrich Giezendanner.
Quant à economiesuisse, elle accepte mal l’augmentation proposée de la taxe sur le CO2. Selon Urs Näf, cette mesure n’aurait de sens que si les pays voisins en faisaient autant.
Efficacité énergétique
Le plan concernant l’efficacité énergétique comprend 18 mesures. Il cible trois domaines où de fortes économies sont possibles. Dans le secteur du bâtiment, la norme MINERGIE sera rendue obligatoire.
Un programme national vise à assainir entre 2010 et 2020 les bâtiments construits avant 1995. Coût de l’opération: 215 millions de francs par an, financés par les revenus de la taxe sur le CO2.
Cette dernière devrait par ailleurs être étendue aux carburants (hausse du prix de l’essence de 15 à 50 centimes le litre) et intégrée dès 2013 dans la nouvelle taxe climatique.
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Les voitures en première ligne
Les appareils électroménagers sont un autre champ d’action. A terme, seuls les meilleurs devraient être autorisés à la vente. Des standards toujours plus sévères seront introduits. Un consommation maximale sera prescrite pour les appareils en mode veille (2 Watt pour un PC, par exemple). Les ampoules à incandescence seront interdites dès 2012.
Côté voitures, outre la taxe sur le CO2, un système de bonus-malus devrait être introduit d’ici 2010 dans l’impôt frappant les ventes. Un «rabais» de 3000 à 4000 francs devrait ainsi rendre plus intéressants les véhicules les plus écologiques. La taxe automobile cantonale serait quant à elle liée à la consommation.
Vivent les énergies renouvelables
Le plan d’action «énergies renouvelables» comprend pour sa part huit mesures. Il se concentre sur la production de chaleur, qui offre les plus importants potentiels de substitution des énergies fossiles. Quelque 100’000 capteurs solaires thermiques devraient ainsi fleurir sur les toits helvétiques.
En principe, les mesures proposées n’auront pas d’incidence sur les budgets publics. En revanche, le plan propose d’investir plus de 50 millions par an dans la recherche, la formation, l’information ou le transfert de technologies (26,5 millions pour l’efficacité énergétique, 27,5 millions pour les énergies renouvelables).
swissinfo et les agences
Emissions totales de CO2 en Suisse en millions de tonnes par an:
1990: 40,93
2006: 41,19
But pour 2012: 36,84
Objectif selon le protocole de Kyoto: 40,53
La Suisse doit s’attendre à des pertes en termes de bien-être de l’ordre d’un milliard de francs d’ici 2050 si les pronostics d’une hausse de 3 degrés de la température mondiale faits par l’ONU se réalisent. C’est la conclusion de plusieurs études mandatées par l’Office fédéral de l’environnement (OFEV).
Les chercheurs sont unanimes sur le fait que le réchauffement en Suisse ne sera pas strictement parallèle au réchauffement global. En conséquence, l’OFEV s’attend à ce que le mercure augmente d’environ 4 degrés en Suisse.
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