Les chiffres de l’avortement restent stables
Les interruptions volontaires de grossesse (IVG) pratiquées en Suisse n'ont pas augmenté depuis 2002, année de l'entrée en vigueur du régime des délais.
La Suisse demeure l’un des pays européens où l’avortement est proportionnellement le plus faible.
Chiffre clé pour la comparaison, les autorités suisses ont recensé en 2004 sept avortements volontaires pour mille femmes de 15 à 44 ans.
D’un canton à l’autre, la situation varie largement. Genève (16), Bâle-Ville (11,9) ou Neuchâtel (10,8) enregistrent nettement plus d’IVG pour mille femmes que Nidwald (0,7), Appenzell Rhodes Intérieures (2) ou le Valais (2,4).
«La part des immigrantes au sein de la population est l’explication essentielle des différences inter-cantonales», explique à swissinfo un spécialiste de la section Santé à l’Office fédéral de la statistique (OFS).
«Environ la moitié des IVG sont le fait de femmes de nationalité étrangère, explique Christoph Junker. A Genève et Bâle, la part de la population étrangère est plus élevée qu’à Nidwald ou Appenzell. Le nombre d’IVG aussi.»
Cela étant, avec ses sept IVG pour mille femmes, la Suisse demeure un pays plutôt «modéré». En Allemagne, on compte 7,7 IVG pour mille femmes, en France 16,7, en Grande-Bretagne 17,8 et en Russie pas moins de 55,3 (Etats-Unis: 20,9).
Au Portugal, en Irlande, en Pologne, à Malte et à Chypre par contre (si l’on s’en tient à l’Union européenne), l’IVG est purement et simplement interdite.
Douze semaines
Trente: tel est donc le nombre d’interruptions volontaires de grossesse pratiquées en moyenne chaque jour en Suisse au cours de l’année 2004.
Au total, cela donne 10’910 IVG. A peu de choses près le chiffre de 2003 (à moins de cents cas près), selon l’OFS.
Par rapport à 2000 – le régime des délais n’était alors pas encore en vigueur – la tendance est plutôt à la baisse. En 2001 par exemple, pas moins de 12’418 IVG avaient été répertoriées.
Ce constat permet de balayer les craintes émises au moment de la votation populaire sur le régime des délais, solution qui autorise l’IVG jusqu’à douze semaines de grossesse.
Raisons médicales
Selon les données publiées pour la première fois par l’OFS, 151 interruptions de grossesse ont été pratiquées pour mille naissances en 2004.
L’office précise que 96% des avortements ont été pratiquées au cours des 12 premières semaines de la grossesse. Dans 4% des cas, l’IVG a été pratiquée après douze semaines, des raisons médicales particulières l’ayant exigé.
Dans 95% des cas d’IVG, la femme était domiciliée en Suisse. Et environ 87% des femmes domiciliées en Suisse ont subi l’intervention dans leur canton de domicile.
Pilule du lendemain
Défenseurs et opposants à l’IVG saluent la publication des chiffres de l’OFS. L’ex-Union suisse pour décriminaliser l’avortement (USPDA) se sent confortée dans son approche de toujours.
De son côté, la Fondation ASME, qui combattait la solution des délais, met ces chiffres en question. Elle estime que l’usage de la pilule du lendemain progresse et que cette forme d’IVG n’est pas prise en compte par la statistique.
swissinfo et les agences
Trente IVG sont pratiquées en moyenne chaque jour en Suisse
Au total, les autorités ont enregistré 10’910 IVG en 2004
Les IVG sont pour moitié pratiquées à l’aide de la chirurgie, les autres grâce aux médicaments
Dans 11% des cas, l’IVG a été pratiquée sur des jeunes entre 15 et 19 ans
– Depuis le 1er octobre 2002, l’interruption volontaire de grossesse est autorisée en suisse jusqu’à douze semaine de grossesse. Le peuple a accepté cette solution par 72,2% des voix.
– Les articles 118 à 120 du Code pénal suisse règlent l’IVG. Jusqu’à douze semaine, la décision d’avorter est laissée au choix de la femme. Mais elle doit justifier par écrit de sa situation de détresse et en discuter avec un médecin.
– Au-delà de douze semaines, l’IVG ne peut se justifier que pour des raisons médicales particulières. Avant l’obligation de déclarer l’interruption de grossesse, la réglementation variait largement d’un canton à l’autre.
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