L’avenir de Swiss se joue mardi à Berne
Le gouvernement dira mardi s’il accepte de vendre ses actions de la compagnie à Lufthansa. Une solution qui rencontre une opposition croissante dans le pays.
Pendant ce temps, le patron de Swiss Christoph Franz a dit aux syndicats qu’il ne pouvait fournir aucune garantie aux 6’000 employés de la compagnie quant au maintien de leur emploi.
Le Conseil fédéral (gouvernement) a rompu le silence vendredi en indiquant quand il se prononcera sur l’offre de Lufthansa, annoncée dimanche dernier. Le dossier est entre les mains de Hans-Rudolf Merz, ministre des finances, lequel a rencontré les hauts représentants des partis gouvernementaux.
Le grand argentier a décrit la négociation du point de vue de la Confédération, principal actionnaire avec les 600 millions de francs investis en 2002 et qui détient 20,4% du capital de la compagnie.
Reste que le Conseil fédéral ne dira rien d’ici à mardi, jour où il communiquera sa décision à Lufthansa et à Swiss, qui ont toutes deux agendé pour ce jour une réunion de leur conseil d’administration.
Le gouvernement examine les alternatives stratégiques à la lumière de sa politique des transports, de l’économie helvétique et des finances fédérales. Hans-Rudolf Merz a expliqué aux quatre partis qui forment la coalition gouvernementale son souci d’un rattachement durable de la Suisse aux réseaux aériens européen et intercontinental.
Ce devrait être oui
Certains indices signalent toutefois que le oui devrait l’emporter. Dans une note destinée aux parlementaires, l’Administration fédérale des finances a déjà fait part d’un avis favorable.
Aux partis, Hans-Rudolf Merz a aussi dit son souci pour l’avenir des 6’000 employés de Swiss et pour les sociétés dont l’activité dépend du destin de la compagnie. Sans oublier le sort du hub de Zurich-Kloten.
A ce propos, les syndicats de Swiss sont sortis plutôt rassurés, vendredi toujours, d’une rencontre avec le patron du groupe, Christoph Franz. L’Allemand s’est toutefois refusé à donner des garanties sur l’emploi.
Contre-offensive
Il n’en reste pas moins que la perspective de voir la Suisse perdre son transporteur national ne laisse pas indifférent. Ainsi, deux avocats zougois, Jürg Brand et Marius Grossenbacher, tentent-ils un baroud d’honneur pour conserver Swiss en mains suisses en invitant des investisseurs à les rejoindre.
Dans une annonce pleine page parue dans divers journaux alémaniques vendredi, ils détaillent leur contre-offre, chiffres à l’appui. Les intéressés veulent constituer une entité, SR Invest Holding, à coup de tranches de 10’000 francs.
Les deux hommes sont déjà à l’origine du rachat de Von Roll Infratec en 2003 par un groupe d’investisseurs. Leur action a permis de maintenir un millier d’emplois, notamment dans les fonderies jurassiennes de Delémont et de Choindez.
Depuis l’officialisation des tractations avec Lufthansa, les contacts se sont multipliés. La compagnie aérienne allemande doit convaincre le pool des grands actionnaires, qui détiennent ensemble 86% du capital, de se rallier à son offre d’intégration de Swiss.
Cause entendue
La cause n’en paraît pas moins entendue. Les grandes entreprises et collectivités publiques (notamment l’UBS, le Credit Suisse Group, le canton de Zurich, Amag, Nestlé, Novartis, Roche, Swisscom, Swiss Re et Zurich Financial Services), qui détiennent ensemble deux tiers du capital, devraient soutenir la solution Lufthansa.
En l’état, et en attendant les détails qui seront peut-être divulgués mercredi lors de la conférence de presse de bilan de Lufthansa à Francfort, les interrogations demeurent sur le prix que paiera le géant allemand et sur le rôle attribué au hub de Zurich. Les hypothèses émises jusque-là font penser à une sorte de bradage.
Selon des analystes, la valeur comptable de la compagnie helvétique, qui a cumulé une perte nette de 1,81 milliard de francs suisses entre 2002 et 2004, se situerait autour de 850 millions de francs, pour une capitalisation boursière de 500 millions.
Or les estimations qui circulent sur le prix de rachat évoquent un montant compris entre 120 et 600 millions environ.
Vendredi, l’action Swiss s’échangeait à 9,60 francs à la Bourse de Zurich, après une envolée à 10,50 francs lundi. Les grands actionnaires pourraient céder leurs parts à la moitié ou au quart du cours, alors que les 15’000 petits porteurs se verraient offrir un prix correspondant à la valeur moyenne sur un mois, soit environ 10 francs par titre.
swissinfo et les agences
Les analystes estiment la valeur de Swiss à quelque 850 millions de francs suisses
Sa capitalisation boursière est de 500 millions de francs
Le prix de rachat n’est pas encore connu, mais on parle d’un montant compris entre 120 et 600 millions
Lufthansa devra aussi reprendre la dette de Swiss, qui frise 1,1 milliard de francs
– Depuis que Swiss et Lufthansa ont reconnu mener des négociations, les contacts se sont multipliés en coulisses.
– Les actionnaires principaux de la compagnie suisse gardent le silence, mais ils semble qu’ils soient tous favorables à la solution allemande, y compris la Confédération, qui divulgera sa position mardi prochain.
– Dans une note destinée aux parlementaires, l’Administration fédérale des finances a déjà fait part d’un avis favorable.
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