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Ukraine: la Suisse s’aligne à sa manière sur les sanctions de l’UE contre la Russie

Ukraine
Une base de défense antiaérienne ukrainienne à Mariupol, sur la Mer Noire, après les bombardements russes. Copyright 2022 The Associated Press. All Rights Reserved

«Neutralité ne veut pas dire indifférence», a dit le président de la Confédération Ignazio Cassis jeudi après-midi à l’issue de la séance extraordinaire du Conseil fédéral. La Suisse s'abstiendra de prendre ses propres sanctions contre la Russie, mais va renforcer ses mesures pour éviter le contournement de celles prises par l'UE.

Les dons peuvent être effectués sur bonheur.chLien externe ou au numéro de compte postal 10-15000-6 avec mention «Crise en Ukraine».

Dans un premier temps, l’aide se concentrera sur l’accueil des réfugiés dans les pays voisins, notamment en Pologne. La Chaîne du Bonheur travaille en collaboration avec Caritas, la Croix-Rouge suisse, l’EPER, Helvetas, Medair, Médecins sans frontières et la fondation Terre des hommes. En fonction de l’évolution de la situation, la Chaîne du Bonheur prévoit d’étendre son soutien à des projets d’aide à l’intérieur de l’Ukraine. Les dons seront exclusivement utilisés pour l’aide humanitaire.

La Chaîne du Bonheur est une fondation privée. Née d’une émission de ce qui était alors la Radio Suisse Romande, elle est devenue le bras humanitaire de la radio-télévision suisse de service public SSR, à laquelle appartient aussi SWI swissinfo.ch.

Ignazio Cassis, qui est également ministre des Affaires étrangères a condamné «de la façon la plus ferme» l’entrée des troupes russes en Ukraine et enjoint la Russie «à les retirer immédiatement». Il a parlé «d’une journée triste comme nous n’en avions plus vu depuis longtemps» et d’une «crise qui concerne tout le continent européen».

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La voie suisse

Dans l’ensemble, «la Suisse s’appuiera» sur les décisions de l’UE, y compris pour la liste des personnae non gratae – par exemple les 336 députés de la Douma», a précisé l’ambassadeur Erwin Bollinger. Il s’agit d’éviter que le territoire helvétique ne permette aux Russes de contourner les sanctions.

«Dans les faits, l’effet des mesures (suisses) ne différera pas beaucoup de l’effet de celles prises par l’UE», a dit le diplomate. Mais la Suisse se réserve une marge de manœuvre et «ne prend pas de mesures autonomes». Ce n’est pas qu’une question de sémantique, a assuré la Confédération. Il s’agit aussi d’envoyer un signal pour le maintien de l’autonomie suisse.

Des aménagements sont prévus dans le domaine de l’armement par exemple, par rapport aux décisions internationales, en lien avec le respect de la neutralité suisse.

La Suisse avait déjà pris des mesures pour éviter le contournement des sanctions contre la Russie en 2014, après l’invasion de la Crimée. Dans l’ensemble, celles-ci sont encore renforcées. La Suisse évaluera en outre les nouvelles sanctions éventuelles que prendrait l’UE et s’y adaptera si nécessaire.

>> La conférence de presse du Conseil fédéral de ce jeudi 24 février

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Sommes importantes en jeu

Sur le plan économique, «la Russie représente pour les entreprises suisses un marché au potentiel considérable», peut-on lire sur le site du Département fédéral des Affaires étrangères, même si le pays n’était en 2021 que le 23e partenaire commercial de la Suisse.  Par conte, il y a de nombreux intérêts russes en Suisse, plaque tournante du commerce des matières premières et notamment des hydrocarbures. Selon l’ambassade de Russie à Berne, 80% du pétrole et du gaz russes se négocient en Suisse, et la société gérant le pipeline Nordstream 2 (dont l’Allemagne a suspendu la certification) a aussi son siège en Suisse.

S’y ajoutent les affaires bancaires. Pour la Russie, la Suisse est de loin le plus grand bénéficiaire de capitaux privés russes. Chaque année, selon la banque centrale russe, entre 5 et 10 milliards de dollars de fonds privés russes affluent en Suisse, et les banques russes Sberbank et Gazprombank ont une succursale en Suisse

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Ce qu’en dit la presse suisse

La presse nationale réagit avec horreur à ce début de guerre. Le ton est très critique. L’attaque russe contre l’Ukraine est non seulement «une violation crasse du droit international», mais elle annonce aussi «un changement d’époque pour l’Europe».

C’est maintenant à un Occident uni de déjouer les calculs sans scrupules de Poutine, écrit la Neue Zürcher Zeitung (NZZLien externe). «La politique en demi-teinte de l’Amérique et de l’Europe vis-à-vis du tyran de Moscou est un échec. Face au danger que représente la Russie pour l’ensemble du continent, il faut désormais faire volte-face», écrit le quotidien zurichois.

«La fin du vieux monde a commencé», titre le Tages-AnzeigerLien externe, à Zurich également. «Après ce jour noir, rien ne sera plus jamais comme avant. Poutine a perdu toute empathie tout sens de la mesure», estime le quotidien, pour qui la discussion sur des sanctions semble désormais étrangement déplacée et inutile, tant il est clair qu’en ce moment, «rien ne peut stopper la folie».

Mais il y a aussi en Suisses des gens qui comprennent la position de Vladimir Poutine, rappelle l’Aargauer Zeitung, qui a parlé avec quelques-uns d’entre eux – avant l’éclatement de cette guerre. Et de citer l’idéologue de l’UDC (droite conservatrice) Roger Köppel ou l’ancien président de la FIFA Sepp Blatter. Pour Yvette Estermann, députée UDC, il est «raisonnable» de créer une zone-tampon entre l’Est et l’Ouest, car l’OTAN ne devrait pas s’approcher aussi près des frontières de la Russie. Quant à l’ancien sénateur centriste Filippo Lombardi, qui a dirigé autrefois le groupe parlementaire d’amitié Suisse-Russie, il a dit à l’Aargauer Zeitung. «L’Occident a fait au moins autant d’erreurs que la Russie».

>> La Suisse condamne cette guerre, du Palais fédéral à la rue – même si ce ne sont pas les mêmes foules qu’à l’époque de la deuxième Guerre du Golfe

L’invasion a commencé à l’aube

Tout a commencé à 6 heures du matin en Ukraine, 4 heures en Suisse. Vladimir Poutine est intervenu par surprise à la télévision pour annoncer une opération militaire en Ukraine. Quelques minutes plus tard, les première bombes tombaient sur le pays, notamment sur l’aéroport de Kiev, la capitale.

>> Extraits du discours de Vladimir Poutine

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«J’ai pris la décision d’une opération militaire», a dit le maître du Kremlin, dénonçant une fois encore un «génocide» orchestré par l’Ukraine dans l’est du pays et arguant de l’appel à l’aide des séparatistes et de la «politique agressive de l’OTAN à l’égard de la Russie» et dont l’Ukraine serait l’outil.

«Je vous appelle à déposer les armes et à rentrer chez vous», a-t-il lancé aux militaires ukrainiens. Le président russe a assuré ne pas vouloir «l’occupation» de l’Ukraine, mais sa «démilitarisation».

>> L’édition spéciale de RTS Info

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Kiev directement visée

Tôt ce matin, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba a annoncé le début d’une «invasion de grande ampleur de la Russie». «De paisibles villes ukrainiennes sont en train d’être attaquées. C’est une guerre d’agression. L’Ukraine se défendra et gagnera. Le monde peut et doit arrêter Poutine. Il est temps d’agir maintenant», a tweeté Dmytro Kouleba.

Les Etats-Unis estiment que cette invasion vise à «décapiter» le pouvoir ukrainien et que la capitale, Kiev, est l’un de ses trois principaux objectifs, a déclaré un haut responsable du Pentagone. «Notre hypothèse, c’est qu’ils ont l’intention de décapiter tout simplement le gouvernement et d’installer leur propre mode de gouvernance, ce qui pourrait expliquer ces premiers mouvements», a dit ce responsable, qui a requis l’anonymat.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé, dans une adresse à la nation, la rupture des liens diplomatiques avec Moscou, qui avaient pourtant été maintenues après l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014. «Nous donnerons des armes à tous ceux qui veulent défendre le pays. Soyez prêts à soutenir l’Ukraine sur les places de nos villes», a-t-il tweeté.

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Dans la matinée, Kiev avait annoncé que les Russes étaient entrés sur le territoire ukrainien depuis la Russie et le Bélarus. «Je sais que plus de 40 militaires ukrainiens ont été tués et plusieurs dizaines blessés et il est question d’une dizaine de civils tués», à travers le pays, a déclaré Oleksiy Arestovych, conseiller du président ukrainien. L’Ukraine a de son côté affirmé avoir tué environ 50 «occupants russes» dans la région de Lougansk, dans l’Est.

Le monde condamne

Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a rapidement dénoncé une «attaque téméraire et non provoquée» , avertissant qu’elle mettait en péril d’«innombrables» vies. «Une fois encore, malgré nos avertissements répétés et nos efforts inlassables en faveur de la diplomatie, la Russie a choisi la voie de l’agression contre un pays souverain et indépendant», a déclaré Jens Stoltenberg dans un communiqué.

Côté européen, l’opération est unanimement qualifiée de violation grave du droit international. A Bruxelles, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a indiqué qu’elle présenterait des sanctions «massives» contre la Russie. Elle a précisé que ces nouvelles sanctions de l’UE allaient bloquer l’accès de la Russie aux «technologies et marchés essentiels», geler les avoirs russes en Europe et que Moscou serait privé d’accès aux marchés financiers européens.

>> Les mots d’Ursula Von Der Leyen, présidente de la Commission européenne

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Selon Bernard Guetta, député européen, jamais les 27 membres de l’UE n’ont été aussi politiquement unis. «Il y a un front commun de tous les Etats, y compris de la Hongrie de Viktor Orban. L’Union européenne est décidée à bâtir une défense commune», a-t-il expliqué dans l’émission spécialeLien externe de la RTS.

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A Washington, Joe Biden a promis que «le monde exigerait des comptes de la Russie». Il a dénoncé «l’attaque injustifiée» contre l’Ukraine. «La Russie, seule, est responsable de la mort et de la destruction que cette attaque provoquera», a-t-il insisté.

La Chine de son côté a indiqué qu’elle «suivait de près» la situation en Ukraine, s’abstenant de condamner Moscou et appelant à éviter une escalade. Pékin rejette le terme d’«invasion» et  dit comprendre les «inquiétudes légitimes» de la Russie en matière de sécurité. «Nous exhortons toutes les parties à faire preuve de retenue pour éviter que la situation ne devienne hors de contrôle», a indiqué devant la presse une porte-parole de la diplomatie chinoise, Hua Chunying.

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