Les soupçons de blanchiment moins nombreux
Les déclarations de soupçons de blanchiment annoncés aux autorités suisses ont diminué l’an dernier. Mais les cas pendants s’accumulent.
Depuis sept ans, les condamnations infligées ont surtout porté sur des cas de blanchiment simples liés à la drogue.
Les chiffres sont là. L’an dernier, le nombre de déclarations de soupçons de blanchiment a diminué de près de 5%. On est passé de 863 à 821 cas d’un an à l’autre. Une première depuis la création du Bureau de communication en matière de blanchiment d’argent en 1998.
Les autorités suisses ont par ailleurs indiqué qu’elles enquêtaient actuellement sur «plusieurs cas» en relation avec les contrats conclus dans le cadre du programme pétrole contre nourriture des Nations Unies pour l’Irak. Sans donner de détails.
Pour ce qui est de la baisse générale des cas dénoncés, les experts fédéraux mettent cette évolution sur le compte de la loi sur le blanchiment d’argent, dont les aspects préventifs «commencent à produire leurs effets».
Ce recul intervient dans le «non bancaire». Les dénonciations ont diminué de 15% (soit de 69 cas) dans le trafic international des paiements. Raison à cela: le renforcement des exigences posées aux intermédiaires financiers concernés.
Davantage de prudence
Ce mieux est également visible dans le domaine des fiduciaires (- 11 cas) et chez les gérants de fortune et autres conseillers en placement (- 5 cas).
Aux yeux de Judith Voney, responsable du bureau en question, les intermédiaires financiers se montrent beaucoup plus prudents dans le choix de leurs clients. Le risque pour leur réputation en cas d’erreur apparaît dissuasif.
Par contre, on constate une progression de 12,6% des cas signalés dans les banques (+ 38). Ce qui rejaillit sur l’adition finale en termes de montants. La hausse atteint en effet 25,3%, à 772 millions de francs.
La drogue surtout
Depuis l’ouverture du Bureau de communication en matière de blanchiment d’argent en 1998, presque huit cas sur dix ont été transmis aux autorités de poursuite pénale. Moins d’une fois sur deux, ces dernières ont opté pour une condamnation, la majorité du temps pour blanchiment d’argent simple.
Dans 85% des jugements, l’infraction préalable était liée au trafic de drogue. Les autres situations avaient avoir avec l’escroquerie (6%), le vol (3%) et la corruption (2%).
Pour revenir à 2004 seulement, le nombre de communications (de soupçons) liées au financement du terrorisme est passé de cinq à onze en un an. Les sommes en question représentent 0,12% (ou quelque 900’000 francs) du total des montants communiqués l’an dernier.
swissinfo et les agences
59% des cas de soupçons annoncés viennent du secteur «non bancaire», 41% des banques
75% d’entre eux ont été transmis aux autorités de poursuite pénale
En termes de montants, les cas annoncés «pèsent» 772 millions de francs, en hausse de 25,3% pour la première fois depuis 2001
Dans 85% des condamnations, l’infraction préalable était liée au trafic de drogue
Les annonces liées au terrorisme sont passées de cinq à onze en un an, pour une somme de 900’000 francs
– Selon le Bureau de communication en matière de blanchiment d’argent, la loi sur le blanchiment d’argent a un effet préventif.
– La baisse du nombre de cas soupçonnés est visible surtout dans le trafic international des paiements. Elle intervient aussi chez les fiduciaires et gérants de fortunes.
– Selon le bureau en question, le secteur para-bancaire se montrerait plus prudent dans le choix de ses clients.
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.