«Nous pouvons nous permettre de travailler moins»
La Suisse manque de main-d'œuvre qualifiée. Travailler plus longtemps et davantage peut-il aider à résoudre ce problème? Les réponses d'un économiste.
Jan-Egbert Sturm est économiste et directeur du Centre de recherches conjoncturelles (KOF) de l’EPF de Zurich.
Est-ce qu’en Suisse, les gens travaillent moins qu’auparavant?
Jan-Egbert Sturm: Il est vrai qu’aujourd’hui, on travaille en moyenne moins qu’avant. Mais ce n’est pas forcément une mauvaise chose. Cela peut aussi être le signe que nous allons de mieux en mieux, car nous pouvons nous le permettre. Le temps libre a aussi une valeur et il faut faire attention à ne pas se concentrer uniquement sur un aspect des choses.
La majorité des personnes souhaitent-elles vraiment travailler moins?
Il existe des situations dans lesquelles les personnes souhaitent travailler plus longtemps, par exemple à partir de 65 ans. Tout le monde ne veut pas arrêter de travailler à cet âge et rester assis à ne rien faire à la maison. Beaucoup souhaitent continuer à travailler encore quelques années, même si ce n’est pas à temps plein. Les réglementations actuelles rendent cela difficile, voire presque impossible. Nous devons nous montrer plus flexibles dans ce domaine.
Mais l’exigence de travailler plus est en contradiction avec l’esprit du temps.
Le travail doit être récompensé; chaque personne décide pour elle-même s’il vaut la peine de travailler plus ou de travailler tout court. Si l’on améliore les incitations au travail, la volonté de travailler davantage est également présente.
Comment améliorer les incitations?
Le moyen le plus simple est d’agir sur les salaires. Sinon, l’amélioration passe par la réglementation: Quand prend-on sa retraite? Quelle est la flexibilité de ma journée de travail? De nos jours, le désir de flexibilité est nettement plus grand qu’auparavant.
Il existe aujourd’hui de nouveaux modèles – par exemple le modèle en arc – pour inciter les personnes de plus de 65 ans à travailler. Qu’en pensez-vous?
On voit de plus en plus ce modèle dans le secteur privé, on y est plus avancé que dans le secteur public. Il y a certaines règles qui ne sont peut-être plus tout à fait d’actualité.
L’Union patronale suisse a en outre émis l’idée de ne financer les séjours en crèche que lorsque les parents travaillent, et non pendant leur temps libre.
Cette exigence est extrêmement difficile à mettre en œuvre. En tant que société, nous devons nous rendre compte que nous créons des possibilités pour les pères et les mères d’exercer une activité professionnelle et que nous devons rendre le monde du travail flexible. C’est pourquoi il est difficile de définir les horaires de travail.
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