Le gouvernement pour une école homogène
Les ministres de l'intérieur et de l'économie ont lancé la campagne en vue de la votation du 21 mai. L'objectif est de créer en Suisse un espace scolaire homogène.
Aux yeux de Pascal Couchepin et Joseph Deiss, la formation est essentielle à la prospérité. D’où l’importance des deux nouveaux articles constitutionnels proposés.
Le fédéralisme est une caractéristique première de la Suisse. Et l’école (l’éducation), un domaine typiquement réservé aux cantons.
Des rapprochements entre les 26 systèmes scolaires – un par canton – ont lieu depuis des dizaines d’années. Mais l’espace scolaire suisse reste morcelé, ce qui prétérite la mobilité.
Si les résistances ont longtemps perduré, la majorité des cantons s’est cette fois-ci ralliée à une réforme qui donne plus de poids au gouvernement fédéral. Cette réforme exige une modification de la Constitution, donc l’aval du peuple.
Avec cette révision constitutionnelle, les cantons resteront souverains dans ce domaine de l’instruction publique.
Mais ils auront l’obligation d’harmoniser des paramètres essentiels comme l’âge de l’entrée à l’école, la durée de la scolarité ou encore les objectifs des niveaux d’enseignement.
Si, et seulement si…
Cette obligation leur sera imposée (au travers de lois) par la Confédération si, et seulement si les cantons ne parviennent pas à accorder leurs violons.
Cette compétence subsidiaire octroyée à Berne complétera l’obligation faite à la Confédération et aux cantons de coordonner leur action.
Le projet soumis au vote du peuple comporte d’autres éléments comme l’intégration des hautes écoles spécialisées (HES) dans le paysage des hautes écoles et le renforcement de la position de la formation professionnelle.
Un consensus en Suisse
Cette voie de la formation professionnelle (apprentissages, etc) n’est pas négligeable puisque choisie par deux tiers des jeunes Suisses, a relevé le ministre de l’économie jeudi devant la presse.
Et Joseph Deiss de rappeler l’importance de l’éducation pour la croissance économique et la «Suisse mobile».
Son collègue de l’intérieur partage ce point de vue. Pour Pascal Couchepin, «s’il y a au moins un point sur lequel il existe un consensus en Suisse, c’est que l’éducation constitue un des piliers de la prospérité du pays».
Une question de compétitivité
«Nous voulons améliorer la compétitivité du système éducationnel dans un contexte international», explique à swissinfo le président de la Conférence des directeurs cantonaux de l’instruction publique (CDIP).
«Nous voulons être capables de fixer des objectifs et de les vérifier, précise Hans Ulrich Stöckling. Nous voulons aussi faciliter la mobilité des familles et éviter aux enfants de devoir s’adapter chaque fois à un nouveau système.»
«En troisième lieu, note encore Hans Ulrich Stöckling, il s’agit d’accroître la collaboration des cantons entre eux et avec la confédération sur l’entier du champ éducationnel.»
Les intervenants sont optimistes quant à l’issue positive de la votation. La révision, qui a nécessité huit ans de travaux sous la houlette du Parlement, est le «fruit d’une large collaboration entre les autorités fédérales et les cantons», a noté Pascal Couchepin.
swissinfo et les agences
En Suisse, l’Instruction publique relève des compétences des cantons. Modifier cette donne exige une modification constitutionelle, donc l’aval du peuple.
– Au cours des dernières décennies, plusieurs tentatives d’harmonisation des 26 systèmes éducatifs se sont heurtées aux résistances des cantons.
– Le 21 mai prochain, le peuple suisse doit s’exprimer sur une proposition de modification de la Constitution visant à harmoniser l’enseignement scolaire.
– Si cet article est accepté, la Confédération aura le droit d’intervenir au cas où les cantons ne parviendraient pas à s’entendre sur la création d’un espace éducatif commun et homogène.
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