Bien des supermarchés sont aussi des banques!
Tout détenteur d'une carte de débit de La Poste peut retirer jusqu'à 1000 francs par jour aux caisses de n'importe quel magasin de la chaîne Migros.
La chose est peu connue, mais nous avons essayé: ça fonctionne!
Vous payez dans un magasin de la plus grande chaîne de distribution de Suisse, Migros, le pain et les bananes que vous venez d’acheter. Et vous remarquez tout à coup que vous n’avez pas assez d’argent liquide pour payer tout à l’heure votre femme de ménage. Or vous êtes déjà en retard pour un rendez-vous.
Pas de problème: au moment de payer vos achats, vous demandez 300 francs à la caissière et vous les obtenez – pour autant évidemment que votre compte soit alimenté – en introduisant votre carte de débit de La Poste ( la «postcard») dans le lecteur de cartes qui est devant vous et en tapant votre code.
Un service mal connu
Bien qu’elle existe depuis 13 ans, cette prestation, dont la Migros a en Suisse l’exclusivité, est encore mal connue. Il faut dire que Migros ne fait rien pour la propager.
Ceux qui la connaissent semblent cependant l’apprécier puisque l’an dernier, un million de retraits ont ainsi été effectués aux caisses des magasins Migros pour un montant total d’environ 200 millions de francs.
Ces chiffres ne concernent toutefois pas seulement les 2 millions de détenteurs de «postcards» mais aussi les 430’000 détenteurs de cartes de la banque Migros – qui peuvent, eux, retirer aux caisses de la Migros jusqu’à 5000 francs par jour.
Cela dit, vu qu’il y a en Suisse 6000 distributeurs de billets, il s’agit surtout d’un service de dépannage et les montants moyens prélevés sont plutôt bas: entre 100 et 200 francs par transaction.
Extension à venir?
En vue d’une éventuelle extension du système, Migros ne verrait pas d’un mauvais œil que la principale carte de débit en usage en Suisse, l’«EC-direct» («Maestro» depuis le 1er janvier) puisse aussi être utilisée dans ses magasins pour prélever de l’argent liquide.
Mais pour l’instant, l’organe qui gère le système «EC-direct» pour le compte des banques suisses ne souhaite pas entrer en matière, même si, financièrement, cela lui rapporterait gros puisqu’elle touche des commissions pour chaque transaction.
Comme son porte-parole, Bernhard Wenger, nous l’a expliqué, les autres grandes chaînes de distribution et du commerce de détail ne souhaitent en effet pas introduire un tel système et il n’est pas question de l’autoriser seulement pour la Migros.
Coop, principal concurrent de Migros, peine de son côté à s’enthousiasmer pour ce service. Selon le porte-parole de Coop, Karl Weisskopf, «les gens viennent chez nous pour faire des achats, pas pour prélever de l’argent». Pour l’instant, Coop n’aurait en tout cas pas l’intention de prévoir un système analogue.
Hors des frontières suisses
Le service créé en Suisse par Migros est largement pratiqué dans plusieurs pays européens, notamment en Angleterre (système «cash back»), où, souvent, les caissiers et caissières des magasins demandent directement aux clients: «Voulez-vous de l’argent comptant?»
L’autorité allemande de surveillance des marchés financiers (BAFIN) vient par ailleurs de lever l’interdiction qu’elle avait imposée aux grandes chaînes de distribution allemandes qui souhaitaient offrir à leurs clients des avantages analogues à ceux offerts par Migros.
Pour la petite histoire, on ajoutera que dimanche dernier, la prestigieuse «Frankfurter Allgemeine am Sonntag» a félicité la Suisse d’avoir introduit ce service, dont beaucoup en Suisse – par exemple les organisations de consommateurs! – ignoraient jusqu’ici l’existence.
swissinfo, Michel Walter
2 millions de personnes détiennent une Postcard
1 million de retraits aux caisses Migros en 2003
Valeur moyenne des retraits: entre 100 et 200 francs
– Depuis 13 ans, il est possible de retirer de l’argent cash aux caisses des magasins de la chaîne Migros.
– Cette prestation, dont Migros a en Suisse l’exclusivité, est encore mal connue des consommateurs.
– Ce service est largement pratiqué dans plusieurs pays européens, notamment en Angleterre (système «cash back»).
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