Bisbille autour du grounding de Swissair
Personne ne veut endosser la responsabilité de la déroute de Swissair. Lundi, les responsables de l'UBS et du Credit Suisse ont plaidé non coupables.
Les patrons des deux grandes banques ont été auditionnés lundi par la sous-commission de gestion du Conseil des Etats. Celle-ci enquête en effet sur la débâcle de la compagnie aérienne nationale et plus particulièrement sur les raisons qui ont fait que ses avions ont été cloués au sol le 2 octobre 2001.
Cette sous-commission avait déjà entendu le chef de SAirGroup le 14 février. Celui-ci avait alors déclaré que les avions n’avaient pas pu décoller parce que l’UBS avait refusé de participer à un financement d’urgence de 250 millions (125 millions pour la Confédération et 62,5 pour chacune des deux banques).
Swissair avait assez d’argent
Devant la sous-commission, le patron de l’UBS Marcel Ospel n’a pas vraiment présenté la même version. Il a d’abord rappelé que ce n’était pas sa banque qui avait élaboré le plan Phénix.
Ensuite, Marcel Ospel a démontré que SAirGroup disposait d’assez d’argent. Selon lui, l’entreprise disposait auprès de l’UBS d’un crédit de 35 millions au matin du 2 octobre, alors que les fonds nécessaires pour faire voler les avions étaient de 17 millions par jour. De plus, quelque 75 millions de francs supplémentaires avaient été déposés ce même jour sur un compte fiduciaire de SAirGroup.
L’UBS note enfin que l’appel au secours de SAirGroup (le 29 septembre) est arrivé trop tard. De plus, la première banque du pays ne voulait pas proposer de crédits à fonds perdus, car elle n’aurait pas pu le justifier auprès de ses actionnaires et de ses clients.
«Les causes de l’immobilisation de la flotte sont à rechercher dans le haut degré d’endettement, la désastreuse politique d’acquisition et les pertes opérationnelles de SAirGroup, conclut l’UBS dans un communiqué. Ces facteurs, ajoutés aux négligences que les organes responsables de SAirGroup ont accumulées durant des mois ont conduit à l’insolvabilité de Swissair, sans aucune faute de la part de l’UBS.»
Le Credit Suisse et Swissair démentent
Le patron du Credit Suisse Lukas Mühlemann n’a quant à lui pas été très bavard à l’issue de son passage devant la sous-commission. Il a cependant contesté la version des faits présentée par Marcel Ospel.
De son côté, le porte-parole de Swissair, Rainer Maier, a démenti les chiffres avancés par Marcel Ospel. Selon lui, SAirGroup ne disposait pas de 35 millions au matin du 2 octobre, mais de seulement 4,2 millions.
La sous-commission s’est quant à elle refusée à tout commentaire. Elle va maintenant analyser les résultats déjà obtenus et effectuer de nouvelles auditions ou investigations si nécessaire. Ses conclusions seront publiées d’ici fin juin, ont indiqué les services du Parlement.
Olivier Pauchard, Palais fédéral
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