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Des salaires hors de tout contrôle social

UBS a réduit ses charges en personnel et vu croître son bénéfice. Dans le même temps, la rémunération de son patron a explosé.

Ce type de salaires à sept zéros ne trouvent pas grâce aux yeux de Serge Gaillard, secrétaire général de l’Union syndicale suisse (USS).

UBS a réduit ses effectifs de 4,5% dans le monde et de 4,7% en Suisse. Masse sous gestion et bénéfice ont par contre augmenté significativement, à l’image du salaire de Marcel Ospel, patron de la banque (+5,9 à 17,2 millions de francs!).

Credit suisse Group a dû réduire plus massivement encore ses charges en personnel (-20%). Son résultat financier s’est lui aussi amélioré mais rien n’a été divulgué des salaires de son duo patronal.

D’un côté, les niveaux de salaires versés par les deux banques n’ont pas été touchés par les réductions de coûts, précise Marie France Goy, secrétaire centrale de l’Association des employés de banque (ASEB).

Mais le principe même d’une rémunération à six ou sept zéros ne laisse pas indifférent Serge Gaillard…

swissinfo: Que vous inspire les rémunérations astronomiques que les deux grandes banques versent à leurs dirigeants?

Serge Gaillard: Les salaires supérieurs à 500’000 francs ne sont jamais justifiés. Aucune compétence particulière ne peut expliquer de tels niveaux de rémunération.

Mais ces salaires ne concernent qu’une toute petite frange de dirigeants d’entreprises qui ont échappé au contrôle de la société et qui s’enrichit en dehors de ce contrôle. On les trouve dans les secteurs bancaires, dans la chimie et les assurances.

Ce qui est important pour nous, c’est la transparence. Ensuite, c’est aux actionnaires et aux conseils d’administration de mettre de l’ordre. Car ces salaires ne sont pas dans l’intérêt des entreprises.

swissinfo: Mais on évoque souvent la surenchère des salaires, à laquelle les entreprises ne peuvent échapper pour attirer les meilleurs cadres supérieurs…

S.G: A ce jeu, on a créé deux classes de managers. Mais je ne crois pas à un manque de managers compétents qui justifierait la surenchère.

Ce mouvement s’est développé en échappant à tout contrôle dans les années 90. Bien sûr, il est maintenant difficile de changer les choses.

swissinfo: Justement, que faire pour changer les choses?

S.G: Concrètement, on peut résoudre le problème au moment du prochain changement de dirigeant.

C’est aux actionnaires et au conseil d’administration de le faire. Quoique les administrateurs n’y ont peut-être pas forcément intérêt, étant eux-mêmes bien rémunérés.

Mais au bout du compte, ces salaires touchent à la question des valeurs d’une société. Pour moi, la question mériterait un vrai débat public.

swissinfo, Pierre-François Besson

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