La guerre aux diamants sales progresse
Après Interlaken l'an dernier, Johannesburg accueille les délégués des pays concernés par la lutte contre le trafic des «diamants sales».
But de la réunion: améliorer le système censé empêcher que ces pierres ne servent à financer des conflits.
En novembre 2002, les ministres de 56 pays étaient représentés à Interlaken. La rencontre, co-présidée par l’Afrique du Sud et la Suisse, mettait un point final à deux ans de négociations sur le processus dit «de Kimberley», du nom de la fameuse ville diamantifère sud-africaine.
Avant de quitter l’Oberland bernois, les pays signataires s’étaient engagés à appliquer dès le 1er janvier 2003 un système international de certification des diamants.
Les textes prévoient que tout colis de diamants bruts exportés soit accompagné d’un certificat d’origine. Ce document doit être vérifié par les autorités du pays importateur et du pays exportateur et les pierres doivent être transportées dans un emballage scellé.
Mise en application retardée
A Interlaken déjà, on avait prévu un mois de tolérance (janvier 2003), durant lequel les participants qui n’étaient pas en mesure de fournir des certificats ne seraient pas sanctionnés
Finalement, le délai a été prolongé jusqu’à fin avril, date de la réunion pleinière de suivi, qui s’est ouverte lundi et se termine mercredi à Johannesburg.
«Tous les pays qui se sont engagés à Interlaken ne remplissent pas encore les exigences», reconnaît Roland Vock, responsable du contrôle des exportations au Secrétariat d’Etat à l’économie (seco).
«Le système est jeune et il y a encore de nombreux problèmes à résoudre du point de vue opérationnel, de mise en pratique, de procédure et de données statistiques», explique le délégué de la Suisse à Johannesburg.
Entre optimisme et prudence
Ce qui n’empêche pas Roland Vock de voir l’avenir avec optimisme.
«Nous étions une cinquantaine d’Etats à Interlaken, nous sommes une septantaine à Johannesburg, note le délégué suisse. Nous avançons pas à pas, le but étant de ne pas mettre trop d’entraves à un marché essentiel au développement de certains pays.»
Amnesty International (AI), l’une des ONG représentée à Johannesburg, est plus nuancée. Pour Danièle Gosteli, responsable du domaine économie et droits humains auprès de la section suisse de l’organisation, «le challenge est là, l’essentiel reste à faire».
A l’instar d’autres ONG telles que Global Witness, AI réclame un système indépendant de contrôle.
«Nous ne pouvons pas nous fier uniquement aux déclarations de gouvernements, dont certains sont corrompus. Des certificats peuvent être falsifiés. Il faut donc faire des pointages et pour cela, aller sur le terrain», poursuit Danièle Gosteli.
La Suisse a perdu De Beers
Engagée dès le départ dans le processus de Kimberley, la confédération helvétique fait partie des pays qui appliquent déjà les résolutions prises à Interlaken.
La Suisse a pourtant perdu récemment sa place de troisième marché européen du diamant, après la Belgique et le Royaume-Uni.
A fin 2001 en effet, la maison De Beers a transféré ses activités principales de Lucerne à Londres. Du coup, le volume des diamants transitant par la Suisse a chuté de manière spectaculaire. De deux milliards de francs, la valeur des transactions est passée à six millions.
swissinfo et les agences
-En 2001, la production mondiale de diamants dépassait les 100 000 carats pour une valeur de plus de 11 milliards de dollars
-On estime entre 2 et 4% le volume des «diamants de la guerre» dont la vente est utilisée pour financer des conflits, notamment dans des pays comme l’Angola, le Congo, la Sierra Lerone ou le Liberia.
-Le «Processus de Kimberley» regroupe les pays conernés, des représentants de l’industrie du diamant et des ONG
-A l’avenir, les envois de diamants bruts seront accompagnés d’un certificat d’origine attestant qu’ils ne contiennent pas de «pierres sales»
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