Le secret levé sur les salaires des managers
Les salaires des PDG, des administrateurs et des directeurs des sociétés cotées à la Bourse suisse seront à l'avenir du domaine public.
Le Conseil des Etats, Chambre haute du parlement, a mis mercredi sous toit la révision du code des obligations fixant la transparence des indemnités.
La Chambre haute s’est alignée tacitement sur la Chambre basse (Conseil national), en acceptant de supprimer une clause qu’elle avait elle-même introduite. Les sociétés concernées ne devront donc pas inscrire dans leurs statuts des dispositions sur la fixation des indemnités du conseil d’administration.
Le Conseil national avait estimé que cette mesure n’était qu’un alibi permettant de reporter de deux ans l’entrée en vigueur des nouvelles dispositions. Mais elle avait pour le reste accepté de réduire la portée de la révision.
300 sociétés touchées
La plupart des quelque 300 sociétés cotées devront néanmoins faire preuve d’une plus grande transparence à l’avenir. Aujourd’hui, elles se contentent généralement d’appliquer le système d’autorégulation fixé par la Bourse suisse, qui prévoit uniquement la publication du montant global des rémunérations des membres du conseil d’administration.
Désormais, les entreprises concernées devront indiquer dans leur annexe du bilan toutes les indemnités touchées directement ou indirectement par les administrateurs, ainsi que leurs participations dans la société.
Au niveau de la direction, seuls l’enveloppe globale et le salaire le plus élevé devront être rendus publics. Le Parlement a renoncé à exiger la publication des rémunérations individuelles de chaque membre de la direction.
Quant aux indemnités ou aux prêts versés aux proches des administrateurs ou aux anciens membres des organes dirigeants, ils ne devront être affichés que s’ils ne sont pas conformes à la pratique du marché.
Plus de 20 millions par année
Selon une étude de l’hebdomadaire économique Handelszeitung, les administrateurs des grandes sociétés suisses ont vu leurs rémunérations augmenter en moyenne de 73’000 francs en 2005, ce qui représente une «indexation» de 7%.
Selon le magazine, qui a examiné la situation de 317 entreprises, c’est le Credit Suisse, la seconde banque du pays, qui est la plus généreuse avec les membres de son conseil d’administration. Elle leur verse en moyenne 680’000 francs par année, contre 510’400 francs pour le géant de la chimie Novartis et 430’330 francs pour le géant de l’alimentation Nestlé.
Si ces trois groupes payent leurs administrateurs en cash et en actions, les trois quarts des sociétés examinées versent uniquement du cash. En outre, ces rémunérations ne sont que rarement liées aux succès commerciaux de l’entreprise.
Quant aux présidents de conseils d’administration, les mieux payés de Suisse sont ceux du groupe bancaire UBS Marcel Ospel et de Novartis Daniel Vasella, avec plus de 20 millions de francs annuels. En troisième position, Walter Kielholz, du Credit Suisse, doit se contenter de 12 millions.
swissinfo et les agences
Les présidents de conseil d’administration les mieux payés de Suisse:
Marcel Ospel, UBS, 21’273’000 francs suisses
Daniel Vasella, Novartis (également président de la direction), 20’786’300.-
Walter Kielholz, Credit Suisse, 12 millions
Peter Wagner, Vontobel, 4’800’500.-
Alfred Schindler, Schindler (également président de la direction), 4’599’400.-
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