Les secrets d’une entreprise populaire
Nestlé connaît le Brésil et presque tous les Brésiliens connaissent la multinationale basée à Vevey.
Pour en savoir plus sur la filiale brésilienne du géant suisse de l’alimentation, swissinfo a rencontré son PDG, Ivan Zurita.
Nestlé compte 25 fabriques au Brésil et y emploie 15’000 personnes. Il y a 82 ans que le groupe suisse est présent dans ce pays.
En termes de volumes de ventes, la filiale brésilienne arrive au second rang du groupe, derrière la filiale américaine. Ces bons résultats ont été obtenus malgré la grave crise économique et sociale que connaît encore le Brésil.
L’influence de Nestlé Brésil est telle que tout président de la République, ministre ou gouverneur connaît personnellement Ivan Zurita.
Pour parler de cette «sucess story», l’intéressé a reçu swissinfo dans son vaste bureau du 18e étage du siège de Nestlé Brésil, à São Paulo. Interview.
swissinfo: Quand avez-vous commencé à travailler pour Nestlé?
Ivan Zurita: J’étudiais l’économie à l’Université Mackenzie, à São Paulo. Ma faculté exigeait des stages en entreprise. Je suis donc venu chez Nestlé pour un stage de six mois. Et, finalement, j’y suis depuis maintenant trente ans.
swissinfo: De quel genre de stage s’agissait-il?
Ivan Zurita: De recherche de marchés, du porte à porte. Ensuite, je suis passé par les départements du marketing et de la communication. J’ai étudié le commerce à New York et l’administration à Lausanne, mais je ne suis jamais sorti de Nestlé.
swissifo: Comment avez-vous quitté le Brésil?
Ivan Zurita: J’étais actif dans le secteur commercial, ici à São Paulo. J’ai été envoyé au Chili pour y monter un projet d’acquisition d’entreprise.
Ensuite, j’ai travaillé en Argentine, en Amérique centrale, où Nestlé était bien implanté, puis au Mexique, déjà en qualité de PDG.
Après 17 ans passés à l’étranger, je suis finalement rentré au Brésil, il y a trois ans. Je peux dire que je connais bien Nestlé en Amérique latine.
swissinfo: Après une telle carrière, l’étape suivante consiste généralement à entrer dans la direction générale du groupe à Vevey, n’est-ce pas?
Ivan Zurita: C’est une question qu’il faut poser à la direction générale. C’est elle qui décide. Mais je suis très content d’être rentré au Brésil, car nous avons beaucoup de projets ici.
Quand j’étais au Mexique, nous dépassions les résultats de Nestlé Brésil. Mais, récemment, Nestlé Brésil est repassée en tête.
Notre filiale brésilienne est en seconde position mondiale, en termes de volumes de ventes. Seule la filiale américaine fait mieux. Pour cette année, nous prévoyons un chiffre d’affaires de 3,3 milliards de dollars.
swissinfo: Le potentiel de croissance au Brésil reste très grand.
Ivan Zurita: Une entreprise qui produit des aliments de peut pas admettre de travailler dans un pays où il y a des gens qui ont faim. Au Brésil, 40 millions de personnes sont en marge de la société de consommation.
Nous devons contribuer à changer la situation, mais il est vrai que le potentiel est énorme. Le Brésil est un pays difficile et complexe, mais passionnant. Il m’enthousiasme.
swissinfo: Le moment est-il propice?
Ivan Zurita: Nestlé ne fait pas de politique. Elle n’agit pas pour ou contre les gouvernements, mais à leurs côtés. Je pense que les réformes en cours vont dans la bonne direction. Je suis très optimiste.
swissinfo: Quel est le secret de Nestlé?
Ivan Zurita: Notre ligne de conduite à toujours été de produire des aliments de qualité pour le plus grand nombre de consommateurs possible. C’est pour cela que nous devons rester très proches d’eux. Nestlé Brésil a le goût du Brésil et une bonne partie des Brésiliens ont aussi le goût de Nestlé.
Notre autre grand principe est de ne pas importer de matières premières. Nous sommes le plus grand acheteur de produits agricoles au Brésil.
swissinfo: Comment faites-vous pour connaître le consommateur ?
Ivan Zurita: Nous avons une centrale téléphonique qui reçoit 10’000 appels par jour. Nous avons aussi reçu 75 millions de lettres lors d’une campagne que nous avons lancé l’année dernière.
Nos enquêtes montrent que nous avons un taux de pénétration de 94% dans les foyers brésiliens. Nous vivons une globalisation des marchés, mais pas des consommateurs.
swissinfo: On parle depuis quelque temps de responsabilité sociale des entreprises. Que fait Nestlé dans ce domaine?
Ivan Zurita: Au Brésil, il y a 220’000 familles qui vivent directement ou indirectement des salaires versés par Nestlé.
Nous avons aussi différents projets, notamment celui d’enseigner les bases d’une alimentation correcte dans les écoles. Nos employés participent à ce projet sur une base volontaire. Nous leur laissons deux heures de libre par semaine pour le faire.
Signalons enfin que nous participons, entre autres, au programme «Faim zéro» lancé par le président Lula.
swissinfo, Claudinê Gonçalves, São Paulo
(Traduction: Olivier Pauchard)
– Ivan Zurita est né à Araras, dans l’Etat de São Paulo. Araras est la ville où Nestlé a établi sa première fabrique brésilienne, il y a 82 ans. Cette fabrique se trouve dans l’avenue Zurita, nommée ainsi en l’honneur du grand-père d’Ivan.
– Ivan Zurita est entré dans l’entreprise lors d’un stage de six mois qu’il a effectué dans le cadre de ses études en économie à l’Université Mackenzie de São Paulo. Il y est finalement resté plus de trente ans.
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