Miches et croissants suisses à Hong Kong
Les délégués de l'OMC n'ont pas seulement faim de résultats mais aussi de pain et pâtisseries. Numéro un du secteur en ville, un Suisse répond à ce besoin.
Membre de la communauté suisse de Hong Kong, Gérard Dubois est patron-fondateur de La Rose Noire, une entreprise qui regarde vers la Chine.
Moins frugaux que le directeur général de l’OMC, connu pour se doper à la banane et au pain complet, les 11’000 bipèdes débarqués à Hong Kong pour la Conférence ministérielle de l’organisation consomment des tonnes de produits de boulangerie-pâtisserie.
C’est le plus souvent à un Suisse qu’ils le doivent. Ou plus précisément, à un Suisse de Hong Kong et ses 200 employés locaux. Gérard Dubois est patron-fondateur de La Rose Noire, numéro un du secteur en ville.
Un laboratoire taille XL
Fournissant 47 hôtels – «la quasi-totalité des trois, quatre et cinq étoiles de Hong Kong» – Gérard Dubois alimente aussi 150 restaurants, une vingtaine de clubs privés, des supermarchés, et même quinze compagnies aériennes.
Chaque jour, près de 500 produits de pâtisserie fine et de boulangerie sortent de son laboratoire, taille XL, situé à l’ouest de Kowloon (partie continentale de la ville).
Et chaque jour aussi, entre six et sept tonnes de farine sont englouties dans ses bretzels, croissants, pains bio, muffins, mille-feuilles, madeleines, quiches, pièces montées et autres gâteaux de… Noël.
Trois fois plus de temps
Ceci dit, vu l’effet d’attraction de la métropole financière tout au long de l’année, la conférence de l’OMC, c’est «business as usual» pour le Suisse. La normalité ou presque.
«Pour livrer, nous prenons trois fois plus de temps, explique Gérard Dubois. Il est difficile d’approcher les hôtels en raison des mesures de sécurité. Deux camions de livraison sont en stand by constant. Si un chef m’appelle d’urgence, j’envoie un autre camion passer par une autre entrée de l’hôtel en question.»
Solidaire, Gérard Dubois ne voit pas moins en la présence de la conférence de l’OMC une «chance pour Hong Kong de prouver sa dimension de cité internationale du business.»
Un nouvel «Ouest sauvage»
«Les forces de l’ordre sont sur la retenue, poursuit-il. L’objectif: pas de violence. Pour donner un signal au monde mais aussi à la Chine.»
A Hong Kong, avec son épouse chinoise et ses deux enfants, Gérard Dubois est chez lui. Mais il est aussi présent en République populaire. Un autre monde, une mentalité à mille lieues, une nouvel «Ouest sauvage!», selon le Vaudois, où il faut savoir faire profile bas et respecter les usages locaux…
A Dongguan, ville de 12 millions de bouches à moins d’une heure et demi de train de Hong Kong, Gérard Dubois vient d’ouvrir une usine de fabrication ultramoderne à 3 millions de dollars américains, où il emploie 150 collaborateurs.
Des tresses à l’âge de huit ans
Toujours mû par l’extrême flexibilité qui fait sa force, il sait que là-bas, il peut tout perdre en une heure. Mais il tient à ce marché en devenir. Alors il pose ses pions. Shanghai, Pékin et d’autres villes de plusieurs millions d’habitants ne figurant même pas sur la carte.
«A Séoul, j’ai vu le changement avant et après les Jeux Olympiques. Avec les JO de Pékin (2008) et l’Exposition universelle de Shanghai (2010), il faut être présent en Chine. Ça va être le boum!»
La saga personnelle de Gérard Dubois a commencé avec ses premières tresses à l’âge de huit ans. Il apprend la pâtisserie-confiserie-boulangerie dans les Alpes vaudoises puis à Zurich.
Engagé par un grand groupe hôtelier, il gagne Londres, puis Istanbul, Guam, le Japon, Shanghai, avant de prendre la responsabilité du secteur pâtissier du groupe pour l’Asie.
Une vie de Mille-feuilles
«En Suisse, j’aurais fait des mille-feuilles tous les jours. Dans une petite pâtisserie, on vous demande toujours les mêmes produits. Responsable pâtisserie pour l’Asie chez Hilton, je ne pouvais pas aller beaucoup plus loin. Je me suis donc mis à mon compte.»
Le Vaudois franchit le pas en 1991, avec guère plus que la plus-value sur la vente de ses appartements successifs en poche. Mais très vite, il s’impose, pariant sur une qualité très suisse.
Affamé, Gérard Dubois l’est assurément. Ce qui tombe bien dans son métier.
swissinfo, Pierre-François Besson à Hong Kong
La 6e Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) se déroule à Hong Kong jusqu’au 18 décembre.
L’ex-joyaux de l’Empire britannique accueille une colonie suisse forte de plus de 1300 membres.
La grande majorité travaillent dans le secteur bancaire et les assurances, l’horlogerie, la chimie, les machines et l’hôtellerie.
Une colonie particulièrement jeune du fait du tournus rapide de ses membres, indique le consul général François Barras.
– Gérard Dubois est vice-président du Swiss Business Council in Hong Kong (SBC). Une organisation qui a notamment pour vocation de promouvoir et représenter les intérêts des milieux d’affaires suisses de Hong Kong.
– Fort de plus d’une centaine de membres, dont les grandes banques et les principales multinationales helvétiques, le SBC sert aussi de plateforme d’échanges et de mise en réseau.
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