Tessin – Italie: ouverture sur fond de polémique
L'entrée en vigueur des accords bilatéraux n'a pas changé grand chose à la vie des Tessinois.
Côté italien par contre, on accuse la Suisse – pays de hauts salaires – de profiter de cette ouverture pour assécher le marché local du travail.
Au Tessin, aucun des changements induits par l’entrée en vigueur des accords bilatéraux n’est actuellement perceptible dans la vie quotidienne du canton.
«Soit les accords n’ont pas encore d’effets, soit nous ne les avons pas perçus», estime Rico Maggi, directeur de l’Institut d’études économiques de l’Université de Lugano.
Avant la date fatidique, les craintes étaient pourtant vives. Autorités, syndicats et patronat s’étaient soigneusement préparés, en nommant une commission tripartite chargée d’observer les effets de la libre circulation des personnes sur le marché de l’emploi tessinois.
L’attrait du salaire
Environ 37 000 Italiens franchissent quotidiennement la frontière pour travailler en Suisse. Comme l’introduction de la libre circulation sera très progressive, ce chiffre devrait rester stable dans les mois à venir.
Il faudra attendre 2007 pour voir disparaître définitivement les zones frontalières. Le marché de l’emploi tessinois s’étendra alors de fait jusqu’à Milan.
Pour l’instant, le trafic transfrontalier cause davantage de souci aux provinces italiennes de Côme et de Varese qu’au Tessin. Les artisans et les hôpitaux se plaignent de voir la Suisse et ses hauts salaires attirer les meilleurs employés.
Une tempête dans un verre d’eau
Le président de la chambre de commerce de Côme, Marco Citterio, a déjà fait état de son agacement à l’égard de la Suisse dans les médias.
Selon lui, le Tessin ne respecte pas les accords bilatéraux et les artisans italiens sont boycottés et mal informés. Marco Citterio a annoncé son intention de se plaindre directement à Bruxelles.
Côté suisse, ces accusations font plutôt sourire. «Les Italiens ne se donnent pas la peine d’étudier le contenu des accords bilatéraux», estime Edo Bobbià, membre de la commission tripartite canton – syndicats – patronat.
Et d’ajouter: «les critiques de M. Citterio sont à ce point infondées qu’on va éclater de rire à Bruxelles – si toutefois le dossier arrive jusque-là.»
De son côté, la Chambre tessinoise du commerce et de l’industrie expliquera le 17 septembre prochain lors d’un congrès à Varese le contenu et la portée des accords.
Pour son directeur Claudio Camponovo, ils sont à l’évidence «une chance, tant pour la Suisse que pour l’Italie».
swissinfo/Gemma d’Urso à Lugano
37 000 Italiennes et Italiens viennent travailler tous les jours au Tessin
Jusqu’ici, ce chiffre est resté stable
En 2007, le bassin de recrutement des entreprises tessinoises s’étendra potentiellement jusqu’à Milan
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