Une généalogie mouvementée
Après avoir servi le monde rural et l'armée suisse, le cheval des Franches-Montagnes se convertit à la balade. Une nouvelle vocation soutenue par une stricte sélection génétique.
«Dans les Franches-Montagnes, l’élevage chevalin est une passion qui se transmet de père en fils», dit Vincent Wermeille, agriculteur et éleveur de chevaux à Saignelégier.
Et de poursuivre: «Je connais pas mal de jeunes agriculteurs qui auraient déjà abandonné la partie s’il n’y avait pas les chevaux».
Un patrimoine national
«Il y a plus de 150 ans que nous sélectionnons patiemment la race, raconte Vincent Wermeille. C’est un héritage que nous tenons à préserver.»
Plus que tout autre éleveur du cru, il a de bonnes raisons d’être attaché à ce patrimoine. «Vaillant», l’un des plus illustres étalons des Franches-Montagnes, est en effet né dans le domaine familial. C’était en 1890.
«Le registre généalogique de la race reconnaît deux grands géniteurs, rappelle-t-il: Il s’agit de Vaillant et Imprévu. Et on considère que 90% des chevaux Franches-Montagnes sont issus de l’une ou de l’autre de ces lignées.»
La seule race 100% suisse
Au début du 20e siècle, le haras fédéral a été chargé d’établir le stud-book – autrement dit le registre généalogique de la race. Depuis, les Franches-Montagnes sont soumis à une stricte sélection génétique.
«Il y a eu très peu de croisement avec des chevaux étrangers, assure Vincent Wermeille. Et l’on considère aujourd’hui que le Franche-Montagne est la seule race 100% helvétique.»
Une race qui n’a pas manqué de se transformer au fil du temps et des besoins.
Dans les années 30, la sélection génétique visait à satisfaire les besoins de l’agriculture et de l’armée. On recherchait alors à développer des chevaux trapus, capables de tirer de lourdes charges.
Mais, avec la mécanisation, les éleveurs ont compris qu’il fallait réorienter leur production. Le Franche-Montagne a alors gagné en finesses et en légèreté.
«Heureusement, poursuit Vincent Wermeill. Car, aujourd’hui, en Europe occidentale, le Franche-Montagne compte parmi les rares chevaux de trait légers.»
Un atout majeur pour un cheval qui, après avoir servi l’armée et le monde agricole, est aujourd’hui courtisé par la société des loisirs.
La corpulence moyenne et la docilité légendaire du Franche-Montagne en font en effet un cheval convivial et idéal pour la balade.
Préserver la race
Des caractéristiques que les éleveurs entendent désormais jalousement préserver.
«Il y a quelques années, nous avons croisé des Franches-Montagnes avec des demi-sang», confie le président de la Fédération Suisse d`élevage du cheval de la race des Franches-Montagnes.
«La race a pris de la hauteur et de l’élégance, estime Henri Spychiger. Mais ces métissages risquaient aussi d’altérer le bon caractère de notre cheval.»
«Pour préserver ses particularités, dit-il, nous avons donc décidé en 1990 de ne plus autoriser les croisements avec des chevaux étrangers.»
Deux tiers de l’élevage suisse
Pour autant, les éleveurs n’ont pas cessé d’améliorer la race. Mais, ils se contentent désormais de croiser les diverses lignées inscrites au registre généalogique.
Et c’est lors des concours équestres que les professionnels identifient les spécimens dont les caractéristiques génétiques garantiront au mieux l’avenir de la race des Franches-Montagnes.
Une race qui représente les deux tiers de l’élevage chevalin helvétique. «10’000 Franches-Montagnes sont inscrits au stud-book, précise Henri Spychiger. On estime toutefois que la population réelle est de 15’000 à 20’000 spécimens.»
swissinfo/Vanda Janka
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.