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Vache folle, le savoir-faire suisse s’exporte

Un seul cas de vache folle a suffi à ébranler la confiance des consommateurs américains. Keystone

Considérée comme un modèle dans la lutte contre la maladie de la vache folle par les Nations unies, la Suisse met ses experts à la disposition des Etats-Unis.

Dans le même temps, la société zurichoise Prionics vend son test rapide de dépistage de l’ESB aux Canadiens.

Le 23 décembre, les Etats-Unis annoncent le premier cas d’encéphalite spongiforme bovine (ESB) détecté sur leur territoire. Depuis cette date, plus de 30 pays ont banni la viande de bœuf américaine et les prix ont chuté de 50%.

La réaction ne s’est pas fait attendre: trois troupeaux ont immédiatement été mis en quarantaine et 450 bêtes seront abattues.

Parallèlement, les Etats-Unis s’apprêtent à recevoir un groupe d’experts chargé de faire des recommandations sur leur programme de lutte contre la maladie.

Deux experts suisses

Parmi ces quatre spécialistes de la vache folle, on compte un Néo-Zélandais, un Américain et deux Suisses.

Il s’agit de Dagmar Heim, cheffe de la lutte contre l’ESB à l’Office vétérinaire fédéral (OVF), et d’Ulrich Kihm, ancien directeur du même OVF, qui travaille aujourd’hui comme expert au niveau international.

«En Suisse, nous avons eu des cas d’ESB depuis 1990, explique Dagmar Heim. Nous avons donc une certaine expérience, et pas seulement sur le plan théorique. Je crois donc que nous pouvons réellement aider les Américains à éviter certaines erreurs».

Les quatre experts sont attendus pour deux jours aux Etats-Unis à partir du 22 janvier. Sur place, ils analyseront la surveillance de l’ESB, la lutte contre cette maladie et la protection des consommateurs. Ils élaboreront ensuite des recommandations pour les autorités américaines.

Au début 2003, la même équipe avait déjà séjourné au Canada pour une mission similaire.

Expertise reconnue

La présence de deux Suisses au sein de cette équipe n’a rien d’étonnant. L’expertise helvétique dans le domaine de la lutte contre l’ESB est en effet largement reconnue.

La FAO, l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, soutient déjà la collaboration entre la Suisse et plusieurs pays d’Europe orientale, d’Afrique et d’Amérique latine.

Et au début de cette semaine, un communiqué de l’agence onusienne désignait la Suisse comme «le pays qui a réussi à surmonter une crise d’ESB».

«Pour nous, la Suisse est presque le modèle du pays qui a adopté la bonne politique pour lutter contre cette maladie», renchérit Andrew Speedy, de la division production animale et santé de la FAO.

Gros marchés pour Prionics

Par ailleurs, la société Prionics, à l’origine d’un test rapide de dépistage de la maladie, annonce sur son site internet avoir été choisie par l’Agence canadienne d’inspection des aliments comme partenaire de surveillance de l’ESB.

Ce sont donc ses tests qui seront désormais utilisés pour les contrôles de routine au Canada. Au niveau mondial, la start-up zurichoise fournit déjà près de la moitié des tests de dépistage, ce qui correspond à plus de 18 millions de vaches testées.

Prionics n’a pas voulu communiquer le chiffre d’affaires qu’elle peut attendre du marché canadien. Mais selon le quotidien zurichois Tages-Anzeiger, ses ventes annuelles avoisineraient déjà les 70 millions de francs suisses.

Stephanie Musshafen, porte-parole de Prionics, n’a toutefois pas voulu confirmer ce chiffre. En revanche, elle a admis que des discussions étaient en cours avec les autorités américaines, qui pourraient encore durer plusieurs mois.

Et le Tages-Anzeiger estime le potentiel du marché américain à environ 100 millions de francs.

swissinfo et les agences

– En 2003, 21 cas d’ESB ont été signalés en Suisse, sur 26’000 animaux testés. Ce chiffre marque un recul par rapport à 2002 (24 cas) et surtout à 2001 (42 cas)

– Les cas apparus en 2003 concernent pour la plupart des animaux nés entre 1996 et 1999. Mais un cas a aussi été décelé sur une vache née en 2000.

– Selon l’Office vétérinaire fédéral, l’interdiction totale des farines animales, en vigueur depuis 2001, était donc absolument nécessaire. Les mesures prises précédemment ne suffisaient en apparence pas.

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