La synagogue de Lugano incendiée
Le lieu de culte a en partie brûlé dans la nuit de dimanche à lundi. Il s'agit d’une première depuis au moins vingt-cinq ans en Suisse.
Un magasin tenu par un juif a également été incendié dans la même ville. Selon la police, les deux cas ont une origine criminelle.
La bibliothèque et de la salle d’études situées dans la partie postérieure du sanctuaire juif ont été complètement détruites par le feu, indique Mauro Gianinazzi, chef des pompiers.
Selon un représentant de la communauté juive de Lugano, le ou les auteurs du sinistre ont brisé les vitres du bâtiment et jeté des cocktails molotov à l’intérieur.
L’incendie s’est en fait déclaré peu avant minuit – La police a été avertie à 23h45. Grâce à leur rapide intervention, les pompiers sont parvenus à éteindre les flammes avant qu’elles ne se propagent à l’extérieur de la synagogue.
Un locataire de la maison voisine raconte pour sa part avoir entendu une «forte explosion», ajoutant qu’il avait déjà alerté la police par le passé à cause d’allées et venues suspectes durant la nuit, aux abords du temple juif.
Une heure plus tard…
Environ une heure après l’incendie de la synagogue, un second feu s’est déclaré à moins d’un kilomètre de là, au centre-ville. Un commerce de vêtements et tissus, géré par un négociant juif a été visé. Comme dans le premier cas, l’incendie s’est très rapidement propagé.
La famille du négociant établit un lien évident entre les deux incendies. Son épouse souligne en effet leur appartenance à la communauté israélite de la ville.
Selon la police, les dommages sont élevés et le mode opératoire similaire dans le deux cas. Le Ministère public tessinois a ouvert une enquête
Président chef de la communauté israélite de Lugano et conseiller communal Elio Bollag, ne cache sa consternation: «Je suis à la fois bouleversé et irrité qu’une telle chose se soit produite dans ma ville. Il ne s’agit pas seulement d’un acte clairement antisémite mais d’un geste stupide et gratuit que rien ne laissait prévoir.»
Une première depuis 25 ans
Si son caractère antisémite est confirmé, ce double incendie criminel est le plus grave attentat de ce genre perpétré en Suisse depuis le meurtre d’un rabbin en 2001, à Zurich.
Le journaliste Hans Stutz tient une chronologie des incidents racistes en Suisse pour la Fondation contre le racisme et l’antisémitisme. Il ne se souvient pas d’autres incendies de ce type contre des bâtiments juifs au cours des 25 ans écoulés.
Par contre, des graffitis antisémites sont légion: sur les murs de la synagogue de Lausanne en 2003, de Genève en 1998, de Lugano en 1996. Mais aussi au cimetière de Endigen (canton d’Argovie), et récemment, sur les églises de Ollon (canton Vaud) et de Peseux (Neuchâtel).
Dans les années 90, les cimetières juifs de Zurich, Berne et St-Gall avaient été profanés. En 1997, des inconnus ont même lancé un cocktail molotov contre l’enceinte d’un immeuble où habitait notamment le secrétaire de la communauté juive de Vezia (Tessin).
Le plus grave crime anti-juif de l’après-guerre en Suisse date du 7 juin 2001 à Zurich. Un rabbin israélien de 70 ans avait alors été abattu dans la rue. L’auteur de cet acte n’a jamais été retrouvé
swissinfo et les agences
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