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Un Suisse sur dix est antisémite

Une tombe juive profanée: c'était en 2005 à La Tour-de-Peilz (Vaud). Keystone

Une grande majorité de la population suisse respecte la minorité juive. Selon une étude de l'Institut gfs, un habitant sur dix est antisémite.

Mais les avis sont critiques face à Israël. Plus de la moitié des personnes interrogées estiment que l’Etat hébreu est dirigé par des fanatiques religieux qui veulent anéantir les Palestiniens.

Même si les juifs sont en Suisse aujourd’hui «encore victimes de stéréotypisations, ces dernières sont toutefois dans leur majorité teintées positivement».

C’est la conclusion de l’étude «Attitudes anti-juives et anti-israéliennes en Suisse», publiée vendredi par l’Institut de recherche gfs.berne, sous le patronat de la Commission fédérale contre le racisme (CFR) et en collaboration avec l’hebdomadaire judaïque «Tachles».

«Nous avons enfin des réponses significatives et différenciées. Des études du genre sont souhaitables sur les attitudes de rejet à l’encontre des musulmans et des gens du voyage», a indiqué Georg Kreis, président de la Commission fédérale contre le racisme.

Respect d’abord

Ainsi, fondamentalement, la minorité juive en Suisse est considérée avec respect: 55% des personnes interrogées se sont exprimées dans ce sens. Mais 45% regrettent que les juifs choisissent de s’isoler délibérément du reste de la population.

Les théories de complot ne trouvent guère de soutien: 49% des sondés ne croient pas à un ascendant juif sur les événements dans le monde. Ils sont même 72% à penser qu’il n’y a pas d’influence juive sur les événements en Suisse.

Enfin, 29% estiment que la Suisse a été soumise au chantage d’organisations juives lors du débat sur son attitude pendant la Deuxième Guerre mondiale. Une majorité ne voit donc plus ou pas la Suisse comme une victime, relève gfs.bern.

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Critiques envers Israël

L’image de l’Etat hébreu est plus critique. Israël est majoritairement perçu comme un Etat normal à qui l’on doit du respect. Mais la déception et l’incompréhension surgissent lorsqu’il est question du conflit palestino-israélien.

54% des sondés estiment qu’Israël est gouverné par des fanatiques religieux et 50% voient en lui Goliath engagé dans une guerre de destruction contre la population palestinienne. 15% se disent déçus, sans toutefois éprouver des sentiments négatifs à l’égard des juifs.

Dix pour cent de trop

L’étude conclut que plus d’un quart des sondés (28%) tend à partager les clichés anti-juifs et que 10% des Suisses sont antisémites. Les personnes avec une formation scolaire minimale, à bas revenu, de droite, sans juifs parmi leurs connaissances personnelles ou habitant la campagne sont surreprésentées dans cette catégorie.

«Le meilleure moyen de lutter contre l’antisémitisme est de mieux faire connaître le judaisme», a notamment déclaré Alfred Donath, président de la Fédération suisse des communautés israélites (FSCI). Et de s’inquiéter de ce taux de 10% d’antisémites, un chiffre peut-être modeste mais qui est resté constant ces dernières années.

Contre les dérives

Enfin, 37% des personnes sondées ont une attitude foncièrement positive envers leurs concitoyens juifs. Dix pourcent ne peuvent être classés parce que leurs réponses se sont révélées indécises.

L’étude conclut que la majorité de la population est favorable à la lutte contre les dérives de l’antisémitisme. Ainsi, les actes d’antisémitisme doivent être poursuivis pénalement. La majorité de la population est favorable à la norme antiraciste.

L’antisémitisme apparaît le plus souvent sous la forme de clichés négatifs repris en bloc et d’opinions systématiquement défavorables. Les opinions critiques à l’égard de la politique d’Israël dans son conflit avec la Palestine ne peuvent pas être assimilées à de l’antisémitisme.

Précédente étude

En 2000, une précédente étude de gfs.bern avait conclu que la part des antisémites dans la population se montait à 16%. Les résultats des deux études ne peuvent cependant pas être comparés facilement.

A l’époque, les personnes interrogées devaient notamment dire si elles considéraient comme trop grande l’influence des juifs dans le monde et si d’après elles les juifs exploitaient la mémoire de l’Holocauste.

swissinfo et les agences

Les experts sur l’antisémitisme ont conduit 18 interviews-tests. Le questionnaire a été conçu par deux experts externes.

Pour le sondage, 1030 personnes suisses et non suisses de tout le pays ont été interrogées entre le 5 et le 15 février. La marge d’erreur est de plus ou moins 3,1%.

L’Institut gfs.bern mène des tâches de recherche appliquée dans les domaines de la politique, de la communication et des sujets de société. Il est responsable, sur mandat de SRG SSR Idée suisse, des sondages et analyses liés aux votations et aux élections fédérales.

«C’est l’une des études les plus détaillées que je connaisse sur ce thème complexe», indique Werner Bergmann, du Centre de recherche sur l’antisémitisme de Berlin.

«C’est une excellente étude. L’analyse est très développée et dégage bien les différents aspects de l’antisémitisme», réagit Alfred Donath, président de la Fédération suisse des communautés israélites (FSCI).

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