L’araignée paon mâle sait moduler la lumière
(Keystone-ATS) Pour séduire les femelles, l’araignée paon mâle Maratus splendens affiche la couleur. Des chercheurs fribourgeois et néerlandais ont découvert qu’elle utilise non seulement des pigments, mais aussi un procédé unique de couleurs structurelles.
De nombreux organismes ont développé des couleurs structurelles dans la nature, explique Bodo Wilts, chercheur à l’Institut Adolphe Merkle de l’Université de Fribourg (UNIFR) et coauteur de ces travaux. Leur spécificité est que même de minuscules changements à l’échelle du nanomètre modifient fortement les teintes, ce qui n’est pas le cas avec des pigments.
« L’évolution a permis de développer de nombreux mécanismes pour créer des couleurs structurelles, mais ceux de l’araignée paon semblent être uniques en leur genre », explique le spécialiste, cité mercredi dans un communiqué de l’UNIFR.
Grâce à l’utilisation de techniques optiques et anatomiques de pointe, les chercheurs ont pu caractériser les propriétés des écailles de manière détaillée. Ils ont ainsi montré qu’elles tirent leurs couleurs de différents pigments chimiques, à l’exception des écailles bleues.
Celles-ci sont en effet non pigmentées (ou transparentes) et présentent une couleur structurelle, créée par un système photonique complexe, composé de deux couches de chitine – une molécule de la famille des glucides qui constitue le matériel de base des insectes et des araignées – séparées par une couche d’air.
Ecrans de télévision
C’est sur la face interne de ces couches que les chercheurs ont découvert un déploiement de filaments qui modulent la lumière, permettant ainsi cette étonnante couleur bleue.
Selon les chercheurs, l’araignée semble avoir optimisé la quantité de matériau pour refléter la lumière bleue. Cette capacité à modifier les couleurs structurellement pourrait être mise à profit, par exemple, pour la fabrication d’écrans de télévision ou de panneaux solaires plus performants.
Les chercheurs pensent également que l’araignée paon est capable de détecter la gamme complète des couleurs, une capacité qui fait l’objet d’études en cours. Ces travaux, auxquels ont également participé des chercheurs de l’Université de Groningue (NL), sont publiés dans la revue britannique « Royal Society Interface ».