La contraception pas pour les musulmans, selon Erdogan
(Keystone-ATS) « Aucune famille musulmane » ne peut accepter la contraception et le planning familial, a estimé lundi le président turc Recep Tayyip Erdogan. Il en a appelé aux mères pour accroître le nombre de Turcs.
« Je le dis clairement (…) Nous allons accroître notre descendance », a déclaré M. Erdogan lors d’un discours à Istanbul. « On nous parle de contraception, de planning familial. Aucune famille musulmane ne peut avoir une telle mentalité ».
« Ce que dit mon Dieu, ce que dit mon cher prophète, nous irons dans cette voie », a poursuivi le chef de l’Etat turc: « Dans ce cadre, le premier devoir appartient aux mères. »
La femme, « d’abord une mère »
Le président turc est un habitué des déclarations à l’emporte pièce. Il avait déjà assuré que les femmes devaient avoir au moins trois enfants, critiqué l’avortement décrit comme un « crime contre l’Humanité », et dénoncé la « trahison contre des générations de Turcs » que représente à ses yeux le planning familial.
« Je sais qu’il y en aura encore qui en seront gênés, mais pour moi la femme est avant tout une mère », avait déclaré M. Erdogan à l’occasion de la Journée des droits des femmes, le 8 mars.
« Déclarations moyenâgeuses »
L’opposition et les mouvements féministes turcs reprochent au régime du président islamo-conservateur, au pouvoir depuis 2002, d’entretenir les violences contre les femmes avec des préjugés religieux.
La présence d’une seule femme -Fatma Betül Sayan Kaya, au ministère de la Famille- dans le nouveau gouvernement turc du Premier ministre Binali Yildirim a également été critiquée.
« Vous ne pourrez pas usurper notre droit à la contraception, ni nos autres droits, avec vos déclarations moyenâgeuses. Nous défendrons nos droits », a déclaré lundi sur Twitter le collectif « Kadin Cinayetleri », qui milite contre les violences faites aux femmes.
M. Erdogan, père de quatre enfants, deux filles et deux garçons, a déjà émis des propositions pour limiter le droit à l’avortement et la pilule du lendemain.
Accès à l’emploi
La Première dame de Turquie, Emine Erdogan, s’est quant à elle illustrée dimanche en défendant l’accès à l’emploi des femmes. « L’indicateur le plus révélateur de l’intégration des femmes dans la vie économique, c’est l’emploi », a-t-elle déclaré, exhortant les autorités à faire plus pour « assurer l’égalité sociale entre les genres ».
La population turque a connu une croissance exponentielle ces dernières années. Le pays compte aujourd’hui environ 79 millions d’habitants.