Mer de Chine: Tokyo intensifie la pression sur Pékin
(Keystone-ATS) Tokyo s’est efforcé samedi, au sommet Europe-Asie (Asem) d’Oulan-Bator, d’intensifier la pression sur Pékin. Le gouvernement japonais veut que le régime chinois respecte le récent arbitrage international désavouant ses prétentions en mer de Chine du Sud.
A l’occasion d’une « retraite » autour de la capitale mongole, le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, a rappelé devant les dirigeants étrangers rassemblés pour l’occasion « le principe universel » des règles de droit, selon l’agence nippone Jiji.
Il a ensuite insisté sur le récent jugement de la Cour permanente d’arbitrage (CPA) de la Haye.
Celle-ci, saisie par Manille, a jugé que Pékin n’avait pas de « droits historiques » justifiant ses prétentions sur la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, carrefour stratégique où les Philippines, le Vietnam, la Malaisie et Brunei font valoir des revendications rivales.
« J’espère résolument que les parties impliquées respecteront l’arbitrage, et parviendront à une résolution pacifique des disputes en mer de Chine méridionale », a lancé M. Abe, selon Jiji Press.
L’UE intervient
Le verdict de la CPA est une aubaine pour le Japon, qui est lui-même engagé dans un vif différend territorial avec Pékin en mer de Chine orientale.
Tokyo a ainsi activement manoeuvré pour faire de la mer de Chine l’un des thèmes-clés du sommet Europe-Asie, en dépit des farouches objections du gouvernement chinois, qui estimait que c’était « un lieu inapproprié » pour en discuter.
L’Union européenne s’est également invitée dans le débat. « L’UE continuera d’élever la voix pour soutenir l’application du droit international », et « conserve une confiance totale dans les procédures judiciaires de la CPA », a affirmé le président du Conseil européen, Donald Tusk, en clôture du sommet. « Nos discussions (avec les Chinois) sont difficiles, compliquées, mais prometteuses », a-t-il reconnu dans un sourire.
Au cours d’une salve d’entretiens bilatéraux, Shinzo Abe a rencontré en Mongolie son homologue vietnamien, Nguyen Xuan Phuc, et le chef de la diplomatie philippine, Perfecto Yasay.
M. Yasay a accepté de « coopérer étroitement » lors des conférences futures de l’Asean (Association des nations d’Asie du sud-est) pour s’assurer que « toutes les parties respecteront l’arbitrage », a confié à l’AFP le porte-parole du ministère japonais des Affaires étrangères, Yasuhisa Kawamura.
Shinzo Abe a par ailleurs proposé à M. Phuc l’aide du Japon pour renforcer les forces vietnamiennes vouées à faire respecter le droit maritime, a ajouté M. Kawamura.
Enfin, M. Abe avait abordé le sujet directement vendredi lors d’un rare entretien de 30 minutes avec son homologue chinois, Li Keqiang, en profitant pour appeler Pékin à respecter « l’ordre international basé sur le droit », d’après les agences nippones.
M. Li avait rétorqué que le Japon, non impliqué en mer de Chine méridionale, devrait « faire preuve de retenue, cesser d’attiser les braises et d’interférer » sur le sujet, selon l’agence étatique Chine nouvelle.