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La Suisse maintient son engagement contre les peines capitales en déclin

Condamné à mort
Au Japon, Matsumoto Kenji, emprisonné depuis 1993 et condamné à mort en 2000, a développé un trouble paranoïaque qui est très probablement le résultat de sa détention à l'isolement prolongée dans l'attente de son exécution capitale, selon Amnesty International. Amnesty International

A l’occasion de la Journée mondiale contre la peine de mort, le 10 octobre, l’ONG Amnesty International pointe les conditions de détention des prisonniers en attente de leur exécution dans les couloirs de la mort. De son côté, la Suisse rappelle qu’elle «rejette catégoriquement et en toutes circonstances la peine de mort et œuvre pour un monde sans peine capitale.»

Amnesty international a recensé 993 exécutions dans 23 pays en 2017, soit une diminution de 4% par rapport à 2016 et de 39% par rapport à 2015. La plupart des exécutions ont eu lieu en Iran, en Arabie saoudite, en Irak et au Pakistan. «Nous avons sorti la Chine de nos statistiques, faute d’informations fiables. Mais on estime que chaque année, plusieurs milliers de personnes y sont exécutées», déclare Alain Bovard, juriste à la section suisse d’Amnesty International – une ONG fondée à Londres en 1961.

«Il ne faut pas uniquement comparer les résultats d’une année à l’autre, souligne le juriste, mais regarder le long terme. Il y a 40 ans, les pays abolitionnistes ne dépassaient pas la quarantaine. En 2017, ils étaient 142. Et les derniers pays qui appliquent la peine de mort sont souvent les plus irréductibles en la matière.»

Les couloirs de la mort

Mais pourquoi Amnesty a choisi de mettre le doigt sur les terribles conditions de détention des condamnés à mort dans cinq Etats: la Biélorussie, le Ghana, l’Iran, le Japon et la Malaisie?

«Ce sont des pays d’où l’on peut obtenir des données fiables, à part le Belarus qui maintient le secret autour de la peine de mort, mais d’où filtre quand même des informations. Donc on peut parler des pays choisis de manière documentée. Mais il y a bien sûr d’autres pays qui sont concernés, comme la Chine ou le Vietnam, où les conditions ne sont pas meilleures que les pays sélectionnés par Amnesty», répond le juriste suisse.

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Et Alain Bovard d’ajouter: «Plusieurs facteurs ont présidé à ce choix, notamment le fait que l’on peut peut-être avoir une influence sur les autorités de ces pays. Et ce plutôt que de dénoncer les conditions des condamnés à mort en Chine où l’on sait que c’est peine perdue.»

+ La Chine se réforme. Grâce aux pressions internationales ? (2013)

L’engagement de la Suisse

Dans une réponse écrite à swissinfo.ch, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAELien externe) réaffirme l’engagement de Berne et précise les démarches entreprises: «La Suisse aborde régulièrement la question de la peine de mort lors de consultations bilatérales et de dialogue sur les droits de l’homme ainsi que dans le cadre de démarches spécifiques, comme l’exécution de mineurs. Dans certains pays, la Suisse a soutenu des projets et initiatives concrets en faveur de l’abolition. Par exemple, sous le patronage de l’artiste suisse Patrick Chapatte, des expositions d’images de personnes condamnées à mort ont été organisées dans des universités et d’autres lieux importants dans le but de sensibiliser l’opinion publique et les décideurs au problème de la peine de mort aux Etats-Unis.»

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Deux Suisses dans les couloirs de la mort pour témoigner

Ce contenu a été publié sur Genève, quartier des Pâquis. Dans son atelier, Patrick Chappatte peaufine son reportage BD sur les couloirs de la mort que le New York Times mettra en ligne fin avril. Une première pour cette institution du journalisme. «Les couloirs de la mort sont peu connus aux Etats-Unis, raconte Patrick Chappatte. Même si l’exécution capitale fait partie…

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Alain Bovard confirme le reflux des condamnations à mort observé aux Etats-Unis en précisant: «L’application de la peine de mort se concentre dans un petit nombre d’Etats, notamment le Texas. Et dans cet Etat, seuls certains comtés appliquent la peine de mort.»

Initiatives diplomatiques

Paola Ceresetti, porte-parole du DFAELien externe, rappelle dans sa réponse à swissinfo.ch, les actions menées par la diplomatie suisse au niveau multilatéral, en particulier les résolutions déposées au Conseil des droits de l’homme des Nations unies. Et ce, en ajoutant: «En 2016 et 2018, la Suisse a mené campagne en faveur de résolutions de l’Assemblée générale des Nations Unies appelant à un moratoire mondial sur la peine capitale.»

Alain Bovard, lui, espère que cette volonté du DFAE va perdurer, tout en émettant des doutes: «L’abolition de la peine de mort était la grande priorité du conseiller fédéral Didier Burkhalter. Mais je crains qu’elle ne soit plus celle de son successeur, Ignazio Cassis. Est-ce un signe avant-coureur? Ces dernières années, chaque 10 octobre, le DFAE faisait publierLien externe dans les grands quotidiens nationaux de dizaines de pays une déclaration contre la peine de mort. Cette année, cette action de sensibilisation se fait uniquement via les réseaux sociaux.»

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