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Face à la crise, à chacun sa solution

Lundi au Parlement les ministres Doris Leuthard (Economie) et Hans-Rudolf Merz (Finances) ont plaidé pour un plan de relance. Keystone

Presque dix heures de discussions lundi au Conseil national (Chambre basse) pour ficeler un deuxième plan de relance et tenter de limiter les salaires des top managers. Et dans la presse, des commentaires qui oscillent entre satisfaction, déception et scepticisme.

Ce sera donc 710 millions de francs pour cette fois. La séance-fleuve n’a été levée qu’à 22h35, soit trop près du délai de «bouclage» de la plupart des journaux pour que les éditorialistes puissent en commenter les ultimes décisions. La multiplicité des propositions examinées rendait de toute façon l’exercice impossible.

On a donc «palabré, sur un mode que les hommes décrivent volontiers comme typiquement féminin», en essayant de «ressasser la crise jusqu’à l’épuisement», comme l’écrit la Neue Luzerner Zeitung.

Et pour quel résultat? Une grosse déception selon l’éditorialiste du Matin. Déception «à la hauteur des attentes», de voir le Gouvernement présenter un plan qui ne fait rien d’autre que «recycler des investissements qui n’ont pas passé la rampe des budgets de ces dernières années».

Quant aux députés, que le tabloïd romand aurait aimé «voir travailler d’arrache-pied, passer toute une nuit à échafauder des plans», alors que «la crise la plus importante depuis 1929» mérite «un traitement exceptionnel», ils se sont contentés «de réciter leurs vieilles idées».

Point de vue diamétralement opposé dans 24 heures, et La Tribune de Genève, dont l’éditorialiste salue la relative parcimonie d’«un plan de relance qui parie sur l’avenir».

Pour les deux quotidiens lémaniques, «la crise n’aura qu’un temps et on en sortira, le plus vite possible… espérons-le». Or, au moment de régler l’ardoise, la Suisse se félicitera d’avoir des finances saines. Elle a donc «raison de vouloir les épargner». Et de conclure que le pays a effectivement besoin de soins, mais qu’«à forcer la dose, on risquerait de retarder sa convalescence».

Carton jaune à UBS

Autre temps fort de la séance: l’acceptation d’une motion pour limiter les salaires des top managers des banques qui sollicitent l’aide de l’Etat et pour nommer un représentant de la Confédération au conseil d’administration d’UBS pour la durée de l’engagement fédéral.

Adoptée par 104 voix contre 81, cette proposition a bénéficié d’une alliance purement tactique et en principe contre nature entre la gauche et l’UDC (droite nationaliste).

Si le Tages Anzeiger y voit une «porte ouverte à une régulation des marchés financiers», il ajoute d’emblée que dans ce domaine, la Suisse ne peut pas agir seule. Car les acteurs sont des entreprises multinationales, dont une petite partie seulement des activités et du personnel sont en Suisse.

«Mais comme tous les pays ont des problèmes, les chances de pourvoir appliquer des solutions sont bonnes et le gouvernement suisse doit s’engager au plan international, avec des propositions originales», demande le quotidien zurichois.

Faute de quoi, avertit l’éditorialiste, on regrettera à nouveau, comme dans l’affaire du secret bancaire, que le monde ne comprenne pas, ni n’accepte les règles qui prévalent en Suisse.

Peu de chances

S’agissant d’UBS, aujourd’hui, la banque n’existerait plus sans l’argent des contribuables, rappelle le Bund. Mais le quotidien bernois n’est pas sûr que la limitation des salaires soit vraiment dans l’intérêt des contribuables. Car UBS, croit-il, ne pourra garder ses «chefs compétents» uniquement si elle peut leur verser des salaires «au niveau de ceux de la concurrence».

Cela dit, les commentateurs sont quasi unanimes à ne pas donner cher des chances de la motion au Conseil des Etats, la Chambre haute du Parlement, dominée par les partis de la droite bourgeoise.

swissinfo, Marc-André Miserez

Un milliard. Lundi, au terme d’un débat fleuve qui aura duré près de dix heures, la Chambre basse a donné son aval par 156 voix contre 36 au plan de relance gouvernemental. Celui-ci prévoit le financement d’une série de projets pour un total de 710 millions de francs. Avec les dépenses induites au niveau local, l’effet devrait s’élever à environ un milliard.

Les transports se taillent la part du lion. Quelque 250 millions sont destinés à l’infrastructure ferroviaire, alors que 140 millions iront à la suppression de goulets d’étranglement sur les routes nationales.

Les autres secteurs concernés sont la politique régionale (100 mios), l’environnement et l’énergie (90 mios), la recherche appliquée (50 mios), l’assainissement des bâtiments des EPF et d’armasuisse (50 mios.) et l’offre touristique (12 mios).

Ce deuxième paquet conjoncturel vient compléter les 341 millions déjà libérés en novembre dernier. En cas de «récession grave», le gouvernement helvétique a annoncé qu’il lancera un 3e programme de relance. Il fera le point à ce sujet en juin prochain.

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