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Salaires des managers: le pragmatisme des Suisses

Les jeunes socialistes ont mené une campagne très active. Keystone

La presse nationale estime en général qu’en rejetant l’initiative des Jeunes socialistes suisses «pour des salaires équitables», le peuple rejette toute idée d’intervention de l’Etat sur les salaires. Mais le débat sur les inégalités n’est pas clos pour autant.

Avec l’engagement social qui le caractérise, Le Courrier relève que le résultat de l’initiative 1:12 est un «espoir» pour le projet de salaire minimum des syndicats qui sera soumis aux citoyens. Le quotidien genevois choisit de voir le verre à moitié plein. Il estime que, si 34,7% des Suisses ont voté «oui», dimanche, «ils devraient être plus nombreux encore à exiger un salaire qui permette de vivre et non plus seulement de survivre».

Pour Le Matin (Lausanne), si «les Suisses n’ont pas confirmé leur volonté de brider les hauts salaires affirmée en mars dernier par l’approbation de l’initiative Minder , on voit que cela dépend de la manière dont la question est posée».

De même, le Tages-Anzeiger note qu’«un citoyen sur trois dans ce pays plutôt marqué par le libéralisme souhaite pourtant fixer un plafond salarial dans la Constitution fédérale». Le quotidien zurichois estime que «le monde économiques et les citoyens qui combattaient l’initiative ne pourront pas se contenter de balayer les exigences d’une répartition plus juste des salaires» .

«Autogoal» de la gauche

A l’inverse, La Tribune de Genève et 24 Heures lancent qu’il «faut avoir la foi du charbonnier pour voir dans les 34,7% de oui autre chose qu’un désaveu envers les idées de la gauche sur la politique salariale», bref, la Jeunesse socialiste a «infligé un magnifique autogoal à son propre camp. (…) La large victoire de la droite lui offre un avantage imparable à l’heure d’entamer la campagne autrement plus importante du salaire minimum».

Pour Le Temps, c’est «la victoire de la raison». «Au fil des débats, les Suisses ont découvert qu’ils vivaient dans un pays plutôt raisonnable (…), ils n’ont pas voulu introduire un contrôle étatique illusoire et incompatible avec l’esprit d’un Etat libéral.»

«Pragmatisme» des citoyens

La Neue Zürcher Zeitung estime de son côté que les Suisses restent pragmatiques: «le souverain n’est pas complètement immunisé contre le populisme» mais «renonce à se lancer dans des expériences». Fondamentalement, le quotidien zurichois proche de l’économie estime que le scrutin a «montré les limites de la politique et du marketing des initiants.»

«Durant leur campagne, les partis bourgeois ont serré les rangs contre une intervention de l’Etat sur le marché du travail», note la Basler Zeitung. Comme la plupart des commentaires, le journal bâlois pointe le doigt sur le futur scrutin sur le salaire minimum (dont la date n’est pas encore fixée) et estime que «cette alliance devrait se maintenir lorsqu’il s’agira d’un diktat de l’Etat sur le salaire minimum» ou toute autre intervention sur le marché du travail.

La Liberté relève également que «la vigueur du rejet de l’initiative 1:12 (…) gonflera les voiles, cette semaine à la Chambre du Peuple, des opposants à l’initiative de l’Union syndicale pour un salaire minimal à 4000 francs. Une bise froide va perdurer pour les chauds partisans d’un pouvoir étatique étendu aux fiches de paie.».

De son côté, Le Temps relève que «la rudesse de la concurrence économique alarme de larges couches de la population». «Le libre-échange et son corollaire, le principe de libre circulation et de non-discrimination, perdent du terrain. La fermeture partielle des frontières apparaît à beaucoup comme un remède simple, aussi efficace que l’initiative 1:12». Et le quotidien francophone d’annoncer une autre bataille: le combat «contre l’initiative sur l’immigration de masse s’annonce difficile et à très hauts risques dans nos relations avec l’Europe».

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Encore deux fronts ouverts dans la guerre des salaires

Ce contenu a été publié sur En plus d’empêcher des rémunérations jugées excessives, l’initiative 1 : 12 avait aussi pour but d’augmenter les salaires les plus bas. Un objectif qui reste de mise avec une autre initiative populaire intitulée «Pour la protection de salaires équitables». Lancée par l’Union syndicale suisse (USS), celle-ci doit encore être traitée par le Parlement. Elle prévoit l’introduction…

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L’impasse sur la vignette…

Pour la Neue Luzerner Zeitung, le refus du relèvement du prix de la vignette autoroutière à 100 francs par an «est une notable surprise, qu’on ne peut interpréter comme un simple refus d’augmentation fiscale». Le quotidien lucernois estime que la présentation du dossier était «compliquée» et «abstraite».

Pour La Regione, ce refus marque «un lourd temps d’arrêt» pour la politique de la mobilité en «créant de gros problèmes de financement des routes». Le journal italophone relève une «deuxième inconnue» qui menacerait le doublement du tunnel routier du Gothard si important pour le canton du Tessin. «Si les Suisses, là aussi, ne se montrent pas disposés à mettre la main à la bourse, que se passera-t-il?»

Le verdict des urnes ne devrait pas changer grand-chose. C’est l’opinion de La Liberté, qui rappelle que la ministre des Transports Doris Leuthard a «déjà annoncé la couleur: 12 à 15 centimes de hausse de la taxe sur l’essence!» Et de dénoncer «l’opacité du compte routier, vaste entrepôt d’impôts, de taxes de redevances et de financements croisés (qui) nourrit le sentiment qu’en roulant, l’usager de la route se fait rouler».

…et la famille

L’Express/L’Impartial estime que le rejet de l’initiative de la droite conservatrice (UDC) sur la famille (exigeant des déductions fiscales également pour les parents gardant eux-mêmes leurs enfants) est un «un coup de fouet à la politique familiale» et que le vote ne sera pas sans suite. «Electrisés par le large rejet de l’initiative, tant les représentants de la gauche que ceux des partis du centre s’apprêtent à monter au front pour défendre une politique familiale plus offensive. En revanche, l’UDC se montre désarçonnée par le désaveu des électeurs.»

24 Heures / La Tribune de Genève estime au contraire que «l’UDC a mis le pied dans la porte». «Malgré la défaite (…) le parti agrarien a su se profiler, montrer un attachement à des valeurs qui trouvent un écho auprès de la population, toutes générations et classes confondues. Le parti a lancé un débat technique qui a viré au débat de société et passionnée les citoyens.»

Le Corriere del Ticino estime que le texte n’a pas réussi à montrer «la prépondérance de l’incitation des femmes à rester à la maison» mais que le problème du soutien fiscal aux familles avec enfants reste ouvert puisque «la situation est loin d’être satisfaisant».

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