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«Ça ira aussi sans Blocher»

La presse est en général optimiste. swissinfo.ch

La presse suisse manifeste un certain soulagement face à la non-réélection de Christoph Blocher au profit de sa collègue de parti Eveline Widmer-Schlumpf et le passage de l'UDC (droite nationaliste) dans l'opposition.

Plusieurs titres parlent de clarification du jeu politique et de collégialité retrouvée.

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Concordance

Ce contenu a été publié sur Par concordance, on entend la recherche continuelle d’un équilibre ou d’un compromis entre les partis ainsi qu’entre les différentes communautés culturelles, linguistiques, sociales et politiques qui composent la Suisse. L’un des aspects les plus visibles de ce système de concordance est la répartition des sept sièges du gouvernement proportionnellement à la force électorale des partis…

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«Nous sommes conseiller fédéral!» Ce titre de la «Südostschweiz» en dit long de la fierté des Grisons. Si la plupart des titres suisses montrent la photo de la prestation de serment de la nouvelle conseillère fédérale, le «Blick», lui, a choisi un grand portrait d’Eveline Widmer-Schlumpf adoptant la posture de «la femme la plus courageuse de Suisse».

Dans la foulée, «24 Heures» se lance dans la fable du «vieux matou et de la souris grise» qui voit la «coriace» Eveline Widmer-Schlumpf «renvoyer le matou à sa gouttière», entendez: Christoph Blocher, le chat qui a «fini botté, botté en touche».

«L’Express» salue également la «troisième femme du Conseil fédéral» qui fait que «la Suisse n’a plus à rougir en comparaison internationale».

De son côté, la «Basler Zeitung» loue la nouvelle conseillère fédérale et espère que les vainqueurs de mercredi assumeront leur responsabilité, histoire de laisser l’opposition «patauger dans le vide».

«Faut-il avoir peur?»

Mais les commentateurs ne lâchent pas des yeux le camp des «mauvais perdants», selon l’expression de la «Berner Zeitung». «Gare au réveil revanchard», avertit «La Liberté»: «Débarrassé de son devoir de réserve qui ne l’a jamais trop encombré … Christoph Blocher vouera tout son talent et sans doute une part de son argent à jouer sa légitimité populaire contre celle des autorités constituées».

Le quotidien fribourgeois ajoute que «la sortie de scène haineuse du héros» a confirmé qu’il «n’est pas un homme d’Etat», malgré quatre ans passé au sein du collège gouvernemental.

«Faut-il avoir peur?», se demande «Le Matin». «Les représailles seront là, c’est certain. Il y aura un parfum de jungle, de cavalcades sauvages et quelques rires de hyènes. La culture politique va changer», écrit le journal.

Le «Corriere del Ticino» se montre aussi sceptique: «Ce sera plus difficile de gouverner avec un Blocher qui tentera par tous les moyens de tout mettre en l’air».

«Ça ira aussi sans Blocher»

Réponse du «Tages-Anzeiger»: «Ça ira aussi sans Blocher» qui, de toutes façons, «était à la fois membre du gouvernement et (déjà) chef de parti et de l’opposition». Pour le quotidien zurichois, sa «surprenante non-réélection ne modifie pas fondamentalement le paysage politique» et le retrait de l’UDC ouvre une phase transitoire jusqu’à ce que le parti agrarien ne soit plus «centré sur Blocher», et donc prêt à reprendre des responsabilités au niveau national.

Dans le même esprit, le «Bund» rappelle un sondage sur les 7 conseillers fédéraux qui, l’été dernier, plaçait Blocher, malgré les 30% d’électeurs de l’UDC, «au sixième rang, juste devant Pascal Couchepin».

Le quotidien bernois rappelle enfin que, au sein même du parti nationaliste, le camp «des Zurichois» ne fait pas l’unanimité.

Effritement?

La «Neue Zürcher Zeitung» (NZZ) compte sur une meilleure entente au sein du nouveau gouvernement, mais «il n’y a pas encore de garantie». Quant au rôle de l’opposition, il pourrait bien s’effriter à moyen terme, écrit la NZZ.

La «Südostschweiz» n’est pas persuadée non plus que le travail de l’opposition sera à chaque fois ponctué de succès. En revanche, elle anticipe de «rudes combats» lors des futurs débats parlementaires.

Or, sur des thèmes précis, la nouvelle conseillère fédérale ne pourra «plus compter sur la coalition qui l’a élue». Pour le «Bund», qu’il s’agisse d’assurances sociales, du frein aux dépenses, des baisses d’impôts etc, Eveline Widmer-Schlumpf «devra bien aller dans le sens de son parti, si elle veut conserver sa crédibilité», rappelle le quotidien bernois.

Le «jackpot» pour les radicaux

Prudente, la «Luzerner Zeitung» estime que la concordance ne signifie pas la capacité de réunir des majorités. Pour le quotidien lucernois, ces prochains mois seront décisifs. Si le gouvernement réussit à adopter une attitude et une politique qui réponde à «ceux qui ont l’impression d’avoir perdu», alors la concordance triomphera… et «l’opposition n’aura plus de raison de manifester son opposition».

Dans cette affaire, «Le Temps» voit surtout des responsabilités accrues pour le Parti radical (PRD droite), du moins pour la droite libérale, «désormais la seule à pouvoir afficher une identité gouvernementale», que le quotidien «attend au tournant».

Vaincus le 21 octobre, «les radicaux ont touché le jackpot cette semaine», estime «Le Temps», avec la brillante réélection de leur deux conseillers fédéraux, qui plus est président et vice-président de la Confédération.


swissinfo

Mercredi, le Parlement a confirmé 6 des 7 ministres mais n’a pas réélu Christoph Blocher, lui préférant Eveline Widmer-Schlumpf.

Les parlementaires ont sanctionné le tribun UDC pour ne pas s’être montré suffisamment consensuel au cours des ses quatre ans passés au gouvernement.

L’UDC a vivement protesté. Estimant qu’elle ne se sentait désormais plus représentée par ses deux ministres (exclus du groupe parlementaires), elle s’est retirée dans l’opposition.

«Frankfurter Allgemeine»: une «prestation de serment lourde de conséquences» d’une «conseillère fédérale coriace».

Pour «Die Welt», la question est de savoir «qui va s’essouffler et qui pourra dicter à qui une nouvelle forme de concordance».

«Süddeutsche Zeitung» parle de «césure politique». Christoph Blocher «galvanisé par la colère».

Pour «Le Figaro», le choix des parlementaires est une «gifle au trublion» Blocher.

«Le Monde»: «La Suisse traverse une période d’incertitude politique.» «Euphoriques», les adversaires de Blocher étaient «excédés tant par son style politique que par la ligne ouvertement xénophobe de son parti».

«Le Soir» (Belgique): Blocher est maintenant «en guerre contre Berne».

«Financial Times» (éd. européenne): «Le ministre suisse évincé menace de se venger».

«International Herald Tribune»: «La fin de décennies d’un règne consensuel».

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