Calmy-Rey en appelle au pragmatisme européen
Devant les délégués socialistes, la ministre des Affaires étrangères défend une politique européenne «efficace, tournée vers la recherche de solutions».
Ce qui n’a pas empêché le parti à la rose d’adopter massivement sa plate-forme européenne, dont l’objectif est l’adhésion. Autre décision: le PS lancera le référendum contre la loi révisée sur l’asile.
Alors que les instances du PS ont toujours milité pour l’adhésion, Micheline Calmy-Rey plaide pour des relations pragmatiques avec l’Union européenne (UE).
Dans un discours tout en nuances diplomatiques, la ministre admet toutefois que la voie bilatérale n’est pas un compromis satisfaisant. Mais la Suisse arrive tout de même à atteindre des objectifs ambitieux. Elle est un partenaire solide de l’UE. Elle n’a pas à rougir.
Micheline Calmy-Rey invite ensuite ses camarades de parti à analyser toutes les options pour la suite des relations entre Berne et Bruxelles. Et dans cette optique, elle salue la plate-forme européenne que les délégués vont adopter plus tard à la quasi-unanimité.
Ce document de 65 pages représente en fait la première partie de la plate-forme. Il traite des enjeux institutionnels et politiques de l’adhésion.
En l’adoptant, le PS devance le gouvernement, dont le rapport sur les différentes options en matière de politique européenne est attendu l’été prochain. Il entend enrichir et dynamiser le débat pour répondre aux interrogations concrètes de la population.
Ce vote des Socialistes suisses réjouit Günter Verheugen, vice-président de la Commission européenne, venu tout exprès de Bruxelles pour défendre une politique européenne qui fait la part belle à la compétitivité et à l’innovation, mais «qui ne doit laisser personne sur le carreau».
Quelques piques contre Blocher
Autre orateur remarqué et longuement applaudi: le ministre de l’environnement, des transports, des communications et de l’énergie Moritz Leuenberger. Il ne manque pas de lancer quelques piques à son collègue populiste Christoph Blocher, sans jamais le nommer. Mais les allusions sont claires.
«La question de la participation au gouvernement ne se pose véritablement plus aujourd’hui, en tout cas pour notre parti, clame Moritz Leuenberger. Elle s’adresse en fait davantage à ceux qui ont du mépris pour l’Etat, pour le gouvernement et pour ceux qui y travaillent».
«Ce débat concerne ceux qui sont incapables de respecter les décisions du peuple, par exemple en matière de transfert de trafic ou encore la limite du taux d’alcoolémie de 0,5 pour mille acceptée par le parlement», poursuit le ministre, pour la plus grande joie de la salle.
Référendum
Sans surprise, les délégués décident ensuite de lancer le référendum contre la révision de la loi sur l’asile. Les durcissements envisagés sont contraires aux droits de l’homme et incompatibles avec la tradition humanitaire de la Suisse, estiment les Socialistes.
Par contre, l’assemblée refuse, au terme d’un vif débat, de lancer le référendum contre la loi sur les étrangers. Pragmatique, le PS préfère soutenir les initiateurs du référendum, s’il est lancé, et concentrer ses forces sur l’asile.
Swisscom et CFF Cargo
Enfin l’actualité de ces derniers jours fait réagir les Socialistes. Ils s’opposent fermement à la vente annoncée de l’opérateur de télécoms Swisscom, détenu majoritairement par la Confédération.
Comme prévu, le PS combattra toute décision dans ce sens, par voie de référendum s’il le faut. Et il fustige dans la foulée le démantèlement des prestations que vient d’annoncer le service ferroviaire de marchandises CFF Cargo.
swissinfo et les agences
– Les 160 délégués du Parti socialiste suisse ont tenu leur assemblée samedi à Berne.
– A la quasi-unanimité, ils ont adopté la première partie de leur plateforme européenne, qui prône l’adhésion contre la voie bilatérale et en passe en revue les enjeux.
– Le PS a également décidé de lancer le référendum contre la révision de la loi sur l’asile, mais pas contre la loi sur les étrangers, histoire de ne pas se disperser. Dans ce domaine, il soutiendra néanmoins le référendum, s’il est lancé par d’autres milieux.
– Les délégués ont aussi brandi la menace du référendum contre l’éventuelle privatisation de Swisscom.
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