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«Dynamiques et résistants» malgré l’occupation

Mario Carera a quitté le Palais fédéral pour les territoires palestiniens. Le matin

Depuis août, Mario Carera dirige le bureau de la coopération suisse dans les territoires palestiniens, en pleine transition après la mort de Yasser Arafat.

Celui qui fut, à Berne, conseiller personnel de deux ministres, admire le «dynamisme de la société civile» et «la capacité de résistance phénoménale» de ce peuple déchiré.

«Depuis deux à trois ans, il y a une exigence de plus de transparence, plus de démocratie, plus de bonne gouvernance. Et après la mort de Yasser Arafat, les autorités palestiniennes veulent aller de l’avant», explique Mario Carera.

Après avoir été dix ans durant l’éminence grise des ministres Otto Stich, puis Moritz Leuenberger, l’ancien président du Parti socialiste vaudois est donc revenu à ses premières amours: l’engagement en faveur des pays en développement.

Depuis son arrivée, le nouveau chef du bureau de la Direction du développement et de la coopération (DDC) à Gaza et en Cisjordanie a déjà rencontré plusieurs ministres palestiniens, dont celui du travail.

La formation, nécessité vitale

La formation professionnelle des jeunes figure en effet parmi les quatre domaines d’action de la DDC dans les territoires. Et Mario Carera fait du renforcement de ce programme l’une de ses priorités.

«Près de 60% de la population a moins de 20 ans. Le système éducatif est bon jusqu’à l’adolescence. Mais ensuite, les jeunes sont frustrés par le chômage et l’occupation israélienne. Et sans perspective, ils sont tentés de rejoindre des mouvements radicaux», regrette l’homme de la DDC.

Les Palestiniens attendent beaucoup de leur futur président, mais aussi de l’Etat hébreu, malgré le peu de confiance que leur inspire le Premier ministre Ariel Sharon.

«Si Israël et la communauté internationale ne soutiennent pas des gestes concrets pour améliorer la mobilité des gens, ça risque de tourner mal après les élections, tant les frustrations et les attentes de la population palestinienne sont grandes», craint Mario Carera.

Entre dynamisme et blocage

Il se dit surpris par l’organisation et la force de la société civile palestinienne. Mais il y a «un écart entre son dynamisme et le blocage politique», relève Mario Carera. Ainsi, l’administration locale manque cruellement de moyens.

Pour aider à établir la transparence, la Suisse soutient une fondation qui joue un rôle d’«ombudsman». Des médiateurs palestiniens enregistrent les plaintes contre l’administration, les instruisent et informent les gens de leurs droits.

Et Mario Carera espère bien que dès l’année prochaine, une loi vienne reconnaître officiellement le rôle de ces médiateurs.

«Une capacité de résistance phénoménale»

Dans les territoires, la Suisse consacre chaque année 14 millions de francs à l’aide humanitaire, notamment pour les programmes d’éducation et de santé des réfugiés.

Les besoins dans ce domaine n’ont cessé d’augmenter depuis le début de la deuxième Intifada. Le chômage atteint 40 à 45% en moyenne, et bien plus encore à Gaza.

Et la population comble en partie ce choc par ce que Mario Carera nomme «sa capacité de résistance psychologique phénoménale».

Entraves aux déplacements

Les points d’entrée vers Gaza sont bouclés et en moyenne près de 50 chekpoints fonctionnent en Cisjordanie. Le passage à l’intérieur de ce territoire et vers Jérusalem est d’autant plus difficile depuis qu’Israël a commencé à édifier sa fameuse barrière de sécurité.

«Ces problèmes de mobilité freinent la coopération. Nos partenaires ne peuvent pas toujours se déplacer», fait remarquer Mario Carera.

Avec le «Mur», en effet, des centres de santé mobiles (de Médecins du Monde par exemple) se rendent directement auprès de la population. Mais les incursions israéliennes et les barrages peuvent bloquer durant plusieurs jours l’acheminement de l’aide.

Et ces entraves freinent aussi la mobilité professionnelle. Alors qu’ils ont été jusqu’à 150’000, les Palestiniens qui viennent travailler en Israël ne sont plus que 20 à 30’000.

Prisonniers et agriculteurs

La Suisse s’engage par ailleurs pour la réinsertion des détenus palestiniens, un problème social et économique très grave puisque chaque famille palestinienne a ou a eu un détenu en son sein.

Berne est aussi très active dans le domaine de l’environnement. La DDC finance 60% des coûts de fonctionnement de la fondation Arig, une ONG qui cartographie les nouvelles implantations juives en Cisjordanie et initie les paysans au développement durable.

swissinfo et les agences

– La Suisse engage 24 millions de francs par année à Gaza et en Cisjordanie.

– 10 millions servent à soutenir 25 programmes de coopération au développement.

– 14 millions sont consacrés à l’aide humanitaire, notamment pour le financement de programmes d’éducation et de santé des réfugiés.

– Basé à Jérusalem-Est, le bureau de coordination de la DDC emploie huit personnes, dont deux Suisses.

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