Kosovo: exit Behgjet Pacolli, Atifete Jahjaga lui succède
Le parlement kosovar a élu jeudi 8 avril une femme de 36 ans, général de police, Atifete Jahjaga, à la présidence du Kosovo. Il a mis ainsi fin à une crise politique, l'élection présidentielle de son prédécesseur, le milliardaire Behgjet Pacolli, ayant été jugée anticonstitutionnelle.
Il y a une semaine, la Cour constitutionnelle avait déclaré inconstitutionnelle l’élection de Behgjet Pacolli, qui possède également la nationalité suisse, au poste de président, déclenchant une crise politique au Kosovo. Des parlementaires de l’opposition avaient fait valoir que des irrégularités avaient marqué l’élection de Paccoli.
La coalition au pouvoir et la Ligue démocratique du Kosovo (LDK), le principal parti de l’opposition, étaient parvenues mercredi à s’entendre sur la candidature de Madame Jahjaga, qui était encore récemment une inconnue sur la scène politique kosovare.
Atifete Jahjaga, 36 ans, a été élue avec 80 voix des 100 députés présents. L’autre candidate, Suzana Novoberdaliu de l’Alliance pour le Nouveau Kosovo (AKR) de Begjet Pacolli, a obtenu 10 voix. Le Parlement kosovar compte 120 sièges.
Les 16 députés du parti d’opposition Autodétermination ont boycotté le vote, accusant les autorités de s’être précipitées pour l’organiser afin de garder le pouvoir.
Présidence éclair
Le 28 mars, la Cour, saisie par deux des principaux partis de l’opposition, avait déclaré inconstitutionnelle l’élection de M. Pacolli. Elle soulignait qu’aux termes de la Constitution les deux tiers des 120 membres du Parlement, soit 80 députés, auraient dû être présents lors du vote. En fait, seuls 67 étaient présents.
Elle relevait aussi que M. Pacolli était le seul candidat alors que la Constitution prévoit qu’il y ait au moins deux candidats.
Behgjet Pacolli, patron d’une entreprise du bâtiment sise en Suisse et leader de la Nouvelle alliance pour le Kosovo (ARK), avait été élu le 22 février dernier à une faible majorité par le parlement, après plusieurs tours de scrutin boycottés par l’opposition.
Cap sur l’UE
«Jusqu’à hier, je ne songeais même pas à prendre une haute position politique, mais j’étais prête à servir à mon pays», a déclaré la nouvelle présidente kosovare après avoir prêté serment devant les députés.
«L’idéal de tout le Kosovo est l’adhésion à l’Union européenne (UE) et une amitié permanente avec les Etats-Unis. Je suis certaine que nos rêves se réaliseront», a-t-elle ajouté.
La nouvelle présidente kosovare n’est membre d’aucun parti politique, car ses responsabilités au sein de la police le lui interdisaient.
Atifete Jahjaga est la troisième personne à occuper la fonction présidentielle depuis septembre dernier. Elle n’a qu’un an de plus que l’âge minimum de 35 ans pour accéder à la magistrature suprême au Kosovo, qui est indépendant depuis 2008. Elle est en outre la première femme à être élue à la tête de ce pays de deux millions d’habitants.
Ancienne province serbe, le Kosovo a proclamé unilatéralement son indépendance le 17 février 2008.
La population du Kosovo compte près de trois millions de personnes.
Quelque 25’000 personnes environ s’exilent chaque année à l’étranger en raison du fort taux de chômage qui gangrène le pays. Ceux qui ont la chance de travailler (un adulte sur trois) ne gagnent généralement guère plus de 200 euros par mois en moyenne.
Trois ans après son indépendance, le Kosovo est toujours l’une des économies les plus faibles d’Europe et reste très dépendant de l’étranger.
Environ 170’000 Kosovares vivent en Suisse. La Confédération reste le premier choix des candidats à l’exil.
Selon Ueli Leuenberger, proche de la diaspora kosovare en Suisse, cette dernière n’aurait jamais bénéficié du soutien de Behgjet Pacolli.
La principale cause d’émigration vers la Suisse est et reste le regroupement familial.
La Suisse est l’un des principaux bailleurs de fonds du Kosovo.
Depuis 1990, elle a injecté plus de 600 millions de francs pour la stabilité politique, économique et le développement de ce petit Etat des Balkans.
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.