«La neutralité? Une maladie grave»
Le «Lion de Leningrad» est à plusieurs reprises retourné dans sa ville natale de Saint-Pétersbourg. Mais toutes les cicatrices ne sont pas résorbées.
Observateur attentif de la scène politique, Viktor Kortchnoï estime avoir contribué à la perestroïka de Mikhaïl Gorbatchev en 1985.
swissinfo: Viktor Kortchnoï, vous retournez désormais régulièrement en Russie. Que ressentez-vous lorsque vous retrouvez Saint-Pétersbourg (ex-Leningrad), votre ville natale?
V.K.: L’accueil est aujourd’hui excellent. Ils veulent sans doute s’excuser de l’attitude qu’ils ont eue à mon égard jusqu’à ce que je fuie l’URSS.
swissinfo: Vous êtes-vous réconcilié avec l’ex-URSS ?
V.K.: Ce n’est pas moi qui lui ai déclaré la guerre. C’était donc à ses dirigeants de se manifester. En 1978, le Politburo m’a retiré ma nationalité soviétique. En 1991, le dernier président soviétique, Mihhaïl Gorbatchev m’a proposé de la reprendre. Je me suis montré assez diplomate, mais j’ai refusé.
Je reste fier d’avoir, à ma façon, provoqué très tôt le début de la perestroïka. De nombreux intellectuels ou artistes ont fui l’URSS et lorsque je remportais des duels aux échecs contre l’URSS, les gens pouvaient constater qu’il était possible de combattre le régime!
swissinfo: Suivez-vous encore de près la politique?
V.K.: Oui, mais je ne me considère pas comme un expert. Simplement, je dis toujours, quand je parle de la Suisse, que la neutralité peut devenir une grave maladie.
swissinfo: Comment vous définissez-vous aujourd’hui?
V.K.: Avec l’âge, le caractère change. Je pense être moins combatif que par le passé, mais je suis toujours aussi orgueilleux et ambitieux.
swissinfo: Quel souvenir souhaiteriez-vous laisser dans le milieu des échecs?
V.K.: Une fois disparu, j’aimerais bien que les gens disent de moi que je n’étais pas un ange, mais un mauvais type.
swissinfo, interview Jonathan Hirsch
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.