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La Suisse, catalyseur de l’humanitaire

Le président de la conférence Walter Fust, patron de la DDC (au centre), et la cheffe de la diplomatie suisse Micheline Calmy-Rey. Keystone

La plate-forme sur la crise irakienne offerte par la Suisse a mis au jour des lacunes dans les préparatifs humanitaires.

La Suisse veut créer un groupe de liaison humanitaire et un autre chargé des dégâts environnementaux.

Pour le moins, la réunion humanitaire de Genève n’était pas placée sous les meilleurs auspices. Un Etat, les Etats-Unis, qui décline l’invitation helvétique, la jugeant inutile. Un autre, la France, qui participe à titre d’observateur.

Des organisations internationales doutant en coulisse du bien-fondé d’une telle réunion et une pluie de critiques en Suisse même sur la méthode employée par Micheline Calmy-Rey.

Une réalité que reconnaît la ministre suisse des Affaires étrangères: «En effet, cette initiative a soulevé un certain nombre de problème. C’est la première fois qu’on a réuni les pays donateurs, les pays voisins de l’Irak, les ONG, les grandes organisations humanitaires», déclare Micheline Calmy-Rey à swissinfo.

«Seule la Suisse pouvait faire cet exercice, poursuit la ministre, puisque qu’elle n’est pas impliquée dans une discussion stratégique sur la guerre. Ce pays a donc plus de liberté que d’autre dans ce domaine.»

Une tâche ardue

«Mais ça n’a pas été facile, insiste Micheline Calmy-Rey, et je suis certaine que si je n’avais pas annoncé publiquement et préalablement la tenue de cette conférence, elle n’aurait jamais eu lieu».

Les quelque 150 experts, représentants de gouvernements et d’organisations humanitaires ont donc apprécié la rencontre genevoise, selon le président des travaux, Walter Fust, patron de l’agence suisse de coopération (DDC).

Concrètement, les participants ont insisté sur la nécessité d’augmenter le soutien aux pays voisins de l’Irak. Ceux-ci, notamment la Jordanie, ont d’ailleurs lancé un appel de fond ce week-end à Genève.

Mais les participants ont également rappelé aux pays voisins de l’Irak leur obligation de laisser les frontières ouvertes en cas de guerre.

L’argent manque

Walter Fust, lui, a souligné le besoin accru de financement des préparatifs humanitaires. L’ONU lancera d’ailleurs cette semaine un nouvel appel de fonds. Mais jusqu’ici, la réponse à un précédent appel de 37 millions de dollars est très faible.

«Certains pays attendent le déclenchement des hostilités pour verser les fonds promis. Ce qui pose un problème aussi bien pour les humanitaires que pour les pays voisins de l’Irak», souligne Walter Fust.

Le patron de la DDC a donc proposé la création d’un groupe de liaison humanitaire sur l’Irak, sur la base de la participation à cette conférence et sans nuire aux mécanismes existants. La question sera discutée dans les prochaines semaines au vu de l’évolution de la situation.

Toutefois, le représentant à la conférence du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) Balthasar Staehelin a jugé cette proposition prématurée. «Les mécanismes de coordination déjà existants marchent bien et il ne faut pas les multiplier».

Groupe suisse sur l’environnement

Le chef de la délégation suisse Toni Frisch a pour sa part proposé la création immédiate d’un groupe de travail sur l’environnement. M. Frisch a expliqué que dans les cas de l’Afghanistan et du Kosovo, un tel groupe avait été créé après le conflit.

L’idée est de créer, cette fois-ci à l’avance, un groupe d’évaluation sur les conséquences d’un conflit en Irak sur l’environnement, compte tenu de l’importance des dégâts potentiels redoutés.

Des discussions auront lieu dès cette semaine avec le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) pour créer ce groupe, selon Toni Frisch.

Population très vulnérable

L’ensemble des participants sont également tombés d’accord pour insister fermement sur l’urgence de la situation humanitaire. La population irakienne est en effet actuellement bien plus vulnérable que lors de la guerre du Golfe en 1991.

60% d’entre elle dépend directement du programme de l’ONU pétrole contre nourriture, un programme qui serait interrompu en cas de guerre. «Un conflit prolongé pourrait donc mener à une crise humanitaire de très grande ampleur», a affirmé Walter Fust.

«Le Conseil de sécurité, poursuit le patron de la DDC devra donc examiner tôt ou tard une modification de la résolution «pétrole contre nourriture».

Comme l’a souligné Micheline Calmy-Rey dans son discours d’ouverture: «Il est temps que le monde porte son attention sur le sort des populations civiles».

swissinfo, Frédéric Burnand, Genève

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